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États-Unis, Brésil, Suède : les violences par armes à feu en augmentation

Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui, direction les États-Unis, le Brésil et la Suède, trois pays confrontés à une hausse considérable des violences par armes à feu.

Article rédigé par franceinfo - Loig Loury, Anne Vigna, Frédéric Faux. Edité par Sébastien Hazard
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6 min
Des policiers de Chicago (Illinois) enquêtent sur les lieux d'une fusillade (21 juillet 2020). (KAMIL KRZACZYNSKI / AFP)

Une fusillade a fait au moins huit morts et plusieurs blessés, mercredi 26 mai, sur le site d'une compagnie de transports publics à San José, en Californie. Si les images de tels drames sont malheureusement fréquentes aux États-Unis, ce n'est pas le seul pays confronté aux problèmes de violences liées aux armes à feu. Le phénomène inquiète aussi au Brésil, où il est plus facile de s'en procurer depuis quelque temps, et en Suède.

Aux États-Unis, un problème aussi récurrent qu'insoluble  

Les fusillades de masse avaient quasiment disparu en 2020, l’une des conséquences de la pandémie. La fermeture des lieux publics explique sans doute cette quasi-absence de fusillades de masse, l’an dernier mais la parenthèse est malheureusement close. L’actualité nous l’a encore rappelé. Mercredi 26 mai, 8 personnes au moins ont été tuées en Californie, à San José, près de San Francisco, où un employé d’une entreprise de transports publics à ouvert le feu sur le site de la compagnie.
Rien qu'en mars, il y a eu un massacre (huit morts) dans un centre FedEx, à Indianapolis, un autre à Boulder (dix victimes) dans une épicerie et la mort de 8 personnes, surtout des femmes, dans plusieurs salons de massage d’Atlanta. Un triste "retour à la normale" en quelque sorte, "une épidémie" selon le président américain Joe Biden, impuissant quand il s’agit de durcir le contrôle sur les armes. 

L'année 2020 a connu une explosion du nombre de morts par balles : 20 000 morts, sans compter les suicides. C’est un triste record car ce chiffre n’avait pas été atteint depuis au moins deux décennies. Il s’agit d’affaires bien moins médiatiques que les fusillades de masse mais c'est un problème endémique au moins aussi grave qui endeuille surtout les communautés noire et latino.

De nombreuses villes ont connu une vague d’homicides, l’an dernier. Une hausse de 45% par exemple à New York et le cas est loin d’être isolé. La faute à l’exacerbation de facteurs de risques liés à la pandémie, comme l’instabilité économique ou les difficultés liées au logement (même s’il reste à expliquer pourquoi la violence se poursuit, cette année malgré le retour de l’activité). Tout cela sans compter un accès toujours aussi aisé aux armes : 23 millions ont été achetées l’an dernier, c’est 65% de plus que l’année précédente.

Au Brésil, un lien entre port d’armes et violence  

Le Brésil a toujours été un pays violent. Cette violence s'exprime de manière très importante contre les leaders sociaux, entre la police et les gangs criminels et entre les gangs eux-mêmes. Elle est présente également pour des crimes contre les minorités sexuelles ou lors de féminicides. Néanmoins une nouvelle forme de violence est apparue ces dernières années suite aux décrets émis par le président Jair Bolsonaro pour faciliter le port légal d’armes à feu.  Armer la population, c’était une de ses promesses de campagne.  Aujourd’hui, le commerce des armes à feu est florissant : +120% d’augmentation des permis donnés aux chasseurs, collectionneurs qui sont en général ceux qui vivent à la campagne et + 65% pour les permis de citoyens lambdas. La capitale Brasilia a le record, avec une augmentation de plus de 500% pour 2 millions d’habitants. Ce qui fait qu’aujourd’hui une personne sur 11 est armée à Brasilia.  

Cette relation entre port d’armes et augmentation de la violence est claire  selon des spécialistes comme Carolina Ricardo, directrice de l’Institut Sou da Paz. "Nous commençons à constater une augmentation des accidents domestiques, des histoires de voisins qui se disputent et finissent par se tuer, une augmentation de la violence domestique. Donc on voit une augmentation de la violence létale facilitée par la présence de l’arme." Et en effet les morts violentes ont augmenté de 7% au premier semestre de 2020 et dans plus de 72% des cas, c’était avec des armes à feu.     

En Suède, une agression par arme à feu par jour l’an dernier  

Une étude réalisée par le Conseil pour la prévention du crime compare la situation avec d’autres pays européens sur vingt ans. Résultat, la Suède est l’un des rares pays où la violence armée augmente. Les Suédois sont inquiets. La police avait déjà en sa possession des chiffres montrant que la situation était critique. Rien qu’en 2020, les agressions par armes à feu ont augmenté de 10% en Suède. Il y en a eu 366, soit une par jour, pour un total de 47 morts.

Dans la plupart des pays européens, la violence par armes à feu diminue, pas en Suède. C’est un cas unique. Avec presque cinq fusillades mortelles par million d'habitants, un taux deux fois et demi plus élevé que la moyenne européenne, le royaume nordique détient aujourd’hui un triste record. Certains d’entre vous ont peut-être vu la série suédoise Snabba Cash, lancée sur Netflix il y a quelques semaines. Elle évoque les coulisses du trafic de drogue à Stockholm, avec ses règlements de comptes en pleine ville. On n’en est pas encore là, mais la fiction n’est pas loin de la réalité. Il y a une guerre des gangs dans la capitale suédoise ou rien qu’en 2020, les fusillades ont augmenté de 79% ! On se bat pour contrôler le trafic de drogue, il y a des morts. Cela entraîne des vengeances, et d’autres morts. Cette violence d’un nouveau genre vient en tout cas brouiller l’image d’un pays que l’on croyait plutôt tranquille.

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