Accord de sécurité signé entre l'Ukraine et l'UE : que contiennent les accords bilatéraux déjà signés avec l'Allemagne, la Suède ou les pays baltes ?

L’Union européenne et l’Ukraine ont conclu jeudi un accord de sécurité. Un pas décisif pour assurer une aide durable à l'Ukraine, qui a déjà signé 17 accords de sécurité bilatéraux similaires, notamment avec les États-Unis, le Japon, et de nombreux pays européens.
Article rédigé par Sébastien Baer - Carlotta Morteo, Marielle Vitureau
Radio France
Publié
Temps de lecture : 7min
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (à gauche) avec le président du Conseil européen Charles Michel, lors du sommet visant à signer un accord de sécurité UE-Ukraine, à Bruxelles le 27 juin 2024. (BENOIT DOPPAGNE / BELGA)

Une étape vers la "paix et la prospérité", se réjouit Volodymyr Zelenski à Bruxelles, alors qu'il vient de signer, jeudi 27 juin, un accord de sécurité avec l’Union européenne. Ce pacte, qui stipule que l'UE va fournir une aide durable à l’Ukraine, survient deux jours après le lancement des négociations pour l'adhésion de l'Ukraine à l’Union des 27.

Depuis le début de la guerre, 17 accords bilatéraux ont été déjà signés - avec notamment les États-Unis, la France, l’Allemagne, la Suède, la Grande-Bretagne ou le Japon. Mais alors que les troupes russes ont lancé une offensive dans la région de Kharkiv et tentent de s'emparer depuis six semaines de la ville de Vovtchansk dans le nord-est du pays, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, pour qui le soutien occidental est essentiel, cherche à pérenniser cette aide.

Jusque-là, le premier soutien derrière les États-Unis a été l'Allemagne. Si les pays nordiques se sont alignés dans une stratégie de défense en signant tous également des accords bilatéraux avec Kiev, les pays baltes montrent un front également uni, avec les accords tout récemment signés par la Lituanie et l'Estonie.

L’Allemagne engagée à soutenir l'Ukraine au-delà de la guerre

Le chancelier allemand et le président ukrainien ont cosigné un accord le 16 février à Berlin, conclu pour 10 ans et qualifié "d'historique" par Olaf Scholtz. Ce document de 13 pages prévoit une aide "aussi longtemps que nécessaire". Le premier volet porte sur le soutien militaire : l’Allemagne promet de fournir des armes et des munitions dans la durée, avec des équipements modernes en matière de défense aérienne et d’artillerie. Depuis le début de la guerre, Berlin a déjà fourni 28 milliards d’euros d’aide militaire à l’Ukraine, ce qui fait de l’Allemagne le deuxième plus important contributeur après les États-Unis. L’Allemagne s’engage aussi à former des soldats ukrainiens et à apporter l’aide nécessaire pour le déminage. Le texte prévoit aussi la sécurisation des infrastructures énergétiques, souvent prises pour cibles par la Russie.

Un volet de cet accord porte aussi sur la période de l’après-guerre. Pas question de lâcher l’Ukraine quand un cessez-le-feu aura été conclu. L’Allemagne s'engage à soutenir l'Ukraine dans sa reconstruction et tout au long de son processus d’adhésion à l’Union européenne. Elle doit aider le pays à se doter d’une armée moderne, capable de repousser une future offensive russe. L’accord prévoit qu’en cas de nouvelle attaque de Moscou, Berlin et Kiev se consulteront en urgence, dans les 24 heures, pour déterminer la réponse à apporter.

L’Allemagne souhaite aussi enquêter sur les crimes de guerre commis par les troupes russes et contraindre Moscou à des réparations. Les actifs russes gelés depuis le début du conflit pourraient être utilisés pour remédier aux dommages de la guerre. En contrepartie des promesses allemandes, l’Ukraine s’est engagée à poursuivre ses réformes judiciaires et à renforcer la lutte contre la corruption et le blanchiment d’argent.

Les pays nordiques alignés pour que l'Ukraine l'emporte absolument

La Suède aussi a signé, fin mai, un accord bilatéral de sécurité avec l’Ukraine. Le pays est un soutien de Kiev de la première heure, tout comme ses voisins danois, norvégiens et finlandais. Stockholm s'est engagé à fournir de l’aide militaire pendant au moins 10 ans, "aussi longtemps qu’il le faudra" pour qu’elle retrouve ses frontières de 1991. Neuf milliards d’euros d’aide militaire ont déjà été débloqués pour subvenir aux besoins jusqu'en 2026 : des avions de reconnaissance, des chars, des petits bateaux de combat font partie du paquet. Comme l'Allemagne, la Suède participe aussi à la formation des soldats ukrainiens et à la maintenance des systèmes d’armement. Et l’accord indique qu’à plus long terme, la Suède s’engage, conformément au droit international, à poursuivre les responsables russes qui auraient commis des crimes de guerre, ainsi qu’à accompagner l’Ukraine dans la reconstruction et les réformes nécessaires, en vue d’une adhésion à l’Otan et à l’Union Européenne.

Ainsi la Suède, le Danemark, la Norvège, la Finlande et l’Islande sont alignés après avoir signé peu ou prou le même genre de texte. Assurément, les cinq pays nordiques considèrent la menace russe comme la principale source d’insécurité régionale, et ont élaboré la même stratégie vis-à-vis de l’Ukraine : il faut que Kiev gagne absolument, autrement la Russie continuera son expansion impérialiste, testera la solidité de l’OTAN dans leur voisinage, en attaquant les pays baltes par exemple. Ce scénario ferait basculer toute la zone nordique dans un conflit actif. C’est cette crainte qui guide aujourd’hui les pays du Nord dans leur infaillible soutien à l’Ukraine.

Les pays baltes défendent désormais une adhésion de l'Ukraine à l'Otan

La Lituanie et l'Estonie viennent de signer leur accord de sécurité avec l’Ukraine, alors que La Lettonie l'avait fait dès le mois d'avril. La Lettonie, qui a mis sur pied avec le Royaume-Uni la coalition des drones, dans le but de fournir un million de drones à l’Ukraine en 2024. Pour l’Estonie et la Lituanie, il s’agit surtout de formaliser un soutien sans faille à l’Ukraine depuis plus de deux ans.

Les pays baltes font en effet déjà beaucoup pour l’Ukraine et ce soutien a même commencé avant le déclenchement de la guerre le 24 février 2022. Quelques semaines avant, la Lituanie envoyait déjà des munitions et de drones à l’Ukraine. Dans la région, le soutien à l’Ukraine est aussi un soutien politique. L’ouverture des négociations pour l’adhésion à l’Union européenne a été unanimement saluée dans les trois pays. Les députés se démènent pour obtenir des garanties d’adhésion à l’Otan pour Kiev lors du sommet début juillet à Washington.

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