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François Ruffin, l'ambitieux qui agace Mélenchon et son entourage

Le député de la Somme est l’une des figures qui comptent désormais à gauche, Mais ses ambitions tendent ses relations avec ses camarades insoumis. Le brief politique de Jean-Rémi Baudot.
Article rédigé par franceinfo, Jean-Rémi Baudot
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
François Ruffin et Jean-Luc Mélenchon sur les bancs de l'Assemblée nationale en 2019. (BERTRAND GUAY / AFP)

"Trop, c’est trop…" Voilà ce qu’ont pensé certains membres de la France Insoumise, la semaine dernière, lorsque François Ruffin a été le seul du groupe LFI à voter pour une résolution transpartisane dénonçant le contenu actuel de l'accord de libre-échange avec le Mercosur. Un texte qu’il a même cosigné, provoquant la colère de ses camarades insoumis. 

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Ça n’est pas le seul dossier où le député s’est fait remarquer. Ses récentes hésitations sur la question transgenre sur franceinfo ont aussi choqué. "Ça ne passe pas", glisse une proche de Jean-Luc Mélenchon. L’entourage du leader Insoumis observe le député de la Somme à la loupe, note qu’il esquive parfois des questions sur l’international, la sécurité ou l’immigration. "Quand on est dans un groupe, il faut parfois accepter de porter des positions ou d’être minoritaire", raille un membre du Conseil politique de LFI. 

"La politique, c'est du judo"

Ruffin sous surveillance et pourtant bien placé dans les sondages. En avril dernier, un sondage le plaçait juste derrière Jean-Luc Mélenchon en terme de "potentiel électoral". À l’époque, Mélenchon, bravache, avait tweeté un "François est prêt". Réaction de l’intéressé, le lendemain en petit comité : "la politique, c’est du judo. Il faut voir ce que je peux en faire". 

En coulisses, personne n’est dupe, le message de Mélenchon était un piège. "Jean-Luc veut le tester. Il l’a envoyé dans la fosse aux Lions", sourit une amie de l’ancien candidat à la présidentielle. Dans un parti aussi centralisé que LFI, il n’y a pas de place pour deux. 

Qu’importe : François Ruffin se prépare, il affirme travailler petit à petit les thèmes qu’il ne maîtrise pas assez. Il se structure, il a lancé une levée de fonds pour "changer de division". Mais cette stratégie de loup solitaire renforce un sentiment "anti-Ruffin" chez une partie des inconditionnels melenchonistes.

"Il est parti trop vite et il le sait"

"Il n’est pas aimé en interne, il a raison de passer par l’extérieur" décrypte l’essayiste Matthieu Souquière, fin observateur de la gauche. L’extérieur, prendre l’opinion et la gauche à témoin, changer de ton et de stratégie. François Ruffin s’ouvre vers la NUPES. Il vient de signer un texte sur le "droit aux vacances" avec des socialistes, des écologistes et des communistes. 

De là à devenir la figure qui rassemble la gauche ? L’entourage de Jean-Luc Mélenchon l’attend déjà au tournant : "Il est parti trop vite et il le sait", tacle une proche du leader Insoumis.

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