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Pourquoi les traditionnelles "Questions au gouvernement" sont désertées par de plus en plus de députés

Le mardi est le jour de "QAG" à l’Assemblée : un rendez-vous pourtant de plus en plus délaissé par les députés. Le brief politique de Jean-Rémi Baudot.
Article rédigé par franceinfo, Jean-Rémi Baudot
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
L'Assemblée nationale (illustration). (LUDOVIC MARIN / AFP)

"Bonjour à tous, la séance est ouverte. L’ordre du jour appelle les questions au gouvernement..." : telle est la formule consacrée de la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet en ouverture des Questions au gouvernement - ou QAG pour les intimes -, invariablement prévues le mardi à 15h. Au programme : deux heures d’échanges entre les députés et le gouvernement sur la politique et les sujets d’actualité. Sauf que ce rituel démocratique et parlementaire est de plus en plus déserté.

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Officiellement, il n'y a pas de décompte sur les députés présents, mais il suffit de regarder les images. Mardi dernier, à peine une centaine de députés dans l’hémicycle sur 577 : ça fait moins de 20% des troupes. Une tendance qu’on observe depuis plusieurs mois…

"Deux heures c'est trop long, les questions se répètent"

Parmi les raisons, on notera des plannings très chargés ces dernières semaines. Des élus ont du temps à rattraper en circonscription. Oui, mais... il y a peut-être autre chose, moins avouable, qu’un député d’opposition résume ainsi : "C’est devenu très chiant".

Un avis partagé de l’opposition à la majorité y compris par les ministres et jusqu’à la présidence de l’Assemblée qui évidemment le dit avec des mots plus feutrés : "Deux heures, c’est trop long, les sujets tournent en rond et les questions se répètent", confirme l’entourage de la présidente de l’Assemblée. 

Et c’est vrai qu'avec 27 questions et autant de réponses, "La deuxième heure est la plus pénible", soupire un cadre macroniste. Notez toutefois que ça n’a pas toujours été le cas : avant 2019 et une réforme initiée par Richard Ferrand, c’était deux fois une heure, le mardi puis le mercredi. Mais désormais, c'est bien deux heures d’affilée et deux minutes par question avec droit de réponse (ce qui était censé dynamiser les échanges). Au final, ce sont soient des questions trop polies de la majorité, soient des échanges tendus avec l’opposition. L’invective devient la norme, le brouhaha, l’habitude…

Trop de questions uniquement pour le buzz

Alors, quelle solution ? Peut-être revoir à nouveau le format. La présidence de l’Assemblée y réfléchit sans pour le moment avoir la réponse. "On ne va pas repasser sur deux jours", glisse Yaël Braun-Pivet. Le Sénat a désormais lui-même ses "QAG", le mercredi. L’autre option serait de faire retomber la pression chez les députés, comme au gouvernement qui n’est pas exempt de provocations. 

D'ailleurs, observez : la plupart des députés ne postent sur les réseaux sociaux que leur question et que très rarement la réponse du gouvernement. Comme si la réponse importait peu. Comme si seul le cirque politique et le buzz comptait. À croire que les effets d’estrades pour Twitter ont abîmé le dialogue dans l’hémicycle. 

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