Pourquoi la présidente de l'Assemblée nationale lance une refonte des traditionnelles questions au gouvernement
Les questions au gouvernement ont fini par lasser. Le passage à une séance unique de deux heures le mardi a vidé la salle. Des députés n'y mettent jamais les pieds "car c'est juste du théâtre", d'autres y font un tour avant d'aller passer des coups de fil à l'extérieur de l'hémicycle. Un élu se désole, alors qu'il y a 28 questions posées ce jour-là, "si on pose la 24e on sait que le sujet aura déjà été largement émoussé avant".
Les ministres ne sont pas emballés non plus. "C'est long et pénible", soupire une ministre. "La deuxième heure plus personne n'écoute", se lamente un de ses collègues, et le pire, dit-il, c'est qu'il y a "trop de bruit pour travailler efficacement sur ses dossiers", histoire de passer le temps. Un président de groupe d'opposition balance : "certains ministres nous envoient des petits mots pendant la séance pour savoir s'il y a encore des questions pour eux et si la réponse est non ils s'en vont !"
Le retour de deux séances par semaine ?
Mercredi 4 octobre, la présidente de l'Assemblée réunit donc les présidents de groupe pour inventer un nouveau fonctionnement. Cela ne sera pas une mince affaire car personne ne trouve le format actuel optimal, mais de là à être d'accord sur une nouvelle formule... Yaël Braun-Pivet a proposé des pistes comme raccourcir la durée des questions ou réduire leur nombre. C'est un non catégorique pour LFI qui refuse toute réduction du temps de parole... ou alors uniquement si c'est la majorité qui se sacrifie ! "Ils ne posent que des questions passe-plats", jugent les insoumis, "des questions qui ne servent à rien", appuie un député LR.
>> Réserve parlementaire : des députés de tous bords veulent le retour du dispositif
Les macronistes risquent de ne pas aimer l'idée de rogner sur leur temps de parole. Sinon LFI et le Rassemblement national prônent le retour à deux séances par semaine, c'était le cas jusqu'en 2019, piste aussi avancée par Yaël Braun-Pivet. "Les autres propositions sont nazes", tranche un proche de Marine Le Pen.
Le problème c'est que le mercredi est consacré aux questions des sénateurs, qui ne voudront jamais rendre ce créneau très prisé car il a lieu après le Conseil des ministres. Bref, la réunion pour trouver une nouvelle formule s'annonce animée. Un ministre, blasé, conclut ainsi : "ils nous prennent pour du gibier et décident entre eux comment ils vont organiser la battue, sans nous demander notre avis".
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