Menace de motion de censure : quel état d’esprit des leaders de l’opposition ?

Les chefs de groupes parlementaires vont être reçus, à partir de lundi par le Premier ministre, alors que plane la menace de voir le Rassemblement national voter la motion de censure que présentera probablement la gauche.
Article rédigé par Audrey Tison
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Marine Le Pen, députée RN du Pas de Calais, présidente du groupe Rassemblement national à l'Assemblée Nationale est reçue à Matignon  lundi à 8h30 par le Premier ministre,  (photo d'illustration, le 18 juillet 2024.) (OLIVIER CORSAN / MAXPPP)

Michel Barnier joue la survie de son gouvernement sur le budget. Pour éviter une motion de censure, il lance une opération de déminage en rencontrant les chefs des groupes parlementaires d'opposition durant la semaine du lundi 25 au jeudi 28 novembre. Chacun adopte sa stratégie et son état d’esprit, à commencer par Marine Le Pen, reçue lundi matin, qui se montre impatiente.

Jamais, selon son entourage, Michel Barnier ne l’a conviée à Matignon. Marine Le Pen trouve cela "lunaire". Certes, la cheffe des députés RN a reçu des appels téléphoniques courtois du Premier ministre, et certains élus du Rassemblement national ont été reçus à Bercy. Mais, comme le souligne un député RN, "prendre le thé avec un ministre, ce n’est pas faire des négociations parlementaires". Ce même député regrette presque Bruno Le Maire. "Le fait que cet entretien arrive maintenant en dit long...", commente un cadre du parti, qui décrit un Premier ministre aux abois, obligé de négocier avec le RN pour éviter la censure.

Marine Le Pen arrive lundi matin en position de force, avec ses "lignes rouges" : pas touche au porte-monnaie des classes moyennes et populaires. Sa première revendication reste de ne pas augmenter les taxes sur l’électricité. "Une demande pas illégitime", admet une membre du gouvernement, tout en alertant sur le coût de cette mesure. "De toute façon, le RN ne censurera pas sur une question de fond, mais sur de la tactique", estime un ministre.

Mathilde Panot entre en scène lundi aussi 

Déterminée, la cheffe des députés insoumis se rendra à Matignon un peu plus tard dans la journée de lundi pour dire à Michel Barnier qu’un tout autre budget est possible. Mathilde Panot défend un changement de logiciel, bien au-delà de simples "lignes rouges". "Je ne crois pas qu’un compromis puisse être trouvé", glisse-t-elle. Un dialogue de sourds s’annonce. Mathilde Panot considère que "ce gouvernement est illégitime" et s’apprête à voter la censure, quoi qu’il arrive.

Mercredi, Michel Barnier rencontrera les socialistes, un autre groupe dont les votes pourraient éviter une censure. Le chef des députés PS, Boris Vallaud, défend officiellement un budget proche de celui porté par Mathilde Panot. Cependant, son ton diffère. Il parle d’un "esprit de responsabilité". "Michel Barnier a dit être un homme de compromis et de dialogue", rappelle Boris Vallaud.

Ces propos suscitent un certain espoir au sein du gouvernement. "La responsabilité des socialistes est immense", insiste la porte-parole. Dimanche néanmoins, l’entourage de Boris Vallaud a tempéré cet optimisme. "Les portes du dialogue sont ouvertes, mais il faudrait qu’elles le soient très, très largement. On ne va pas acheter nos votes avec des concessions minimales", résume un député socialiste.

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