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Covid-19 : des campagnes de dépistage massif en Autriche, en Angleterre et en Slovaquie avant les fêtes de fin d'année

Dans le Club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se fait ou se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui direction l'Autriche, l'Angleterre et la Slovaquie où les autorités ont massivement tenté de tester leur population pour juguler la pandémie.

Article rédigé par franceinfo, Isaure Hiace, Richard Place - Alexis Rosenzweig
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
L'Autriche a tenté une campagne de dépistage massif du 4 au 15 décembre pour préparer au mieux les fêtes de fin d'année mais la participation a été décevante. (ERWIN SCHERIAU / APA)

Les Français ont lancé lundi 14 décembre leur première opération test de dépistage massif du Covid-19 au Havre et à Charleville-Mézières. D'autres pays les ont précédés. Bilan des campagnes réalisées en Autriche, en Angleterre et en Slovaquie.

En Autriche, une participation décevante

La campagne nationale de dépistage du coronavirus lancée en Autriche le 4 décembre prend fin cette semaine. Elle est terminée dans toutes les régions autrichiennes sauf le Burgenland où elle se poursuit en effet jusqu’à mardi. Rapide et gratuite, cette campagne de tests antigéniques était basée sur le volontariat mais un premier bilan montre que l’affluence a été bien moindre que celle qu’espérait le gouvernement. Dans le Tyrol et le Vorarlberg, par exemple, un tiers seulement des habitants ont participé au dépistage.

La population sera de nouveau testée début janvier, dans les mêmes conditions et cette fois le chancelier Sebastian Kurz espère plus de monde. Il a lancé un appel aux Autrichiens ce week-end : "Je vous demande de participer à cette campagne de tests. Je le répète car j'ai l'impression que de nombreuses personnes ne se rendent plus suffisamment compte de la gravité de la situation. Plus nous testons, plus nous aurons de chance d’éviter un autre confinement." Le gouvernement réfléchit même à des mesures incitatives pour convaincre les Autrichiens de se faire tester.

Mais des doutes persistent sur l’efficacité de cette campagne car les tests antigéniques ne sont pas fiables à 100%. Ils produisent en effet des faux négatifs mais aussi des faux positifs. Ainsi, sur les deux premiers jours de la campagne à Vienne, plus de la moitié des personnes testées positives avec un test antigénique n’étaient en réalité pas infectées. Le gouvernement se dit conscient des limites de cette campagne mais insiste sur le fait qu’elle permet d’identifier et d’isoler les personnes asymptomatiques, et donc de réduire la propagation du virus, un objectif capital à l’approche des fêtes de fin d’année.

En Angleterre, le taux d'infection divisé par quatre en deux mois grâce au dépistage massif

En Angleterre, une campagne de tests massifs a déjà eu lieu à Liverpool. Dans ce bassin de 500 000 personnes particulièrement touché par le virus, les autorités ont même déployé l’armée pour organiser cette opération qui a débuté le 6 novembre. Et le gouvernement est visiblement satisfait du résultat. Détecter les malades asymptomatiques était la principale utilité de ces tests massifs. Les autorités sanitaires anglaises parlent même d’un "outil vital" pour éviter la propagation du virus. Plus de 300 000 personnes ont pu être testées et grâce notamment à cette opération, le taux d’infection a été divisé par quatre en deux mois. Les tests ont permis l’isolement de malades qui s’ignoraient mais cette baisse spectaculaire du nombre de cas est aussi due au confinement et à la discipline de la population.

La méthode utilisée pour tester est loin d’être infaillible puisque les scientifiques qui supervisent l’opération estiment que la moitié des personnes contaminées sont passées à travers les mailles du filet. Une étude montre notamment que les travailleurs pauvres ont eu peur d’être positifs, d’être confinés et donc de ne plus pouvoir toucher leur salaire. Ils sont moins venus dans les centres de tests. Ce système n’est donc pas parfait.

Mais l’Angleterre a jugé qu’il y avait plus de bon que de mauvais puisqu’elle a décidé de le développer. À partir du 14 décembre, cette campagne va s’étendre à 67 endroits différents dans tout le pays et durer un mois et demi. Le gouvernement met à disposition 1,6 million de tests. Ce sont les autorités locales qui devront tout organiser, trouver les lieux et le personnel. L’armée, réquisitionnée à Liverpool, sera également sollicitée dans cette nouvelle étape. On le comprend, ce que veut le gouvernement c’est cibler ses mesures de restriction au maximum. La population les tolère de plus en plus mal et donc parfois ne les respecte plus. Et l’économie souffre, en particulier les secteurs de la restauration et de l’hôtellerie. Ces tests massifs, tout comme le vaccin, c’est l’espoir auquel on se raccroche pour retrouver une vie presque normale.

En Slovaquie, malgré le dépistage massif, les contaminations sont en hausse

En Slovaquie, une campagne de dépistage massif de la population s’est déroulée en novembre. Ce petit pays d’Europe centrale était le premier pays à lancer une telle initiative mais il semble qu’un mois et demi après, le bilan de cette campagne de tests à l’échelle nationale reste très mitigé. A priori, la méthode tentée par le gouvernement slovaque n’a pas fait ses preuves malgré les efforts déployés pour tester les deux tiers de la population, soit plus de 3,5 millions de tests antigéniques en deux jours. Environ 1% des personnes testées avaient été positives et placées en quarantaine sous peine d’amende.

Mais cette campagne n'a freiné le nombre des contaminations que quelques jours, selon les statistiques fournies par les autorités slovaques. La tendance est rapidement repartie à la hausse. Parmi les premières explications avancées, il y a le manque de fiabilité des tests antigéniques rapides utilisés, avec une marge d’erreur estimée à 30%. Pour être efficace, ce dépistage massif devrait être répété plusieurs fois.

Mais ce n’est pas réaliste en raison des moyens humains et financiers que cela nécessite. "Nous n'avons pas les millions de tests nécessaires", a concédé le Premier ministre slovaque Igor Matovic ce week-end, alors que son gouvernement devrait annoncer le nouveau renforcement des mesures de confinement cette semaine avec, contrairement à la France, l’ouverture malgré tout des stations de ski dans les Tatras slovaques.

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