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Manifestation contre la réforme des retraites : une journée en immersion avec les bénévoles du service d'ordre

Lors de chaque journée de mobilisation, comme celle de samedi, des centaines de bénévoles sécurisent les cortèges. Le choix de franceinfo vous fait vivre une journée avec le service d'ordre de l'union syndicale "Solidaires".
Article rédigé par Valentin Dunate
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Lors de  la manifestation contre la réforme des retraites à Paris le 7 février 2023. (FRED DUGIT / MAXPPP)

Samedi 11 février, les syndicats appellent à nouveau à une large mobilisation contre le projet de réforme des retraites du gouvernement. Comme les 19 et 31 janvier, ou encore le 7 février dernier, ils attendent beaucoup de monde dans les rues. Que les choses se passent bien, c'est la mission du service d'ordre de l'union syndicale "Solidaires".

>> Manifestation contre la réforme des retraites : comment le maintien de l'ordre est-il assuré dans les cortèges ?

Aurélien coordonne le dispositif. Comme tous les autres, il n'est pas du tout un pro de la sécurité : il est professeur en lycée professionnel. "Il y aura des camarades qui sont peut-être aide-soignante, guichetier à la SNCF, enseignant aussi", explique-t-il.

"Non seulement on ne prend pas les plus costauds et surtout on ne prend pas les plus énervés. C'est bien l'idée que n'importe qui peut le faire."

Aurélien, coordinateur du service d'ordre

à franceinfo

Ils sont une quarantaine au service d'ordre, le SO, de "Solidaires". Ils ont des brassards roses, un casque, des lunettes et du sérum physiologique au cas où la situation dégénère. Parmi eux, il y a quelques débutants comme Louise, âgée de 22 ans. "Le but, c'est que le cortège puisse passer en toute tranquillité et qu'il n'y ait pas de gens qui empêchent l'avancée du cortège", explique la jeune femme.

Éviter les trous et les infiltrations

L'une des missions de ces bénévoles est de faire en sorte que le cortège soit compact, d'éviter les trous, pour éviter notamment des intrusions de véhicules. "S'il y a un groupe qui peut aller à la rue de Garamond, à l'avant droit du cortège, il y a des deux-roues qui arrivent", demande au talkie-walkie le coordinateur du SO. "Notre politique, c'est qu'un deux-roues peut traverser à pied en ayant coupé le contact. L'idée, ce n'est pas d'emmerder les gens mais d'éviter les accidents."

L'autre objectif des SO, c'est évidemment de repérer les casseurs. "On veille à ce que tout se passe bien, qu'on ne soit pas infiltré dans nos cortèges", indique Ophélie, 46 ans, secrétaire nationale de l'union syndicale Solidaires. Des infiltrations qui concernent notamment les Black Blocs.

"Ça se repère assez facilement, et puis les comportements ne sont pas les mêmes que nous, qui sommes totalement pacifistes."

Ophélie, secrétaire nationale de Solidaires

à franceinfo

Depuis le début du mouvement contre la réforme des retraites, il y a très peu d'incidents à signaler. Les syndicats observent d'ailleurs un "changement de doctrine policière" qui favorise le travail de leur service d'ordre. Pour l'instant, tout s'est bien passé. Il faut dire que les policiers sont invisibles. J'ai marché au moins quatre heures avec le cortège sans voir un seul policier. Un vrai changement qu'a noté Emmanuel, autre bénévole, qui travaille à la répression des fraudes : "C'est un plus, ça évite à certains excités d'aller les chercher. D'un côté comme de l'autre d'ailleurs parce que côté police, il y a aussi certains excités quand même."

"Un enjeu que ça se passe bien"

Mardi 7 février à Paris, la dernière manifestation en date a duré quatre heures dans la bonne humeur avec beaucoup de chants et de fraternité. Pas un souci jusqu'à l'arrivée vers 18h30 place de la Bastille qui est toujours le moment le plus compliqué avant la dispersion. "Les SO, ça charge !", lancent des membres du service d'ordre. Une fin de manifestation tendue qui est "classique" pour Emmanuel : "Des 'heurts en fin de manifestation', ce sont des termes journalistiques parce qu'en vrai, quand on se prend la charge, c'est autre chose que des heurts."

Cette manifestation s'est globalement très bien passée. Et cela peut avoir un impact sur la suite du mouvement. "Il y a aussi l'enjeu que ça se passe bien. En vérité, ça veut dire aussi que dans les médias, on débat de la réforme et pas du nombre de vitrines cassées ou autres. Donc ça concentre aussi l'attention sur les bons sujets, et dès qu'on parle du fond de la réforme, on voit que le gouvernement est en difficulté. Donc nous, on préfère que ça parle de ça, c'est sûr." L'objectif pour ces volontaires du service d'ordre est de protéger, de sécuriser ce qu'il y a de plus important pour eux : les militants et leurs revendications.

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