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Manque d'informations, départs en cascade... Les cabinets ministériels ont le "blues"

Quel nouveau cap pour Emmanuel Macron ? Cette question revient au sein des cabinets ministériels où nombre de conseillers avouent ne plus savoir où ils vont. Le brief politique de Jean-Rémi Baudot.
Article rédigé par franceinfo, Jean-Rémi Baudot
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le président français Emmanuel Macron (à droite) à côté de la Première ministre Elisabeth Borne (à gauche), au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 12 décembre 2022. (GONZALO FUENTES / POOL / AFP)

"Preneur des derniers éléments de langages sur les retraites, on n’a pas eu"... Ce court message a été posté le 3 janvier dernier sur une boucle Telegram très fermée des communicants de l’exécutif que franceinfo a pu consulter. L’auteur de ce message n’est pas franchement un stagiaire : c’est le principal conseiller en communication d’Emmanuel Macron. Celui-là même qui devrait être à la manœuvre sur ces fameux "éléments de langage", ces arguments politiques que vous allez entendre sur les plateaux télé. 

>> Réforme des retraites : vers une grande conférence sociale à l'initiative d'Elisabeth Borne ?

Ce message, qui fait ricaner depuis des mois dans les cabinets ministériels, est anecdotique. Mais pour beaucoup, il illustre l’absence de récit politique et de direction au sommet de l’État. "Ça fait un an qu’on se demande où est le message", se désole un membre de cabinet.

Les messages politiques n'infusent pas dans l'opinion

Depuis la réélection d’Emmanuel Macron, nombre de collaborateurs se plaignent de ne pas avoir de narratif pour leurs ministres dans les médias. D’où des cafouillages en pagaille. Les retraites en sont un bon exemple : était-ce une réforme "de justice", une réforme "financière" ou une réforme pour "sauver le système par répartition" ? Ces macronistes convaincus en viennent à douter : est-ce que quelqu’un sait seulement quel est le projet ?

L'exécutif a du mal à vendre ses réformes et le premier à le reconnaître, c’est Emmanuel Macron. Récemment, lors d'un 13h, il confiait que son seul regret sur les retraites était de ne "pas avoir réussi à convaincre sur la nécessité" de la réforme. Et pour cause, l’opinion n’a pas été sensibilisée en amont, le débat n'a pas été posé. 

Même schéma pour l’immigration avec des aller-retours incompréhensibles, sur les industries vertes et la demande de pause réglementaire. Idem sur le projet de loi sur le partage de la valeur qui est un accord sans précédent entre partenaires sociaux. Il sera mercredi 24 mai en Conseil des ministres, mais le sujet n’est pas posé dans l’opinion. 

Les cabinets tournent en rond, les départs s'enchaînent

"On est dans un faux plat, comme tétanisé", s’agace une communicante. Et ça n'est pas uniquement une question de communication : cela pèse sur l’action politique. Le manque de direction, la difficulté de savoir dans quel récit politique s’inscrit l’action, ça bloque tout. Car, en réalité, des annonces sont prêtes. Dans les cartons à Bercy, il y a un plan pour les indépendants qui ne voit pas le jour. À la Santé, il y a un Pacte des Solidarité qui attend depuis septembre dernier. Aucun ministre n’ose plus rien sortir, de peur de tomber au mauvais moment. Ou bien au cas où Matignon ou l’Élysée aimeraient s’emparer des sujets. "On ne sait pas si notre plan sortira dans une semaine ou un mois", confie une conseillère…

Les cabinets tournent donc en rond, avant un possible changement. Conséquences : les départs s’enchaînent. Les profils les plus capés retournent dans le privé. Seuls les ministres qui pèsent le plus se permettent de jouer leur propre partition. Les autres attendent, patiemment, un éventuel remaniement. Le genre de situation qu’on observe, en général, en fin de quinquennat…

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