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Reportage
"C'est inhumain de diviser les gens" : avant la présidentielle américaine, la Caroline du Nord se déchire autour des conséquences de l'ouragan Helen
La Caroline du Nord, dans le sud-est des États-Unis, est un État meurtri par l’ouragan Helen, qui a fait plus de 200 morts le mois dernier. Une catastrophe naturelle devenue très politique ces dernières semaines, depuis que Donald Trump a décidé d’en faire un argument de campagne. À Swannanoa, non loin d’Asheville, au cœur des Appalaches, sur les tas de gravats, des pancartes Trump sont plantées fièrement.
Un mois après l'ouragan, les tractopelles et les volontaires se débattent encore avec les débris. Swannanoa est défigurée comme si le vent avait tout balayé, comme si la rivière avait englouti le centre-ville. Quand elle s’est retirée, elle a laissé la boue, les maisons à terre, les voitures, les camions couchés sur le côté et les commerces détruits.
"La plupart des gens ici, s'ils avaient un doute sur leur vote, vont voter Trump"
David a 67 ans, son épicerie a été ravagée par l’ouragan et comme beaucoup d'habitants de la ville, il est très critique envers la FEMA (l'Agence fédérale de gestion des situations d'urgence). Selon lui, il n’a reçu que 750 dollars d’aides de la part de cette agence. David n’épargne pas non plus la vice-présidente Kamala Harris, "qui n’a jamais mis un pied ici". Mais Kamala Harris a rencontré des élus locaux et des volontaires au début du mois à Charlotte. David ne retient pourtant qu’une chose, Donald Trump lui, est venu, et il a déjà voté pour lui.
Le candidat républicain était présent à Swannanoa le 21 octobre pour une conférence de presse, pour dire son soutien aux habitants et raviver la polémique sur la FEMA en alimentant la défiance. "C’est honteux ce qu’a fait la FEMA ! Ils ont dépensé beaucoup d’argent pour faire venir des migrants illégaux et ils n’ont plus d’argent pour les gens d’ici. La FEMA fait du mauvais travail", avait-il dit aux habitants de la région. L’agence a démenti à plusieurs reprises, et le gouverneur démocrate de Caroline du Nord n’a cessé de répéter que la FEMA était présente depuis le début.
Mais dans les rues de Swannanoa, les récits sont différents. Yves, 56 ans, est Français et cuisinier, installé dans la ville depuis 12 ans. Avec des volontaires, ils distribuent des centaines de repas par jour. "Il y a quelque chose qui est apparu immédiatement, c'est cette identité des montagnes, des gens qui sont très solidaires et qui ne comptent pas sur le gouvernement depuis qu'ils sont installés ici. Ils ont attendu le gouvernement, qui s'est pointé 4-5 jours après. Cela a contribué à alimenter la suspicion et la colère. La plupart des gens ici, s'ils avaient un doute sur leur vote, évidemment vont voter Trump."
"Donald Trump me donne la nausée"
Il y a aussi ces habitants qui rejettent toute forme de récupération, comme Katy, à Asheville, traumatisée par ce qu’elle a vécu. Cette femme de 66 ans était en forêt quand l’ouragan a frappé. Elle se souvient des arbres qui se couchaient dans tous les coins, mais surtout des coupures d’électricité, d’eau et de téléphone portable. Elle était coupée du monde. Katy a perdu un couple d’amis à Swannanoa, emporté par une coulée de boue, qui se tenait encore la main quand leurs corps ont été retrouvés.
"Nous ne sommes pas au zoo, nous ne sommes pas au cirque ! Mon cœur est brisé. Nous sommes des êtres humains qui aiment leurs voisins, qu’ils soient démocrates, républicains ou indépendants."
Katy, habitante d'Ashevilleà franceinfo
Katy est en colère quand elle entend Donald Trump faire de la récupération. "Donald Trump me donne la nausée. Il est venu, s’est mis derrière le micro et il a fait son truc sur la FEMA, et il est parti. C’est horrible. C’est inhumain de diviser les gens qui tentent de reprendre leur vie en se serrant les coudes. Il s’en fiche de nous ! Ce n'est pas important pour lui. Et moi, j'ai voté pour quelqu’un qui se soucie de nous."
L'émotion des habitants ne fait pas oublier l’élection. Devant les bureaux de vote dans la région d’Asheville, les files d’attente s'allongent. À Black Mountain, Jake Quinn organise le scrutin dans le comté. À cause de l’ouragan, certains bureaux de vote sont fermés, car touchés par les inondations. La participation est en recul, par rapport à 2020 pour l’instant, mais elle progresse jour après jour.
Jake Quinn reste optimiste et pense même que la participation sera meilleure que prévue. "Les gens savent à quel point cette élection est importante en Caroline du Nord et pour le pays. La survie priorité numéro 1, voter priorité numéro 2". Et dans cet État-clé, où Donald Trump et Kamala Harris sont aux coudes à coudes, chaque voix compte.
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