Biodiversité : pourquoi le bison, l'éléphant des forêts ou le ver de terre sont essentiels à l'équilibre environnemental

La COP Biodiversité débute lundi à Cali, en Colombie. Pendant dix jours, quelque 200 pays du monde entier vont échanger sur leur stratégie de lutte contre la disparition des espèces. Le constat est clair : la biodiversité est en déclin.
Article rédigé par Boris Hallier
Radio France
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Des bisons en Belgique, en juillet 2020 (JEAN-MARC QUINET / MAXPPP)

La Colombie accueille à partir de lundi 21 octobre la 16e édition de la COP sur la biodiversité, avec l'ambition de stimuler la mise en œuvre d'objectifs de sauvegarde de la nature d'ici 2030. Parmi ces objectifs : la préservation et la réintroduction d'espèces disparues ou menacées.

Le bison d'Europe, par exemple. Il avait disparu à l'état sauvage il y a près d'un siècle, victime de la chasse, de la pression démographique et du déboisement. Mais depuis les années 50, il fait l'objet de programmes de réintroduction, qui "ont démarré par des individus captifs, avec une phase de réacclimatation à l'environnement naturel qui peut durer parfois des décennies. L'idée, c'est de laisser vivre !", explique François Sarrazin, professeur d'écologie, spécialiste de la conservation au Muséum d'Histoire naturelle de Paris.    

Des milliers de bisons présents dans l'est de l'Europe

"Laisser vivre", c'est ce que l'on appelle le réensauvagement. Et cela fonctionne : près de 7 000 bisons sont désormais présents à l'état sauvage dans l'est de l'Europe, de la Pologne à l'Ukraine en passant par la Biélorussie et même chez nos voisins suisses.  

Les forêts dans lesquelles les bisons évoluent en profitent également : "De plus en plus d'éléments convergents montrent que ce type d'animaux a des effets positifs, souligne François Sarrazin. Par le déplacement de graines, les plantes qui sont consommées et rejetées plus loin, par le fait qu'ils piétinent les sols, par le fait qu'ils vont consommer certaines plantes et donc laisser de la place à d'autres plantes qu'ils ne consomment pas..."

Ces espèces sauvages permettent également aux forêts de stocker davantage de CO2. C'est ce qu'ont prouvé des scientifiques l'année dernière. Ils ont listé neuf espèces qui jouent en quelque sorte le rôle de paysagiste, et qui contribuent à faciliter la capture du carbone. Parmi elles : l'éléphant des forêts, le bœuf musqué, et évidemment le bison. 

Le ver de terre, "ingénieur du sol" 

Beaucoup plus discret que le bison, et régulièrement oublié des débats sur la biodiversité : le lombric. "Quand on parle de biodiversité, on pense aux mammifères : le gorille, l'éléphant, le loup... Mais toute la faune qui vit dans le sol était exclue jusqu'ici, affirme Christophe Gatineau, un agronome qui vit en pleine nature près de Limoges et qui vient de créer la Ligue de Défense des vers de terre. Souvent, les gens disent que le ver de terre 'c'est moche'. Mais un ver de terre c'est presque majestueux, en fait ! Il se déplace presque comme une couleuvre." 

L'agronome Christophe Gatineau, défenseur des vers de terre près de Limoges (Haute-Vienne). Octobre 2024 (BORIS HALLIER / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Christophe Gatineau cultive ses poireaux, ses carottes ou ses tomates avec le plus grand soin, et lui est bien conscient du travail que les vers de terre fournissent tous les jours sous nos pieds : "Le ver va avaler de la terre ou de la matière organique, et la mélanger aux argiles, comme on pétrit la pâte à pain. C'est le seul à pouvoir faire ça. Et en même temps il va avoir un impact sur la porosité du sol, avec une meilleure rétention de l'eau, une meilleure infiltration..."

"L'oxygène va pouvoir, grâce à lui, pénétrer dans le sol. Donc avoir des vers de terre dans son sol, cela veut dire que le sol est vivant."

Christophe Gatineau, agronome

à franceinfo

Les vers de terre sont aussi une source d'alimentation pour d'autres espèces, le rouge-gorge par exemple, qui raffole des lombrics. Mais comme de nombreuses autres espèces, les vers sont eux aussi menacés. Appauvrissement des sols, techniques de labour trop invasives : ces invertébrés font face à toutes sortes de pressions, notamment l'utilisation des pesticides. "Une application de glyphosate à la dose recommandée ne va pas tuer les vers de terre, précise Céline Pelosi, directrice de recherche à l'INRAE à Avignon. Par contre, l'utilisation répétée de doses de glyphosate peut conduire à des effets sur l'activité, la reproduction, la croissance... et donc, in fine, diminuer la capacité à terme des populations de vers de terre à se maintenir."

Lors de la dernière COP biodoversité il y a deux ans, les Etats s'étaient engagés à réduire de moitié d'ici 2030 les risques liés aux pesticides.

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