Eurovision 2023 : reportage auprès des fans français qui, à une semaine du concours, veulent croire à un triomphe après 46 ans de défaite
À une semaine du concours de l'Eurovision, c'est l'effervescence dans le salon de l'appartement de Vincent. C'est un jour d'enregistrement pour le podcast "12 points", dédié au concours, qu'il anime avec ses amis Quentin et Thomas. "On rentre dans la semaine sainte", exulte ce dernier.
Quand on parle des clichés qui collent à la peau du concours, ce qui ressort tout de suite pour Quentin : "C'est ringard, c'est kitsch, ça chante mal... Ce qui, pour être honnête, n'est pas faux dans l'absolu." Vincent abonde : "C'est aussi pour ça qu'on aime l'Eurovision. C'est parce qu'il y a aussi ce côté-là. La Moldavie avec les femmes Scorpion et le nain flûtiste, c'est kitsch. Moi, je suis fasciné aussi par ce truc qui est quand même un concert live devant des millions de gens." Les audiences de l'Eurovision avoisinent en effet chaque année 200 millions de téléspectateurs.
"C'est aussi une caisse de résonance pour certains pays dont on n'entend pas parler pendant un an. Ce sont aussi des enjeux politiques et linguistiques."
Vincent, du podcast "12 points"à franceinfo
"Je suis d'une éducation Erasmus"
Preuve de cette politisation du concours, la victoire écrasante de l'Ukraine l'an dernier : "Il y a eu un vote de compassion pour les Ukrainiens. Cette année, je pense que rebelote, il y aura de nouveau une sorte de vote de compassion. C'est des chansons à la place d'obus."
Une politisation qui n'est pas récente pour Thomas : "Je pense que c'est la volonté première du programme qui est né après-guerre et qui voulait justement faire en sorte que les peuples puissent partager leur culture. Je suis d'une éducation Erasmus. J'ai envie de croire à ce que justement l'Europe puisse être belle parce qu'on a la fierté de pouvoir être différent et de malgré tout continuer à partager le plaisir d'être ensemble."
Après l'enregistrement du podcast, direction le Marais à Paris, où les "eurofans" organisent une fête. C'est ainsi que se surnoment les passionnés du concours. Stéphane Chiffre est le président de l’OGAE France (Organisation Générale des Amateurs de l’Eurovision), qui compte plus de 500 membres en France, des milliers dans toute l’Europe. Pour lui, cette année la France a toute ses chances.
La Zarra, "c'est la francophonie"
"Cela fait 46 ans que la France n'a pas gagné l'Eurovision, c'est la bonne", veut croire Stéphane, tee-shirt à l'effigie de La Zarra, la représentante de la France cette année, sur les épaules. Avis partagé par cet autre fan : "Elle a un charisme. Visuellement, il y a une marque La Zarra. Même si elle est canadienne, je trouve qu'elle personnifie vraiment l'image que l'on se fait de la France à l'étranger. C'est la francophonie."
Dans cette fête, Kissy, une drag queen, reprend la chanson de la représentante de la France, photo d'elle accrochée au décolleté. "Oui, La Zarra va ramener la coupe à la maison", dit plus loin Kevin, 28 ans. "En 2024, on aura les Jeux Olympiques, on aura l'Eurovision. France Télévisions, il va falloir mettre la main au portefeuille parce qu'on va faire le doublé et on va gagner l'Eurovision."
Ici, La Zarra fait vraiment l'unanimité, par sa voix, mais pas uniquement pour Yvette Leglaire : "J'aime beaucoup La Zarra, donc elle est belle son chapeau, sa tenue. Et la chanson est très belle et elle chante divinement bien." Reste à savoir si la chanteuse réussira à convaincre les juges du concours. Résultat samedi prochain.
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