Election américaine : le dénouement attendu avec impatience au Royaume-Uni, en Israël et en Inde
Dans le Club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se fait ou se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui, l'actualitée américaine scrutée de près au Royaume-Uni, en Israël et en Inde.
Au fur et à mesure du décompte des votes, le candidat démocrate Joe Biden confirme son avance. Alors que les résultats définitifs de la présidentielle américaine se font encore attendre, jeudi 5 novembre, à l'étranger, l'attente semble aussi interminable.
Au Royaume-Uni, une élection décisive pour le Brexit
L'élection américaine mobilise l’attention, particulièrement depuis jeudi 5 novembre, premier jour de confinement en Angleterre. Officiellement, interdiction de sortir hormis pour des achats de première nécessité ou pour faire du sport. Pas question de faire les magasins, ils sont fermés. Alors les Anglais vibrent pour ce suspense chez leurs cousins outre-Atlantique. Depuis mercredi, les journaux, les radios, les télés ne parlent que de ça et du Covid-19.
Pour le gouvernement, ce n’est pas juste un intérêt distant. Cette élection est décisive pour la suite et notamment pour le Brexit. Actuellement un accord de sortie est toujours en cours de négociation mais accord ou pas avec l’Europe, le Royaume-Uni va bien devoir trouver de nouveaux partenaires commerciaux. Et des partenaires d’envergure. Sachant que les relations avec la Chine actuellement sont vraiment mauvaises, vers qui se tourner : les États-Unis. Et donc la question cruciale, quelle administration en face, pour négocier : celle de Donald Trump ou celle de Joe Biden ?
Donald Trump applaudit le Brexit, il en est même admiratif. Il veut un accord rapide, un marché très ouvert avec le Royaume-Uni débarrassé des réglementations européennes. Cet empressement n’est pas forcément accueilli avec grand enthousiasme chez les Anglais. La filière agricole en particulier s’inquiète de voir des viandes US bon marché et traitée aux hormones, inonder les grandes surfaces britanniques, une fois que les normes européennes auront disparu. En cas de victoire du camp démocrate, les perspectives d’accords avec les USA se compliqueront. Joe Biden n’a jamais été favorable au Brexit et ses relations avec Boris Johnson ne sont pas vraiment chaleureuses. Même s’ils ne se sont encore jamais rencontrés. Ils ne sont a priori pas sur la même longueur d’ondes.
Les États-Unis, allié le plus solide de l'Israël
L'élection est très suivie aussi par les Israéliens. Les États-Unis sont leur allié le plus solide. Le pays compte la troisième plus grande communauté d'expatriés américains au monde. Donald Trump a reconnu Jérusalem comme capitale d'Israël où il a transféré l'ambassade américaine, il a validé l'annexion du Golan, proposé un plan très défavorable aux Palestiniens et dénoncé l'accord sur le nucléaire iranien.
Le Premier ministre Benyamin Netanyahou a fait ses trois dernières campagnes législatives avec Donald Trump sur ses affiches mais il ne veut pas insulter l'avenir. Il y a deux semaines, quand Israël et le Soudan ont annoncé un accord de paix sous égide de Washington, Donald Trump a appelé son ami "Bibi" Netanyahou par téléphone. Un échange filmé par CNN. "Tu penses que 'Joe l'endormi' aurait pu conclure cet accord, Bibi ? Joe l'endormi ? Moi je ne pense pas", affirmait le président américain. Ce à quoi le Premier ministre israélien a répondu : "Euh, M. le président, je peux vous dire que nous apprécions l'aide à la paix de tout le monde en Amérique."
Benyamin Netanyahou et Joe Biden sont amis depuis une quarantaine d'années, ils ont tous les deux grandi en Pennsylvanie. Joe Biden a déjà annoncé que s'il est élu, il maintiendra l'ambassade américaine à Jérusalem et l'aide militaire à Israël sans conditions, mais il promet d'être moins unilatéral que Donald Trump. Il veut rouvrir le dialogue avec l'Iran et avec l'Autorité palestinienne, qui n'a plus de relations avec Washington depuis trois ans.
L'Inde partagée par l'issue du scrutin
L’Inde est partagée : d’un côté, il y a un gouvernement qui est très proche de Donald Trump et de sa politique nationaliste, et de l’autre, Joe Biden qui serait plus favorable à l’immigration indienne. En attendant, c’est la Bourse de Bombay qui a réagi. L’indice boursier indien Nifty vient de clore la session en hausse de 2%, un bon résultat que certains attribuent, en partie, à la victoire probable de Joe Biden.
Le candidat démocrate a promis d’initier un important plan de relance publique aux États-Unis, ce qui pourrait à terme bénéficier à l’économie indienne. Mais c’est aussi que les économistes espèrent une réouverture du marché américain: car Donald Trump a été particulièrement dur avec l’Inde, qu’il l’accuse, comme la Chine, de protectionnisme. Et Le républicain a donc imposé des barrières douanières sur l’aluminium et l’acier indien. Enfin, ce champion du "America First" a également restreint l’obtention des visas pour les centaines de milliers d’ingénieurs indiens qui viennent travailler aux États-Unis, ce qui est très impopulaire ici. Joe Biden, pour cela, pourrait être plus conciliant, surtout que sa co-listière, Kamala Harris, est-elle même d’origine indienne.
Conciliant, certes, mais aussi plus regardant sur les droits de l’Homme.
C’est le risque. Donald Trump était pour cela un allié pratique pour le gouvernement nationaliste hindou de Narendra Modi - lors de la visite du président américain à New Delhi, en février dernier, des émeutes sanglantes étaient en cours entre hindous et musulmans à quelques kilomètres de son hôtel - en réaction à la politique hindouiste du gouvernement indien. Et Donald Trump n'en a pas dit un mot. Les démocrates, eux, sont souvent plus sensibles à cette question et pourraient réagir plus vivement, ce qui a un poids sur la scène internationale
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