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Aux États-Unis, en Thaïlande et en Nouvelle-Zélande, quelle reprise du tourisme en pleine pandémie ?

Alors que l'été 2021 marque le retour des vacances à l'étranger, des pays réfléchissent à un tourisme plus vert et responsable à long terme. 

Article rédigé par franceinfo - Loïg Loury, Carol Izoux, Grégory Plesse
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6min
Des touristes locaux profitent de l'absence de voyageurs étrangers sur une plage des îles Ko Hong, en Thaïlande, en novembre 2020. (MLADEN ANTONOV / AFP)

Comment faire repartir le secteur touristique en cet été 2021, toujours marqué par la pandémie ? Aux Etats-Unis, en Thaïlande et en Nouvelle-Zélande, l'arrêt brutal du tourisme de masse en 2020 a donné l'occasion de débats et de réflexions sur le nombre et le type de voyageurs que chacun souhaite accueillir à l'avenir. Mais la priorité, aux États-Unis comme dans les îles océaniques, est au retour des touristes, le plus tôt possible. 

En Floride, le retour contesté des croisiéristes

Aux États-Unis, l'épidémie a agi comme un électrochoc, notamment dans les Keys, un archipel tropical rattaché à la Floride. En 2020, ses habitants ont tenté de limiter le nombre de paquebots qui y font escale. Cela rappelle le cas de Venise, en Italie.

A Key West, 25 000 habitants, la station balnéaire de cet archipel, 1 200 000 croisiéristes ont débarqué en 2019 ! Souvent sur de gigantesques navires qui abîment la barrière de corail, l'un des trésors des Keys. Après quelques mois sans touristes, au printemps 2020, la population locale a saisi l'occasion et voté lors d'un référendum pour limiter le nombre de touristes quotidiens, et interdire les bateaux les plus gros et les plus polluants. 

Les habitants ont noté que le marasme économique promis à l'archipel par l'industrie de la croisière en cas de ralentissements n'a pas eu lieu. Mais depuis, l'économie a redémarré et les paquebots vont revenir accoster dans les Keys. Le gouverneur de Floride, étoile montante du parti républicain, a signé une loi qui annule le référendum local et interdit toute initiative imposant de telles limites au tourisme maritime. 

D'autres indicateurs montrent un retour au tourisme pré-pandémie. La fréquentation des vols intérieurs aux Etats-Unis est quasiment revenu à la normale et le secteur espère des records sur les vols internationaux. La compagnie United Airlines vient aussi d'acheter 270 appareils. C'est la plus grosse commande de son histoire. 

En Thaïlande, objectif moins de touristes

La Thaïlande recevait 40 millions de touristes par an avant la pandémie. Le pays a complètement fermé ses frontières depuis 15 mois. Cette décision a entraîné une crise économique majeure dans les zones touristiques, mais aussi une respiration pour l'écosystème et l'occasion d'une prise de conscience

Les tortues reviennent pondre sur la plage de Phuket, et des espèces de poissons qui avaient disparu des côtes depuis des décennies réapparaissent, ce qui fait réfléchir les Thaïlandais. Les militants pour l'environnement tentent de s'engouffrer dans la brèche ouverte par la pandémie pour protéger certaines zones, limiter le nombre de bateaux. 

Mais la prise de conscience n'est pas seulement écologique. Elle est aussi économique, voire culturelle. Une réflexion a débuté sur la dépendance trop grande envers le tourisme international. Les Thaïlandais commencent à se réapproprier certains lieux, comme des temples, des plages, des quartiers, confisqués par le tourisme de masse. Il y a une forme de fierté nationale, que l'on retrouve dans les discours politiques, à se reposer davantage sur le marché thaïlandais. 

Le pays veut recevoir moins de touristes et des touristes différents, "de qualité", qui dépensent plus d'argent en moins de temps. La Thaïlande a bâti son succès sur les voyageurs à petit budget, et sur le tourisme de la fête, le divertissement nocturne, avec parfois, la prostitution. Beaucoup de Thaïlandais n'en veulent plus. Les quartiers rouges ont été vidés de leurs habitants depuis 2020. Et dans le sud du pays, les locaux s'affrontent pour savoir s'il faut reprendre, au nom du redémarrage économique, les fêtes de la pleine lune qui rassemblent des milliers de fêtards sur la plage. 

À Auckland, priorité au sauvetage du secteur

En Nouvelle-Zélande, les frontières sont fermées au reste du monde depuis le début de la pandémie. Le pays a profité de cette pause forcée pour réfléchir à une autre forme de tourisme, plus éco-responsable. Dans un rapport préliminaire, un groupe de travail gouvernemental émet des recommandations en ce sens. Il suggère, entre autres, d'avoir pour objectif de devenir la destination touristique au bilan carbone le plus neutre du monde.

Pour y arriver, il propose d'investir dans des carburants propres pour l'aviation mais aussi dans les voitures électriques, et de planter des arbres pour compenser les émissions émises par les touristes. Il est aussi proposé de supprimer les pics saisonniers, en étalant l'arrivée des touristes sur toute l'année, ainsi qu'intégrer la communauté maorie dans cette industrie (elle représente 15% de la population), et de mieux mettre en valeur sa culture et son patrimoine. 

Mais le groupe de travail, auteur du rapport, a été dissous par le ministère du Tourisme, justifiant que la pandémie de Covid-19 durait plus longtemps que prévu et que l'urgence, pour l'instant, était de venir en aide à un secteur touristique très mal en point. Le sauver avant de le transformer

Toutes les recommandations n'ont cependant pas été jetées aux oubliettes. Le ministre du Tourisme, Stuart Nash, veut créer un genre de taxe hôtelière pour ceux qui pratiquent le camping sauvage, très courant en Nouvelle-Zélande. 

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