Présidentielle 2022 : face au risque d'élimination au premier tour, la droite prépare déjà l'après-Pécresse
Quel avenir pour le groupe Les Républicains à l'Assemblée nationale, au Sénat ou àl a présidence du parti ? Trois dates préoccupent en ce moment les ténors de LR dans l'hypothèse où leur candidate n'accèderait pas au second tour.
C’est peu dire que l’ambiance n’est pas à la fête chez Les Républicains, en ce qui concerne en tout cas la présidentielle. Un élu parisien confiait, mercredi 23 mars, son sentiment : "J’ai l’impression d’être dans le Titanic, mais sans le champagne, ni l’orchestre !" Belle ambiance.
"Ce sera l’hémorragie dès le 10 avril au soir"
Par conséquent, ils sont quelques uns - nombreux, en fait - à se demander ce qu’ils feront au soir du 10 avril, si Valérie Pécresse ne se qualifie pas au second tour. Il y a d’abord les députés dont le mandat est renouvelé lors des législatives des 12 et 19 juin. Une centaine de sièges ont été sauvés par LR il y a cinq ans, malgré l’élimination de François Fillon dès le premier tour. Prédiction plus pessimiste cette fois, livrée par un dirigeant de droite : "Si on se fait à nouveau éliminer au premier tour, avec une candidate à 8%, le groupe ne tiendra pas."
"Ce sera l’hémorragie dès le 10 avril au soir", abonde une parlementaire de droite, qui s’attend à une scission entre ceux qui ne donneront pas de consigne de vote au second tour - ce qu’elle fera - et ceux qui appelleront à voter Emmanuel Macron en espérant ne pas avoir de candidat face à eux aux législatives.
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"Le principe de survie, c’est 2/3 des députés LR qui iront à Macron, 1/3 à Le Pen", pronostique un cadre. Autour du président, on s’attend plutôt à récupérer une cinquantaine de députés.
Dati, Ciotti, Bertrand et Wauquiez en embuscade
Une autre frange de la droite se projette, elle, sur la présidence du parti, car Christian Jacob passera la main en septembre. Deux prétendants sont quasi déclarés pour lui succéder : Rachida Dati et Eric Ciotti. "Rachida a besoin de nouveaux challenges", explique un proche.
Quant à Eric Ciotti, "il est sur un petit nuage en ce moment, décrit un élu qui le connaît bien. En faisant campagne pour Pécresse, il fait surtout campagne pour lui, il tient des meetings, et dit qu’il y a du monde dans ses salles."
Et puis il y a deux hommes que tout le monde surveille du coin de l'œil : Laurent Wauquiez et Xavier Bertrand. Ils ont déjà présidé le parti dans le passé, mais ceux qui leur ont parlé en privé récemment ne les voient pas trop se battre pour reprendre une formation en lambeaux. Cela vaut davantage encore pour un Xavier Bertrand défait lors du congrès, en novembre dernier. "Il voudra s’organiser autrement et ailleurs", explique un ami. Ce qui signifie gérer sa propre boutique.
Gérard Larcher se méfie d'Edouard Philippe
Troisième catégorie : ceux qui jouent l’élection d’après. Celle de 2023 et le renouvellement de la moitié des sièges au Sénat. L'enjeu pour la droite est de garder sa majorité. "Gérard Larcher se bat pour sauver sa présidence", explique un ténor LR. Un combat malgré tous les risques évoqués : celui d'un départ massif de députés vers En Marche, d'un parti prisonnier de ses luttes internes, et un Emmanuel Macron désireux de fracturer ce qu’il reste de la droite en allant débaucher des élus locaux.
Edouard Philippe joue notamment ce rôle, avec son parti Horizons, très ancré sur les territoires. L'ambition est de créer un groupe au Sénat l'an prochain et de troubler le monopole de la droite. Et c’est aussi pour ça que Gérard Larcher durcit son discours en cette campagne présidentielle, en évoquant "l’illégitimité" supposée du futur chef d'État .
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