Après l'attaque israélienne sur le consulat iranien de Damas, la Jordanie et l'Irak attendent des réponses fortes de la part du régime islamique
Lundi 1er avril, une frappe israélienne visant la section consulaire de l'ambassade d'Iran à Damas en Syrie, a fait 13 morts. Deux généraux de la Force al-Qods, l'unité d'élite du corps des Gardiens de la révolution islamique en Iran sont parmi les victimes. Le président iranien, Ebrahim Raïssi, a averti que "ce crime lâche ne restera pas sans réponses". L'Irak a d'ailleurs menacé de reprendre les attaques contre les bases américaines présentent en Irak, tandis que la Jordanie espère que la réponse iranienne à Israël sera forte.
Les attaques aériennes israéliennes contre la Syrie ne sont pas nouvelles. Depuis le 7-Octobre, les avions israéliens ont mené plus de 10 attaques en Syrie, visant soit des dirigeants des Gardiens de la révolution iraniens, soit des intérêts iraniens. Au total, 40 frappes aériennes sur la Syrie ont été menées par Israël durant cette période-là. Mais ce qui est frappant dans la récente attaque israélienne, c'est qu'elle a visé le bâtiment du consulat iranien à Damas, un lieu qui bénéficie donc de l'immunité diplomatique, mais surtout, elle a coûté la vie à sept personnalités des Gardiens de la révolution iranienne.
La Jordanie prévoit une réponse iranienne forte
L’attaque a attisé les tensions déjà existantes entre Israël et l’Iran, surtout après que ce dernier s’est engagé à réagir. De son côté, en Jordanie, l’ex-général des services de renseignement jordaniens, Omar al-Raddad, espère que la réponse iranienne à Israël sera forte et sur plusieurs fronts. "Nous assisterons à une escalade qui dépasse les limites des règles d’engagement dans la région de la part des milices en Syrie et certainement du Hezbollah, en plus de l’action du groupe Houthi sous la direction des dirigeants iraniens", explique-t-il.
D'autre part, les pays arabes et islamiques, dont le Qatar, les Émirats arabes unis, le sultanat d'Oman, la Jordanie, l'Irak, l'Égypte et le Pakistan, ont condamné l'attaque contre le consulat iranien, la considérant comme une violation de la Charte des Nations unies et du droit international.
Israël a beaucoup ciblé la Syrie ces derniers temps, car c'est l'un des pôles de ce qu'on appelle l'Axe de la Résistance. En effet, Israël et ses intérêts ont été pris pour cible par le Hezbollah au Liban et par les milices armées affiliées à l’Axe de la Résistance en Syrie, en Irak et au Yémen également.
En Irak, des milices menacent les bases américaines
L'Irak est sous influence totale de l'Iran puisque les milices de Téhéran contrôlent le territoire irakien. Ces groupes armés ont d'ailleurs rapidement réagi à la frappe israélienne. Elles menacent de reprendre les attaques sur les bases américaines présentes en Irak pour lutter contre l'État Islamique. Au début de la guerre de Gaza, un groupe de milices, nommé Résistance Islamique en Irak, attaquait presque quotidiennement ces bases américaines. Ces frappes ont été stoppées net début février, après une réplique américaine majeure sur ces groupes.
La frappe israélienne sur Damas risque d'être un prétexte pour que ces attaques reprennent. Cependant, au-delà de ces milices, c'est bien l'Iran qui pourrait frapper directement. Le terrain est d'ailleurs tout choisi, le nord du Kurdistan irakien, allié des Américains. Selon le directeur du centre français de recherche sur l'Irak, Adel Bakawan, une attaque dans les prochains jours est à prévoir. "L'utilisation de missiles balistiques intelligents sur Erbil, la capitale du Kurdistan irakien, est le scénario le plus envisageable de la part des dirigeants de la République islamique d'Iran", indique-t-il.
De telles frappes ne seraient pas une première, puisque début janvier 2024, 11 missiles balistiques iraniens ont visé Erbil, faisant quatre victimes parmi les civils et 17 blessés.
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