Cet article date de plus de deux ans.

Guerre en Ukraine : "C'est terrible, mais on commence à s'y habituer", confient des habitants de Kiev

Après plusieurs nuits chaotiques et un couvre-feu strict durant le week-end, la capitale ukrainienne se réveille encerclée, mais toujours libre. Sur place, franceinfo a rencontré des habitants qui résistent avec acharnement au cinquième jour de l'invasion russe.

Article rédigé par franceinfo, Valentin Dunate - Arthur Gerbault
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Un soldat ukrainien du côté ouest de Kiev le 26 février 2022. (DANIEL LEAL / AFP)

L'armée ukrainienne a affirmé dans un communiqué, lundi 18 février, que Moscou avait "ralenti le rythme de l'offensive" au cinquième jour de son invasion du pays. Quelques minutes auparavant, l'armée ukrainienne a affirmé sur sa page Facebook que la situation est "sous contrôle" à Kiev, la capitale. "L'ennemi a continué à essayer de percer les défenses de Kiev. Des colonnes de troupes russes ont tenté à plusieurs reprises de prendre d'assaut la périphérie de la capitale", peut-on lire dans le message posté lundi matin par le colonel-général Oleksandr Syrskyi. Il affirme que "toutes les tentatives des forces d'occupation russes pour atteindre l'objectif ont échoué", précisant que des colonnes d'équipements russes ont été détruites et que les Russes ont "subi d'importantes pertes de personnel."

>> Guerre en Ukraine : suivez l'évolution de la situation dans notre direct 

Dans les rues, le silence assourdissant de la capitale ukrainienne de près de trois millions d'habitants est entrecoupé nuit et jour par deux sons. Le premier, ce sont les tirs d'artillerie, les lance-roquettes multiples, les missiles. L'autre son qui rythme les journées à Kiev : celui des sirènes anti-aériennes de la ville. Là encore, difficile de dormir dans ces conditions. 

La fierté a remplacé la peur

"En fait, je découvre que l’être humain s’adapte à tout : aux sirènes, aux explosions aux tirs. C’est terrible à dire mais on commence à s’y habituer, confie Anna, 29 ans. Mais au fond de mon cœur, je souhaite que les soldats russes retournent chez eux et que l’on retrouve une vie normale et heureuse."Et Anna s'y habitue tellement à ces sons qu’elle associe désormais des mouvements de meubles, des claquements de porte aux explosions. La violence est, en fait, quasi-continue.

Pourtant, le pays n'est pas plongé dans la peur. Passée la stupéfaction, les Ukrainiens se sont mis à l'action. Le ton est plus belliqueux. Anna, par exemple, montre une vidéo où l'on voit un soldat russe arrêté par ses amis qui l'obligent à dire "Gloire à l’Ukraine". Et ce type de contenu dans une guerre "3.0" remobilise les troupes.

"Je suis extrêmement fière de l’armée ukrainienne, de notre président, de nos soldats et de tous les volontaires qui se révoltent."

Anna

à franceinfo

"La première journée, oui, j’avais peur. Le deuxième jour, j’étais en panique. Mais depuis samedi, en voyant à quel point on arrive à se défendre, ça me remonte le moral. Même les employés de l’hôtel qui n’avaient jamais touché une arme ont rejoint les rangs de l’armée. C’est énorme, cette cohésion je la trouve magnifique", assure la jeune femme.

"Je pense que l'entourage de Poutine est un peu moins fou que lui"

Reste un problème majeur : il manque de tout ici, à commencer par la nourriture, l'eau, l'essence. Les habitants vivent terrés dans des abris. "On peut tenir une semaine comme ça mais après, il n’y aura rien. Il faudra bien qu’on fasse des provisions ! On ne peut pas rester chacun chez soi ou terrer dans les sous-sols pendant des mois", explique Gakik, le chef du restaurant de l'hôtel. Avant de lâcher : "Mais je resterai ici, ça fait 30 ans que j’habite ici, vous voulez que j’aille où ?"

Si des milliers de personnes ont quitté la ville, ceux qui restent sont déterminés et comme l'indique un haut responsable du Pentagone, l'armée russe est en effet actuellement confrontée à une résistance "créative" de la population. Mais les dernières menaces brandies par Vladimir Poutine, avec la mise en alerte de  la force de dissuasion nucléaire, inquiètent.

"Bien sûr que l’arme nucléaire nous effraie, souffle Alexey, ancien policier qui gère la sécurité de l'hôtel. Mais je pense que l’entourage de Poutine qui a aussi une influence sur cette décision ne lui donnera pas cette possibilité. Je pense que ces personnes sont un peu moins folle que lui". Alexey regarde en permanence son téléphone : lui aussi aime ces images de soldats russes humiliés ou tués. C'est la guerre et il pense l'emporter : "Je pense que, une ou deux journées maximums, et après ça sera la fin !" espère-t-il.

Les pourparlers directs entre l'Ukraine et la Russie doivent commencer le lundi 28 février dans la matinée, a annoncé l'un des représentants du président ukrainien. Les délégations russe et ukrainienne vont se retrouver à la frontière entre l'Ukraine et la Biélorussie, sur la rivière Pripiat, non loin de la centrale nucléaire de Tchernobyl. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.