Troisième vague : pourquoi l'exécutif ne panique pas (encore)
Alors qu’une partie de l’Europe se reconfine, la France ne le prévoit pas pour l’instant. Un choix assumé par le gouvernement.
Un argument est répété en boucle par les ministres, tant dans les médias qu’en privé : la France a pris les décisions difficiles plus tôt que les autres. Mi-octobre, un couvre-feu était décrété dans la plupart des métropoles. Dix jours plus tard, le 28 octobre, le chef de l'Etat annonçait un deuxième confinement et la fermeture des bars, des restaurants, des salles de sport, des commerces dits non essentiels et des lieux de culture.
À l’époque, en amont de cette annonce, le Premier ministre Jean Castex avait expliqué aux oppositions, lors d’une réunion, que le président préférait, je cite, "que les mesures fortes soient prises tout de suite plutôt que de décréter un confinement généralisé à Noël."
"Noël est sacré"...
"Noël est sacré, politiquement et psychologiquement. Nous ne pouvions pas assumer de dire aux gens qu’ils ne retrouveraient pas leurs proches", expliquait encore, il y a quelques jours, un poids lourd du gouvernement. Noël et tout ce qui va avec, comme les achats de cadeaux.
Ce week-end a été marqué par les images de foule agglutinée devant les grands magasins. "En maintenant la fermeture des commerces en novembre, on a sauvé l'un de leurs plus gros week-ends de chiffre d’affaires", note un ministre, un peu amer que ce choix ne soit pas davantage salué.
... pas la Saint-Sylvestre
Accusé d'autoritarisme les semaines passées, l’exécutif doit désormais se défendre d'être laxiste. Le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal rappelle que l’assouplissement annoncé au 15 décembre - sur les théâtres, les cinémas, les musées, les salles de sport - n’a pas eu lieu.
À l’exception du soir de Noël, un couvre-feu reste en vigueur en France. Y compris le soir du 31 décembre. Le ministre de l’Intérieur doit d’ailleurs faire des annonces dans les prochains jours sur le dispositif sécuritaire déployé pour la Saint-Sylvestre, pour faire respecter ce couvre-feu.
Pour autant, faut-il s’attendre à une gueule de bois carabinée au lendemain des fêtes ? Autrement dit : à un nouveau confinement si l’épidémie repart à la hausse ? Dans le premier cercle, ils sont plusieurs à assurer que ce sujet n’est pas sur la table.
Clause de revoyure
Autour du chef de l'Etat, on renvoie à la date clé du 7 janvier, "qui s’impose comme une échéance intermédiaire" pour décider ou non de rouvrir les lieux culturels, les stations de ski aussi. Sur quels critères ces décisions seront-elles prises ? La jauge des 5 000 cas détectés par jour semble être toujours de mise. On est bien au-dessus actuellement…
Le gouvernement surveille surtout d’autres indicateurs, comme le nombre de personnes admises en réanimation, ou le nombre d’hospitalisations quotidiennes. Le seuil d’alerte n’est pas atteint sur ces deux indicateurs, ce qui explique que le gouvernement ne panique pas, malgré une situation "fragile, voire précaire", de l’aveu même du ministre de la Santé.
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