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Guerre en Ukraine : la Chine, le Kenya et le Mexique refusent de prendre des sanctions contre la Russie

Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui, direction la Chine, le Kenya et le Mexique qui n'appliquent aucune sanction contre la Russie. 

Article rédigé par franceinfo - Sébastien Berriot, Charlotte Simonart et Emmanuel Steels
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6min
Le président russe Vladimir Poutine serre la main du président chinois Xi Jinping lors de leur rencontre au Palais de l'amitié à Pékin, le 26 avril 2019. (ALEXEY NIKOLSKY / SPUTNIK)

Depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine, certains États hors de l'Occident refusent de sanctionner la Russie. Parmi eux, la Chine, le Kenya et le Mexique, tous les trois étant d'étroits partenaires commerciaux avec la Russie. 

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En Chine, "il n'est pas question de sanctionner la Russie"

La Chine est apparue assez embarrassée sur le dossier ukrainien. Pékin est dans un équilibre assez compliqué, plutôt en désaccord avec Moscou sur l'intervention militaire. Mais la Chine ne l'a pas condamnée de façon catégorique. En revanche, sur la question des sanctions contre la Russie. La position est limpide : la Russie est un pays ami, un partenaire, et il n'est pas question de le sanctionner. "Nous l'avons dit à plusieurs reprises les sanctions ne sont pas une solution efficace pour résoudre les problèmes", martèle Wang Wenbin l'un des porte-paroles du ministère chinois des Affaires étrangères. "La position constante de la Chine est de s'opposer à toutes les sanctions unilatérales illégales. La Chine et la Russie continueront donc de mener une coopération commerciale normale dans un esprit de respect et de bénéfices mutuels"

Les échanges économiques entre Moscou et Pékin ne vont donc pas s'arrêter, notamment dans le domaine des hydrocarbures. Les avions russes peuvent continuer de survoler le territoire chinois et atterrir dans les aéroports. Dans les autres pays d'Asie du Sud-Est les réactions sont très timides, on entend très peu de propos pour condamner l'initiative militaire russe et quasiment pas de sanctions. On sent les pays du Sud-Est asiatique désireux de ne pas froisser Moscou pour des raisons économiques et aussi politiques.

Le dernier communiqué de l'Asean, l'association qui regroupe les nations d'Asie du Sud-Est, se contente d'appeler à la poursuite du dialogue. Seul un pays membre de l'Asean a fait exception en annonçant des sanctions contre la Russie. Il s'agit de Singapour, pourtant connu pour sa prudence et sa neutralité sur les grands dossiers internationaux. Position donc, cette fois inédite et assez historique. Singapour, qui est une place centrale pour les échanges commerciaux en Asie, va bloquer certaines transactions bancaires et exportations vers la Russie.

Le Kenya trop dépendant de la Russie

Si Nairobi ne sanctionne pas la Russie contrairement à l'Occident, c'est tout simplement parce que le Kenya ne peut pas se le permettre. La Russie est un marché majeur pour le thé, les fleurs, le café et les fruits kenyans. À l'inverse, le Kenya dépend fortement du blé russe ainsi que des pesticides russes pour son agriculture. Les échanges commerciaux entre les deux pays ont atteint 400 millions de dollars en 2020. Difficile pour le Kenya d'y renoncer, déjà très impacté par la crise économique causée par la pandémie du Covid-19. La dette kényane s’approche des 80% du PIB du pays. Et cela va s’aggraver en raison de cette guerre en Ukraine.
  
Le Kenya subit déjà de plain fouet les effets des sanctions économiques de l’Occident contre la Russie. Il y a par exemple cette décision des compagnies de conteneurs de suspendre le fret en provenance et vers la Russie qui gèle les exportations kenyanes. L'exclusion des banques russes du système Swift rend également les échanges financiers plus risqués et plus coûteux. Tout cela combiné à l'explosion des prix du pétrole, les consommateurs kényans vont souffrir encore davantage de la hausse des prix des produits de base.

Sur le plan diplomatique mercredi 2 mars, le Kenya a voté en faveur de la résolution de l’ONU exigeant le retrait des forces russes d'Ukraine, contrairement à 16 autres pays africains qui se sont abstenus. Il faut dire que le Kenya est membre non permanent du Conseil de sécurité de l'ONU. Un siège stratégique pour Nairobi notamment dans son conflit maritime qui l'oppose à la Somalie. Ce n'est pas le moment de se mettre la Communauté internationale à dos. 

Représailles économiques "malvenues" pour le Mexique

Le gouvernement mexicain s'est prononcé contre la guerre menée par la Russie en Ukraine, il a voté en faveur de la résolution de l'ONU qui condamne l'invasion russe. Mais à la différence d'autres pays qui se sont rangés à cette position, le Mexique rejette la possibilité d’imposer des sanctions, de quelque nature que ce soit, à la Russie. Le président mexicain Andrés Manuel López Obrador affirme que toute représaille économique envers la Russie serait malvenue, car le Mexique entend maintenir de bonnes relations avec tous les gouvernements du monde, et préserver la possibilité de dialoguer avec les parties en conflit. Il considère qu’il ne relève pas de la responsabilité du Mexique de décréter des sanctions, que cela reviendrait à assumer une forme de protagonisme dans une guerre qui n'est pas la sienne et qu’il est plus important de se concentrer sur la promotion du dialogue pour mettre fin aux hostilités. Ceci dit, López Obrador a condamné toute "forme d’invasion, en particulier de la part d’une puissance mondiale", a-t-il dit.  

Le président mexicain s'est aussi prononcé contre les avertissements sur les réseaux sociaux envers les médias russes. Il a accusé Twitter de censurer les médias russes. Il estime qu'il est très grave de publier des avertissements sur les tweets des médias et des internautes qui affichent des positions prorusses. López Obrador affirme que cela revient à "ficher" les internautes. Il avait déjà manifesté une position semblable en jugeant inacceptable la censure de Twitter envers son ex-homologue américain Donald Trump. Sur Twitter toujours, dimanche soir plusieurs internautes ont signalé que des monuments et des bâtiments publics de Mexico étaient illuminés aux couleurs de la Russie, en réalité il s'agissait d’un geste d’amitié envers la République dominicaine qui commémorait le 27 février son indépendance, et dont les couleurs du drapeau coïncident avec celles du drapeau russe.

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