Cet article date de plus de trois ans.

Covid-19 : comment se déroulent les plans de vaccination en Espagne, en Israël et en Afrique du Sud ?

Dans le Club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se fait ou se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui direction l'Espagne, Israël et l'Afrique du Sud pour voir quelle est la stratégie vaccinale contre le Covid-19 dans ces pays.

Article rédigé par franceinfo - Claire Bargelès, Mathieu de Taillac et Alice Froussard
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
Une soignante israélienne vaccine une femme contre le Covid-19 dans la ville côtière de Tel-Aviv, le 3 janvier 2021. Photo d'illustration. (JACK GUEZ / AFP)

La campagne de vaccination contre le Covid-19 doit s’accélérer en France après les nombreuses critiques sur le faible nombre d’injections réalisées depuis une semaine par rapport à nos voisins européen. Une réunion de travail sur le suivi de la vaccination est d'ailleurs organisée, lundi 4 janvier, avec Emmanuel Macron et plusieurs ministres. Direction l’Espagne, Israël et l’Afrique du Sud pour voir comment se déroule la vaccination dans ces pays.

En Espagne, une vaccination jugée trop lente par la population

Le ministre de la Santé espagnol, Salvador Illa, a été plutôt optimiste en annonçant un taux de vaccination de 70% d’ici l’été prochain. Dans le pays, il n’y a toujours pas de chiffres sur l’état national des vaccinations. Mais officiellement, tout va très bien. La semaine dernière, la presse demandait au ministre s’il n’avait pas été un peu trop enthousiaste. "Nous maintenons ce que nous avons dit, a répondu Salvador Illa. Les doses que nous allons recevoir du vaccin BioNTech Pfizer permettent de couvrir la première étape de notre plan de vaccination, autour de 2,5 millions de personnes. Ensuite, nous pensons que vers mai-juin, entre 15 et 20 millions de personnes pourraient être vaccinées, et vers l’été nous arriverions à des chiffres plus importants." Le ministre ne dit donc plus 70% de vaccination à l’été mais "des chiffres plus importants", ce qui relâche quand même la pression.

Les Espagnols ne sont pas satisfaits de ce plan de vaccination et de cette communication. Dans le pays, sans doute comme ailleurs, on trouve que ça ne va pas assez vite, notamment pour les régions chargées de la politique de santé. Elles sont en charge de vacciner la population grâce aux doses que leur remet le gouvernement central. Un nombre de doses jugé insuffisant par Isabel Díaz Ayuso, la présidente de droite de la région de Madrid et donc opposante au gouvernement de gauche de Pedro Sanchez : "Dans le cas de Madrid, on attendait un nombre beaucoup plus élevé. Alors j’espère que finalement un plus grand nombre de vaccins arrivera, parce que sinon à ce rythme on va mettre de très nombreux moins à vacciner les citoyens." La critique est certainement légitime. Sauf que la région de Madrid, qui s’en prend à la lenteur des livraisons du gouvernement central, n’a utilisé que 6% des doses qu’elle a reçues. Le défi logistique est donc une réalité pour l’ensemble des administrations espagnoles.

En Israël, une rapidité impressionnante

Le pays a été l’un des premiers à lancer sa campagne de vaccination le 19 décembre 2020, et depuis, les vaccins se font avec une rapidité et une efficacité qui impressionne. C'est tout d'abord grâce à la logistique : Israël vaccine sept jours sur sept, 24 heures sur 24. Cela représente 150 000 vaccinations par jour, et tout est extrêmement bien organisé et informatisé. Il y a des centres de vaccination un peu partout dans les hôpitaux évidemment mais aussi des centres éphémères comme celui sur la place Rabin à Tel Aviv. Et l’Etat hébreu communique énormément sur la campagne, pour sensibiliser la population.

Mais l’un des éléments clés de la réussite israélienne, c’est l’anticipation. Les vaccins ont été pré-achetés dès les premières annonces de résultats positifs contre le coronavirus avant même la fin des tests cliniques. Une manière de s’assurer la priorité. Certains vaccins ont été également acheté plus cher que dans d’autres pays d’Europe. Il y a aussi d’autres détails, le directeur de la recherche médicale du laboratoire Moderna est un israélien diplômé de l’université de Ben Gourion, et cela a aussi aidé pour l'arrivée du vaccin. Benyamin Netanyahou, de son côté, ne cesse d'insister sur ses liens avec le directeur du laboratoire Pfizer, issue d’une famille juive thessalonique.

L'Etat hébreu espère être l’un des premiers à atteindre l’immunité collective. Les Israéliens veulent se faire vacciner. Il n’y a pas vraiment de réticence au vaccin dans le pays. Pour le moment, 63% des Israéliens comptent se faire vacciner, selon un sondage du Yedioth Aharonot. L’exemple vient d’en haut, le Premier ministre Benyamin Netanyahou, actuellement en campagne électorale, a été le premier israélien à recevoir le vaccin. Il a fait sa première injection en direct à la télévision. L'objectif du pays est d’atteindre les 2 millions de personnes vaccinées d’ici fin janvier. L’objectif a été réduit pour assurer les deux injections du vaccin à trois semaines d’intervalles. Et puis, rappelons-le, Israël est un petit pays de 9 millions d’habitants, cela va forcément plus vite.

En Afrique du Sud, une stratégie floue

Le gouvernement sud-africain s’est fait jusqu’à présent très discret sur sa politique pour obtenir des doses et vacciner sa population contre le coronavirus, alors même que des essais cliniques ont lieu dans le pays. Une tribune d’experts scientifiques dénonçait ce week-end le manque de clarté et qualifiait d'"échec impardonnable" l’incapacité du gouvernement à sécuriser un approvisionnement.

Le ministre de la santé, Zweli Mkhize, est finalement sorti de son silence dimanche. Il s’est montré un peu plus précis sur ses objectifs : d’ici la fin de l’année, le gouvernement entend vacciner 67% de la population, soit près de 40 millions de Sud-africains, afin d’atteindre l’immunité collective. Une cible précise mais le chemin pour y parvenir est lui un peu plus flou. Selon le ministre de la Santé, l’Afrique du Sud est déjà assurée de recevoir de quoi vacciner 10% de sa population grâce au dispositif Covax, mis en place par l’Organisation mondiale de la santé. Les premières doses devraient arriver d’ici la moitié de l’année. Mais pour le reste, Zweli Mkhize reconnaît qu’aucun accord n’a pour l’instant été signé avec les laboratoires : "Il nous reste encore à trouver de quoi vacciner 57% de la population. On essaye autant que possible d’obtenir des doses, les premières dès février. Mais tout cela dépend des négociations bilatérales que nous avons en ce moment."

Un discours très optimiste, mais qui montre que le pays est plutôt en retard dans sa course au vaccin. L’Afrique du Sud en est toujours au stade des discussions alors que le pays est le plus touché du continent, avec plus d’un million de cas recensés, et qu’il connaît actuellement une deuxième vague plus forte que la première, Des échanges sont en cours, notamment avec Pfizer, AstraZeneca, Johnson&Johnson, ou encore les fabricants russes et chinois. En attendant, le gouvernement commence à organiser à l’avance sa campagne de vaccination, et souhaite viser en priorité le personnel de santé mais le calendrier dépendra bien sûr de la signature de futures commandes.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.