Coup d’envoi de la saison des carnavals au Brésil et en Italie

Le carnaval de Venise a débuté dimanche, alors que plusieurs villes brésiliennes se préparent pour les festivités. Nos correspondants nous racontent ces traditions.
Article rédigé par franceinfo, Bruno Duvic - Jean-Mathieu Albertini
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Le rat, symbole traditionnel, en tête de la parade d'ouverture du Carnaval de Venise, le 28 janvier 2024. (GABRIEL BOUYS / AFP)

Au Brésil, le carnaval est plus qu'une institution et 2024 ne déroge pas à la règle. Attendu toute l'année, c'est un événement aussi bien festif que vital pour certaines villes. Si celui de Rio de Janeiro est le plus connu, d'immenses carnavals existent ailleurs dans le Brésil et ils sont essentiels pour l'économie des villes organisatrices.

Le carnaval de Venise, lui, a commencé dimanche dans la cité lacustre. Quelque 50 000 personnes ont participé à la première journée. Les festivités, qui auraient leur origine autour de l'an 1 000, se prolongeront jusqu'au 13 février, jour de Mardi gras. Et les touristes peuvent encore accéder à la ville sans payer de billets.

Brésil : une tradition et des retombées économiques

Le carnaval est un élément central de la culture brésilienne. Pour s’entraîner, les protagonistes défilent déjà depuis décembre dans les rues de Rio de Janeiro, de Salvador et dans celles des villes voisines de Recife et d'Olinda. Dans ces deux villes du nord-est du pays, la samba sonne un peu différemment. On préfère le maracatu, qui rend la samba plus grave et légèrement dissonante, et surtout le frevo, musique au rythme beaucoup plus rapide, et comportant des cuivres, comme le trombone ou la trompette.

Chaque ville défend son carnaval avec ses particularités, mais Olinda revendique le carnaval le plus démocratique et le plus culturel, comme l'assure Maria : "Démocratique et participatif, c'est le vrai carnaval de 'rue' du Brésil. Il a servi d'inspiration aux carnavals de Rio de Janeiro et de Salvador. Il n'y a pas d'espace VIP ou payant, les gens se divertissent dans la rue, tout est gratuit, c'est le meilleur du Brésil !" Au milieu des excès divers, le carnaval, c'est aussi une manifestation politique où l'on revendique mais aussi où l'on vilipende des personnalités en tous genres.

1,5 milliard d'euros en 2023

En termes économiques, on attend cette année, à Olinda et à Recife, plus de quatre millions de personnes. Au-delà des locaux, on vient de tout le Brésil et même s'il y a moins d'étrangers qu'à Rio et Salvadore, ils sont aussi nombreux à se jeter dans la chaleur du carnaval. Évidemment, le secteur hôtelier, les bars, les restaurants ou ceux qui travaillent dans les transports en profitent. Plus de 25 000 emplois temporaires sont créés dans les différents carnavals du pays.

En plus des contrats à la semaine, il y a les emplois informels. Entre les vendeurs de bières qui fendent la foule avec leurs glacières, ceux qui recyclent les canettes, ou des artisans qui vendent leurs déguisements. Nombre de ménages modestes engrangent ainsi des revenus. En 2023, le carnaval d'Olinda a fait circuler plus de 500 millions d'euros dans l'économie locale tandis qu'à l'échelle du pays, on parle de 1,5 milliard d'euros.

Italie : le vénitien Marco Polo à l'honneur

Même si le week-end avait commencé avec du brouillard sur la cité des Doges, il y avait toutes les couleurs de l'arc-en-ciel, dimanche 28 janvier, pour la parade navale sur le Grand canal qui a ouvert le carnaval entre la Douane de mer, face à la place Saint-Marc et le pont du Rialto. En tête du défilé des dizaines de bateaux, la Pantegana, un gros rat de carton. Le rat est un animal résistant et qui symbolise le maintien des traditions vénitiennes. À la fin de la parade, il finit par exploser dans une pluie de ballons et de confettis.

Dans la série des traditions, les 12 Marie ont été sélectionnées. Les origines historiques seraient à rechercher au Moyen Âge dans l'enlèvement de 12 jeunes femmes par des pirates lors d'une cérémonie à la Vierge Marie. Elles ont finalement été sauvées. Les 12 Maries modernes sont originaires de l'agglomération de Venise, elles ont entre 18 et 27 ans et seront des figures de références qui défileront en costume traditionnel tout au long du carnaval.

Cette édition 2024 met à l'honneur l'un des plus célèbres vénitiens de l'histoire, Marco Polo, mort il y a 700 ans. "Vers l'orient, le merveilleux voyage de Marco Polo", c'est sous ce titre que se déroulent les festivités. Par ailleurs, après le carnaval, à partir du 6 avril et jusqu'au mois de septembre, une grande exposition lui sera consacrée au palais des Doges.

Entrée libre à Venise pour les touristes

On peut entrer librement à Venise pour ce carnaval. Les Vénitiens tiennent à ce que les touristes ne soient pas uniquement des spectateurs qui prennent des photos avec le téléphone, mais participent à ce carnaval. C'est une parenthèse de fête avant le début du carême chrétien. Il se finit en effet le jour de Mardi gras, veille du début du Carême. D'ailleurs, le mot Carnevale vient de "carne levare", qui signifie "enlever la chair". Allusion aux 40 jours avant Pâques lors desquels les fidèles sont priés de se priver de viande, au moins le vendredi. Après le carnaval on entre en carême.

Mais pour ce qui est de l'entrée à Venise, la question se pose en effet puisqu'un ticket sera bientôt en place dans la cité menacée par le surtourisme. Cinq euros par personne de plus de 14 ans. Cela vise ceux qui viennent à la journée. Mais il ne sera mis en place qu'à partir du 25 avril, à l'essai, pour une trentaine de dates particulièrement chargées. Lors du carnaval, les organisateurs essaient de répartir les événements au fil des jours et dans différents points de la cité pour éviter la saturation.

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