"Gérer Bayrou", le casse-tête macroniste
Emmanuel Macron ne doit pas seulement rallier à lui de nouveaux députés pour trouver une majorité à l’Assemblée… tout en veillant à ne pas froisser son allié historique, François Bayrou.
“Gérer Bayrou, ce sont deux mots qui ne vont pas ensemble” lâche d'emblée un proche du chef de l’Etat. Deux fois au moins ces derniers jours, le patron du Modem a fait savoir publiquement qu’il n’était pas du tout content. Quand il étrille Elisabeth Borne en plaidant pour un “profil politique” à Matignon. Ou quand il plante par exemple l’inscription du droit à l’avortement dans la Constitution en demandant si c’est bien l’urgence du moment.
Un dirigeant du Modem le dit sans ambages : “C’est la pagaille avec En Marche.” Le fond du sujet, c’est quelle place sera accordée aux centristes dans le nouveau dispositif politique d’Emmanuel Macron. Les centristes n’ont plus qu’un ministre aujourd’hui, Marc Fesneau à l’Agriculture, et ils en souhaitent davantage. Tout comme ils espéraient être mieux représentés au sein des instances de l’Assemblée nationale.
Sauf qu'au Palais Bourbon, rien ne s'est passé comme prévu. Les troupes de François Bayrou gardent la présidence de la commission des Affaires étrangères, ils ont aussi une vice-présidence de l’Assemblée et un poste de secrétaire. Pour le Modem, le compte n’y est pas. “Au regard de notre poids dans la majorité, tonne une élue, il aurait été correct d’avoir de nous laisser au moins une autre présidence de commission.”
"Il menace de s’immoler par le feu à chaque remaniement"
La politique c’est aussi des mathématiques. Donc François Bayrou a sorti sa calculette. En 2017, le Modem pesait 13% de la majorité parce qu’En Marche avait eu beaucoup d’élus. Désormais, ses parlementaires comptent pour 20% de la coalition pro-Macron. Sauf que le chef de l’Etat doit convaincre de nouveaux députés de le rejoindre. Et le Modem craint que cet élargissement se fasse à son détriment, y compris dans le prochain gouvernement. “Je ne sais pas trop de quel côté la tartine va tomber”, confie un centriste.
Autour d'Emmanuel Macron, on rappelle que le Modem n’a "jamais été maltraité", que c’est "une force dans la majorité", qu’il est entendu et perçu comme tel. Plus flatteur, un ministre évoque le “poids politique considérable du Modem”. Un autre assure que “des postes, François Bayrou en aura” parce qu'“on ne peut pas faire sans lui”. "De toute façon, il menace de s’immoler par le feu à chaque remaniement”, commente, lassé, un conseiller de l'exécutif.
La nouvelle équipe gouvernementale ne sera connue a priori que fin juillet. Car est évoqué l'hypothèse de nommer dans un premier temps les remplaçants des ministres battus aux législatives, et de se laisser un mois pour compléter le casting, avec notamment des secrétaires d'Etat. Reste à savoir si François Bayrou peut attendre jusque là.
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