Présidentielle 2022 : des nuances à gauche, sur l'ubérisation du monde du travail
L’ubérisation du monde du travail est l’un des sujets communs aux programmes de gauche. Les candidats partagent le même constat, pas les mêmes solutions.
Cela fait partie des particularités de cette présidentielle, sur la question de l’emploi : l’importance prise dans le discours de gauche de cette nouvelle catégorie de travailleurs, les livreurs des plateformes numériques.
Deux candidats les mettent en scène dans leurs clips de campagne. Dans l’une des vidéos de Jean-Luc Mélenchon, Jérémy, livreur à vélo, rappelle la précarité dans laquelle sont plongés les travailleurs qui comme lui souffrent de l’ubérisation. Philippe Poutou, le candidat du Nouveau Parti Anticapitaliste, a lui enregistré une vidéo qui précisément évoque le même thème, et qui sera publiée dans les prochaines heures.
Pourtant, les solutions divergent. Jean-Luc Mélenchon souhaite une requalification du statut de ces travailleurs, et de tous ceux "faussement considérés comme indépendants", dit-il. Lui élu, tout le monde passe en contrat salarié, et donc tout le monde bénéficie des autres mesures de son programme, comme la retraite à 60 ans ou l’augmentation du Smic.
Solutions plus radicales à l'extrême gauche
Philippe Poutou va un peu plus loin. L’objectif reste le salariat, mais le moyen est différent : il supprime tout simplement le statut d’autoentrepreneur sous lequel officient nombre de ces livreurs. "Un statut de l’ancien temps, d’avant la Sécurité sociale", brocarde sa porte-parole Pauline Salingue, où le travailleur n’est pas couvert en cas de problème – maladie, accident – et ne bénéficie pas de congés. Le point intéressant, c’est le parallèle dressé entre télétravail et ubérisation. "Ce qui est commun aux deux, explique Pauline Salingue, c’est la destruction de la capacité à s'organiser ensemble. Quand vous êtes tout seul devant votre ordi, ça amoindrit la capacité de riposter à plusieurs."
Plus étonnant à première vue : Nathalie Arthaud, la candidate des "travailleuses, travailleurs" chers à LO, n’évoque pas le sujet dans son projet. Pourquoi ? Car "je ne cherche pas de solutions dans le cadre de la société capitaliste", répond Nathalie Arthaud. Imparable. Le chemin à suivre pour elle : la lutte sociale, le rapport de force, la révolution, "au-delà, dit-elle, de la multiplication des statuts promises par les uns et les autres."
Dans les propositions originales, celle de Fabien Roussel, qui prône la fin de l’opacité des algorithmes des plateformes. Ces algorithmes régissent l’organisation du travail des livreurs notamment. Le candidat communiste propose que les travailleurs, ainsi que les législateurs, aient un droit de regard sur la gestion de ces algorithmes.
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