Réforme des retraites : pourquoi le soutien de la droite n'est pas acquis
Les consultations se poursuivent à Matignon sur la réforme des retraites. Le gouvernement espère le soutien de la droite. Pourtant en coulisses, certains Républicains hésitent, quitte à contredire leurs promesses historiques.
Les retraites, c’est LE dossier de droite par excellence, prôné depuis des décennies au nom de la rigueur budgétaire. À la dernière présidentielle, Valérie Pécresse promettait (sans surprise) de reporter l’âge légal de départ à la retraite. La candidate LR prévoyait même de faire passer cette réforme dans un projet de loi de financement de la Sécurité sociale, une idée très proche de l'actuel projet du gouvernement. On pourrait penser que les planètes s’alignent, que les Républicains ont enfin la possibilité de faire passer leur projet... sauf que beaucoup ont le sentiment d’être pris au piège.
La droite a tellement dit que qu’il fallait faire cette réforme des retraites qu’il lui serait difficile de tourner les talons. Emmanuel Macron le sait bien. Un ministre acquiesce : "Ils ne pourront pas faire marche arrière." Il y a même un scénario où c’est la droite sénatoriale qui pourrait déposer un amendement pour lancer la réforme, évitant ainsi au gouvernement de se mouiller.
Une partie des LR ne veut pas voter la réforme
L’exécutif se frotte peut-être un peu vite les mains, et sous-estime probablement les divisions à droite. Certes, beaucoup appellent à voter une réforme pour ne pas se dédire : "Si on ne vote pas ce texte, on va passer pour des gens qui n’ont aucune conviction", explique un élu. Mais une frange grandissante met en garde. Un député LR s'agace : "Macron veut nous faire endosser la réforme pour ensuite en tirer les bénéfices politiques". Ce même député promet qu'il ne votera pas ce texte.
La droite pourrait donc ne pas voter un texte qu’elle juge nécessaire car tous ne sont pas tous d’accord sur la manière de réformer les retraites.
Le totem à droite, c’est le recul de l’âge légal. 65, 66, 67 ans... Mais nombre de députés LR privilégient désormais plutôt la durée de cotisation. Ce n’est pas la ligne historique du parti mais elle serait plus juste à leurs yeux. "On n’a pas à être prisonniers de ce qui a été promis lors des trois dernières présidentielles", martèle un député de la jeune génération. Parmi ces jeunes députés, on retrouve Aurélien Pradié, l’un des trois principaux candidats pour la présidence de LR. Selon nos informations, il présentera un contre-projet de réforme des retraites d’ici 15 jours.
Le dossier des retraites se retrouve donc au milieu des luttes de pouvoir chez LR. De quoi fragiliser les projets du gouvernement.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.