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La chirurgie esthétique ne s'est jamais aussi bien portée que pendant le Covid-19

Depuis le début de la crise sanitaire et avec les confinements, les salles d'attente des cabinets de chirurgie esthétique débordent, notamment pour de la médecine esthétique.

Article rédigé par franceinfo - Boris Loumagne
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Depuis un an, ce sont surtout les petites interventions comme les injections d'acide hyaluronique ou les opérations au laser qui sont en plein essor. (SYLVIE CAMBON / MAXPPP)

Lifting, injection de botox, rhinoplastie, la chirurgie esthétique est en plein essor ces derniers mois, surtout les petites interventions : injection d'acide hyaluronique ou un coup de laser. Depuis la sortie du premier confinement, "c'est de la folie", confie un médecin. Ça l'est moins pour la chirurgie : beaucoup de liposuccion, d'augmentation mammaire ont été déprogrammées l'an dernier, même si aujourd'hui, cela repart progressivement.

Cacher les cicatrices sous le masque

Marianne a 30 ans. Elle a rendez-vous dans deux semaines avec un chirurgien pour une injection au niveau des lèvres, mais pas que : "L'idée, ce serait de retoucher légèrement le nez et d'en profiter pour peut-être retravailler le menton tant qu'on y est, explique cette employée dans le secteur des cosmétiques. Quelque chose d'assez léger."

Une crise sanitaire mondiale. Le moment idéal pour changer de visage."Je me suis dit qu'avec le masque qu'on porte tout le temps, si je voulais faire une opération et qu'on ne le remarque pas trop, c'était le moment de passer le cap et de faire cette opération." La trentenaire craint des "petites cicatrices après l'intervention, ou en tout cas au début, quand on ne peut pas avoir le résultat définitif au bout de deux jours, il y a un temps où ça gonfle, etc. Et le masque permet de cacher ça.*

Marianne n'est pas la seule à avoir eu l'idée. Ces derniers mois, les demandes d'interventions chirurgicales sur le bas du visage se multiplient. Car il n'y a pas que le masque qui a provoqué cette prise de conscience chez certaines personnes de vouloir changer leur apparence. Il y a aussi... les multiples réunions en visioconférence. "C'est comme si vous aviez devant vous un miroir pendant que vous êtes en train de travailler, explique Philippe Azoulay, médecin esthétique à Paris depuis 20 ans. Le fait de se regarder dans le miroir qui est la caméra de votre ordinateur portable ou votre téléphone peut être un peu difficile. Et des choses qui vous étaient étrangères avant, pour le coup, sautent aux yeux, peuvent engendrer un mal-être et nécessiter l'action d'un médecin."

Un argent épargné à dépenser

Autre facteur qui a permis l'accroissement des rendez-vous pour de la médecine esthétique, l'épargne collectée pendant les confinements. "À partir du moment où vous n'allez plus au restaurant, ni cinéma, ni au théâtre, voire vous ne voyagez plus ou nettement moins, a fortiori sur un plan comptable vous avez plus de trésorerie, avance Philippe Azoulay. Donc vous pouvez dépenser différemment." 

La médecine esthétique a donc profité de l'épidémie. Mais plus globalement, c'est le regard sur cette activité qui a évolué ces dernières années. Se faire un lifting est de moins en moins tabou. "Moi avant je n'en parlais pas dans mon travail, mais maintenant j'ai affaire à des gens qui ont la petite quarantaine, qui n'ont rien fait, mais je leur ai dit, déclare Nadine, la cinquantaine, qui a recours à des injections de botox depuis huit ans. Et c'est sympa, on en parle comme ça. Avant je n'osais pas du tout."

les adolescents demandeurs

La chirurgie esthétique s'est banalisée. Surtout chez les plus jeunes, y compris pendant la pandémie, à tel point que les médecins racontent qu'ils sont obligés de refuser des interventions à des adolescents. "Le culte de l'apparence devient une tyrannie depuis quelques années, c'est de pire en pire, remarque la psychanalyste Catherine Grangeard. Ça tient à plein de choses dont les réseaux sociaux qui misent beaucoup sur l'image. Tout ça fait qu'on va accorder de l'importance à des détails, qui pour la personne deviennent essentiels." 

La psychanalyste y voit une sorte de "glissement entre ce qui pourrait être aléatoire et non important à quelque chose qui prend la tête des gens." Une obstination qui pourtant devient synonyme de libération. Les patientes rencontrées se sentaient en effet plus épanouies après leur intervention.

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