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Au Canada et au Sénégal, les gigantesques projets d'exploitation gaziers et pétroliers en mer menacent les écosystèmes

Tous les jours, le club des correspondants décrit comment un même fait d'actualité s'illustre dans deux pays.
Article rédigé par franceinfo - Thea Ollivier, Justine Leblond
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6 min
Illustration d'un navire flottant de production, de stockage et de déchargement de Bay du Nord, fournie par l'entreprise Equinor chargée d'exploite ce projet de gisement controversé. 14 mars 2022 (AFP PHOTO / HANDOUT / EQUINOR)

Au Canada, le gouvernement vient d’autoriser un appel d’offres pour de nouveaux permis d’exploration pétrolière au large de la côte nord-est. Plus de 120 000 km2 de milieu marin seraient couverts par des gisements pétroliers. Dans la même région le mégaprojet pétrolier “Bay Nord” pourrait générer lui plusieurs dizaines de millions de tonnes de gaz à effet de serre sur une zone où la pêche de fond est interdite.

>>> Climat : le Canada approuve un grand projet pétrolier offshore controversé

D’après le gouvernement canadien, ces projets de forages pétroliers ne vont pas à l’encontre de la "lutte contre le réchauffement climatique" menée par le pays. La communauté scientifique n'est pas de cet avis et ne comprend pas que le gouvernement se soit engagé à protéger 30% des aires marines d’ici à 2030 en interdisant la pêche tout en autorisant, à l'inverse, l'exploitation de pétrole et son impact sur l'environnement. 

Au Sénégal le plus grand projet gazier offshore va commencer à la fin de l'année

Dans l’océan Atlantique à la frontière entre le Sénégal et la Mauritanie, le projet offshore dit "Grande Tortue Ahmeyim" (GTA) devrait commencer à exploiter principalement du gaz naturel liquéfié et un peu de pétrole à la fin 2023. Ce projet devrait produire deux millions et demi de tonnes de gaz naturel liquéfié par an à partir du dernier trimestre 2023 et 100 000 barils de pétrole par jour avec des recettes estimées à 1,350 milliard d’euros entre 2023 et 2025.

>>> L'immense champ gazier du GTA place le Sénégal et la Mauritanie parmi les grands producteurs africains de gaz

La fin des imports de gaz russe en Europe est une promesse de profits aux yeux des Sénégalais, notamment grâce à de moindres coûts d'acheminement, quatre à cinq jours contre plus de douze jours depuis les États-Unis ou le Canada. Plusieurs pays ont déjà manifesté leur intérêt comme l’Allemagne, l’Italie, la Pologne, le Portugal ou la République tchèque avec des prix parfois trois fois supérieurs à ceux espérés à l’origine. Emplois, électrification, industrialisation, investissement dans l’éducation ou la santé. Les attentes des populations sont alors grandes avec l’installation de ces futures industries fossiles polluantes.

À 120 km au large de la ville de Saint-Louis au nord du Sénégal, le projet GTA se situera un des plus grands récifs coralliens au monde où circulent des requins, des baleines et des tortues. Or cette ville est très dépendante de la pêche artisanale. Les infrastructures offshore réduisent la zone de pêche. Les pêcheurs demandent donc une contrepartie financière.

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