Transports : les sénateurs vont voter la restriction du droit de grève pendant les vacances, malgré l'opposition du gouvernement
Mardi 9 avril dans l'après-midi au Sénat, le ministre des Transports, Patrice Vergriete, s'opposera, au nom du gouvernement, à la proposition de loi qui vise à sanctuariser 30 jours par an sans grève dans les trains aux heures de pointe, que ce soit pour les départs en vacances, jours fériés, week-ends d'élections ou autres grands événements sportifs.
Un veto gouvernemental qui déplaît au sénateur à l'origine du texte, le patron du groupe centriste Hervé Marseille. Hervé Marseille, qui est aussi président de l'UDI, a beau faire alliance avec la majorité présidentielle pour les élections européennes, il regrette de n'avoir même pas reçu un coup de fil du ministre pour en discuter. Le Sénat, à majorité de droite, ne désarme pas et a bien l'intention de voter cette loi, contre l'avis de l'exécutif.
"La trouille des syndicats juste avant les JO"
Le gouvernement est contre, et pourtant, on avait entendu des ministres qui ne semblaient pas hostiles à l'encadrement du droit de grève. Les sénateurs les avaient bien entendus aussi. Le rapporteur LR du texte, Philippe Tabarot, rappelle ainsi que le Premier ministre avait, certes, défendu le droit de grève, mais aussi parlé du "devoir de travailler". C'était au moment de la dernière grève des contrôleurs SNCF, pendant les vacances de février. D'autres membres du gouvernement avaient aussi jugé qu'il n'était "pas acceptable de prendre en otage les Français pendant leurs vacances", ou plaidé pour un vrai service minimum. Aujourd'hui, des sénateurs accusent donc le gouvernement d'avoir "la trouille des syndicats juste avant les JO". "Rien à voir, se défend le ministère des transports, on pense que ce n'est pas constitutionnel et on ne voit pas pourquoi privilégier les Français qui partent en vacances et pas ceux qui utilisent le train pour aller travailler".
Mais avec l'opposition du gouvernement, la mesure n'a aucune chance d'entrer en vigueur. Les sénateurs seront bloqués. "Le gouvernement se débrouillera à la prochaine grève !", provoque l'un d'eux, tout en espérant qu'à l'Assemblée un groupe ami finisse par reprendre la proposition. "Ça bougera un jour ou l'autre, veut croire un élu, car les Français et les opérateurs de transports n'en peuvent plus". Ce n'est pas écrit, car les sénateurs LR avaient déjà fait adopter un texte proche en 2020, mais qui n'a jamais été repris à l'Assemblée, pas même après Noël 2022 où 200 000 voyageurs avaient été privés de trains. Un conseiller de l'exécutif ironise : "tout le monde a peur des syndicats !"
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