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Covid-19 : l'Ukraine et la Bulgarie face à la dégradation inquiétante de la situation sanitaire

Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui, direction l'Ukraine et la Bulgarie, deux pays confrontés à une recrudescence des cas de Covid-19. 

Article rédigé par franceinfo - Stéphane Siohan, Damian Vodénitcharov
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Un médecin examine un patient à l'unité Covid-19 d'un hôpital de Kjustentendil, l'une des municipalités de la "zone rouge sombre Covid" de Bulgarie, le 19 octobre 2021. (NIKOLAY DOYCHINOV / AFP)

L'épidémie de Covid-19 a causé la mort de près de 4 millions 950 000 personnes dans le monde depuis l'apparition de la maladie fin décembre 2019, selon un bilan établi par l'AFP lundi 25 octobre. La situation sanitaire ne s'améliore pas dans tous les pays. En Russie, la ville de Moscou a décidé de reconfiner les plus de 60 ans pour les quatre prochains mois en leur ordonnant de rester chez-eux. L'inquiétude grandit également en Ukraine et en Bulgarie. 

En Ukraine, une troisième vague très meurtrière

L'Ukraine fait actuellement partie des trois pays les plus durement touchés par le virus dans le monde. La troisième vague de Covid-19 qui déferle actuellement est la plus meurtrière que le pays ait connue. Ces derniers jours, l'Ukraine a dépassé le seuil quotidien de 24000 nouvelles contaminations et de 620 décès. La situation est particulièrement critique dans des grandes villes comme Odessa, Kharkiv, ou Dnipro, des métropoles de plus d'un million d'habitants, où les hôpitaux sont arrivés à saturation. 

La moitié des régions plongent en zone rouge, ce qui équivaut à un quasi confinement, et les indicateurs se dégradent de jour en jour à Kiev, la capitale, où de nouvelles restrictions pourraient être appliquées, comme la fermeture jusqu'à nouvel ordre de tous les services et commerces non essentiels. L'inquiétude règne, car le pic des contaminations n'est pas attendu avant plusieurs semaines, et le président Volodymyr Zelensky, obnubilé par sa popularité, ne semble pas prendre la mesure des enjeux, les autorités ont systématiquement un temps de retard. Comme si Zelensky était tétanisé à l'idée qu'un confinement fasse baisser sa cote dans les sondages. 

Avec un taux de vaccination qui ne dépasse pas 18% de la population (25% à Kiev), l'Ukraine est le plus mauvais élève en Europe. 98% des personnes hospitalisées sont des patients non-vaccinés. Malgré cela d'après les sondages, une grande majorité des Ukrainiens ne souhaitent pas se faire vacciner. "Cette situation s'explique par la faiblesse des institutions et le manque de confiance des citoyens dans ces institutions, selon Oleg Saakian, chercheur en sciences politiques qui y voit un signe de défiance envers les autorités. Mais c'est aussi, selon lui, le résultat de la forte propagande des médias russes "qui ont tout fait pour discréditer les vaccins par tous les moyens. Cette propagande a créé de l'inquiétude et un manque de confiance dans la vaccination.

"Le gouvernement a réagi avec beaucoup de retard et a perdu entre quatre et six mois dans la mise en place du plan de vaccination.""

Oleg Saakian, chercheur en sciences politiques

à franceinfo

Il faut aussi savoir que le premier vaccin disponible en Ukraine a été le Covishield d'Astra Zeneca, produit en Inde, et sa non certification pour les voyages internationaux a créé un profond malaise dans la population, persuadée de recevoir un vaccin de mauvaise qualité. Il y a une semaine encore, les centres de vaccination étaient encore très vides, ces derniers jours, un peu plus de gens s'y rendent, mais sans doute pas assez pour éviter la catastrophe.

En Bulgarie, l'adoption du pass sanitaire provoque des tensions

La situation est critique. Il y a en moyenne 4000 nouveaux malades par jour, ce qui est considérable pour un petit pays comme la Bulgarie (un peu moins de 7 millions d'habitants). La mortalité reste très élevée aussi, avec 177 décès sur un million d'habitants. La grande majorité des malades n'est pas vaccinée. Moins d'un quart de la population a reçu un vaccin. En tout, il y a près de 570 000 cas répertoriés depuis le début de la pandémie. Ce qui représente moins de 10% de la population bulgare. 

Il y a eu une ruée vers les centres de vaccination après l'annonce du pass sanitaire en fin de semaine dernière. Les nouvelles restrictions entrent d'ailleurs en force à partir de lundi 25 octobre. Mais pour l'instant, la méfiance vis-à-vis des vaccins et surtout vis-à-vis des autorités et du gouvernement reste très forte. Même des médecins et des infirmières en première ligne refusent de se faire vacciner. Le matin, il y a de longues files d'attente devant certains hôpitaux le temps que tout le personnel se fasse tester pour qu'il puisse se rendre au travail. Entre-temps, les écoles ont été fermées et les élèves sont maintenant en télé-enseignement dans huit oblasts [ zone] du pays, y compris la région de la capitale Sofia. Les hôpitaux sont aussi débordés. Il reste très peu de places que ce soit en soins intensifs ou dans les unités Covid. 

La crise sanitaire fait d'ailleurs partie de la campagne électorale alors que se tiendront en Novembre à la fois l'élection présidentielle mais aussi les 3e législatives cette année. C'est maintenant un des grands enjeux aux législatives. Les partis de droite, de gauche, d'extrême droite et les partis anti-système se sont mis à critiquer l'adoption du pass sanitaire, une mesure beaucoup trop stricte pour eux. Des partis d'extrême droite s'opposent ouvertement à la vaccination. Un militant a même agressé le ministre de l'Éducation après l'adoption du pass sanitaire. 
 

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