Covid-19 : Israël, pays modèle de la vaccination mais toujours confiné
Le pays est montré en exemple pour sa campagne de vaccination contre le Covid-19. Mais, le virus continue de circuler en Israël qui en est à son troisième confinement depuis mars.
Israël est le champion du monde de la vaccination contre le Covid-19 mais aussi des confinements puisque ce pays de 9 millions d’habitants en est à son troisième depuis le début de l'épidémie. Les hôtels, restaurants, cafés, cinémas, musées sont fermés. Interdiction aussi d'aller à plus d'un kilomètre de chez soi, de recevoir ou d'aller chez des gens. Les écoles ont fermé, rouvert, puis refermé, il y a eu beaucoup de débats sur cette question. On télétravaille au maximum, toute personne arrivant de l'étranger est placée en quatorzaine chez elle.
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Ce confinement devrait durer au moins jusqu'au 30 janvier, selon le ministre de la Santé. Pour Hervé Bercovier, professeur de micro-biologie à l'université hébraïque de Jérusalem, la situation est encore difficile. "Nous avons plus de 9 000 cas par jour, une quarantaine de morts journalier et cela va encore augmenter dans les huit prochains jours, explique-t-il. Les gens étaient fatigués de ces mesures, économiquement et psychologiquement. Là, il faut faire un effort. Les gens ont l’impression que si on fait un effort encore quinze jours à trois semaines, on risque de passer le cap, et ne plus avoir de confinement." Le confinement est respecté dans le pays, cela se voit et cela s'entend avec beaucoup moins de voitures qui passent dans les rues.
20% de la population vaccinée
Pour passer le cap, Israël a lancé une campagne de vaccination impressionnante grâce à un système de santé décentralisé et agile. On a commencé par les plus de 70 ans et les professions exposées puis on est descendu en âge. En 24 jours, plus de 20% des Israéliens, deux millions de personnes, ont été vaccinés comme David : "J'ai 51 ans. Aujourd’hui, ils ont dit dans le journal que tout le monde au-delà de 50 ans peut se faire vacciner, et j'ai eu un rendez-vous dans les deux heures. Je suis excité, pas inquiet !"
Dans le centre de vaccination installé dans le hall immense du centre des congrès de Jérusalem, on pique de 8 heures à 22 heures. Idith Wolf, infirmière en chef, est très fière : "Je pense qu'on a un très bon système de santé publique en général. On a constitué les équipes très vite. On a reçu tous les équipements en deux ou trois jours. On a travaillé non-stop et on veut aider tout le monde." L'infirmière hésite, puis poursuit : "On doit toujours être prêt à une attaque terroriste et tous nos services d'urgences sont toujours prêts. On s'entraîne tout le temps."
La vaccination est pilotée par les koupot holim, les quatre caisses des malades héritées du système socialiste des premières années d'Israël. Il n'y a pas une sécurité sociale unique comme en France mais vous devez adhérer obligatoirement à l'une de ces caisses financées par les cotisations salariales et patronales. Les caisses disposent de dispensaires de proximité partout dans ce petit pays. Leur maillage est très dense et elles connaissent très bien leurs patients grâce au dossier médical numérique. "Tout se passe dans les ordinateurs de chaque caisse mais c'est centralisé par le ministère de la Santé qui sait exactement ce qui se passe, raconte Gail, infirmière en charge de l'administration. On convoque par SMS et WhatsApp, on a une application, et aussi on appelle les gens au téléphone. On en est déjà à la deuxième dose et on attend du ministère le passeport vert qui dira que vous avez eu deux doses."
Une mobilisation exceptionnelle
Selon le ministère israélien de la Santé, 14 jours après après reçu la première dose, le risque d'infection de la personne vaccinée diminue de 50%. Pour le professeur Bercovier, cette mobilisation exceptionnelle est typique de la société israélienne : "Quand il s’agit de faire des choses à long terme, on n’est pas très bon. Mais quand il s’agit de projet spécifique, la société israélienne se relève très bonne. Ici les choses sont très simple, cela a été considéré comme une vaccination d’urgence. On demande aux gens s’ils sont d’accord oralement et on les vaccine."
"Le mouvement anti-vaccin en Israël est assez important. Heureusement, pour cette épidémie le ministre de la Santé et de la Justice ont demandé à Facebook et aux différentes plateformes de fermer les sites des groupes anti-vaccin."
Hervé Bercovierà franceinfo
Reste le coût financier de cette campagne de vaccination. Dès le mois de novembre Benyamin Nétanyahou a négocié avec Pfizer qui voyait en Israël une excellente vitrine. Selon la chaîne 13, Israël a payé ses doses 40% plus chères qu'aux États-Unis, 262 millions d'euros au total selon les calculs de la radio publique pour qui ça reste rentable car cela équivaut aux pertes économiques de deux jours de confinement !
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