Guerre en Ukraine : la Pologne et la Norvège augmentent leur budget militaire, le Vatican s'inquiète d'une menace nucléaire
Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui direction Varsovie et Oslo où le besoin de sécurité s'accroît, et Rome où le pape appelle au contraire à une désescalade.
Pendant que le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, appelle la France et l'Union européenne à l'aider à maintenir l'intégrité de son pays contre les forces russes, plusieurs pays voisins de la Russie renforcent leur défense. C'est notamment le cas de la Pologne, de la Norvège ou du Danemark. Au Vatican, le pape s'inquiète de la surenchère guerrière tout en soutenant l'Ukraine.
En Pologne, budget et troupes augmentés
Face à l’invasion russe en Ukraine, la Pologne a décidé de renforcer sa défense en augmentant notamment ses dépenses militaires. La loi a été signée il y a quelques jours par le président Andrzej Duda. Dès l’an prochain, les dépenses militaires représenteront 3% du PIB polonais contre environ 2,2% pour 2022. Varsovie va donc devenir un des membres de l’OTAN avec le budget défense le plus élevé.
Le nombre de troupes doit également doubler, en passant de 143 000 à près de 300 000 soldats, le tout, avec un système de recrutement simplifié. Le chef du parti Droit et justice (PiS), Jaroslaw Kaczynski, ne s’en cache pas : "Nous devons avoir des forces armées digne d’un pays de 40 millions d’habitants à la situation géographique compliquée".
Le pays, situé en effet sur le flanc est de l’OTAN et de l’Union européenne, partage une frontière notamment avec l’Ukraine et la Biélorussie et n’a de cesse de dénoncer les ambitions impériales de la Russie.
"Nous avons de bons alliés mais nous devons aussi nous défendre nous-mêmes."
Jaroslaw Kaczynski, chef du parti Droit et Justice
Ceux que la Pologne désigne comme ses alliés sont notamment les États-Unis, dont les hauts responsables multiplient les visites ces dernières semaines. L'armée américaine a renforcé la présence de ses soldats en Pologne. Ils sont aujourd’hui près de 10 000. Washington a également déployé deux batteries anti-aériennes Patriot dans le pays.
La défense s'invite également dans les classes polonaises. Le ministre de l’Éducation Przemyslaw Czarnek l’a annoncé : dès la rentrée de septembre 2022, des leçons de formation de défense vont faire leur retour dans les établissements scolaires. Cela inclut la familiarisation avec les armes : "Ces cours serviront à faire en sorte que les Polonais soit réellement capables de se défendre eux-memes dans une situation de telle menace", a expliqué le ministre.
La Norvège se protège du "voisin dangereux"
En Norvège aussi, la guerre en Ukraine a encore renforcé le besoin de sécurité. Le gouvernement a annoncé vendredi 18 mars une enveloppe supplémentaire de 300 millions d’euros pour son budget militaire. Le ministre de la Défense norvégien justifie ainsi cette décision : "Le grand voisin de l’Est est devenu plus dangereux et plus imprévisible."
La Norvège, membre de l’Otan, a une position stratégique : elle partage 200 kilomètres de frontière terrestre avec la Russie, sans compter la frontière maritime en mer de Barents, et elle veut montrer à Moscou qu’elle est prête à toute éventualité. Depuis une dizaine de jours d’ailleurs, le royaume nordique accueille d’importantes manœuvres militaires de l’Otan, avec plus 30 000 soldats déployés.
Finlandais et Suédois prêts pour adhérer à l'Otan
Ces hausses de budget s'observent ailleurs en Scandinavie. Les agressions répétées de Vladimir Poutine ont fait bouger les lignes. Le Danemark, autre membre de l’Otan, veut maintenant que ses dépenses militaires atteignent 2% du PIB, dès 2033. La Suède s’est aussi fixée cet objectif financier. La Finlande, de son côté, vient d’acquérir 64 avions de combat américains F35, pour plus de huit milliards d'euros. C'est l’achat le plus important jamais réalisé par l'armée danoise.
Sans compter que dans ces deux derniers pays, Suède et Finlande, les populations sont maintenant favorables à une adhésion à l’Otan, et donc prêtes à assumer les dépenses militaires que peut entraîner une telle adhésion.
Le Vatican s'oppose à la vente d'armes mais soutien la défense ukrainienne
Beaucoup plus au sud et moins attendu, le Vatican réagit aussi à la guerre en Ukraine en prenant des positions très fortes contre la vente d'armes. Et lorsque le pape parle des armes, il parle aussi de l'arme nucléaire. Sa position est sans équivoque car le souverain pontife craint une guerre mondiale. François, l'a déjà dit à plusieurs reprises avant la guerre en Ukraine et la semaine dernière il a parlé de "notre inconscient capable d'imaginer la catastrophe finale qui nous détruira, c'est ce qui se passe en cas de guerre atomique".
Il est le premier pape à dénoncer la possession même de la bombe, l'objet atomique. Jean Paul II, pendant la guerre froide, parlait encore de "guerre juste" et estimait moralement acceptable la dissuasion nucléaire. François milite pour le désarmement nucléaire. Angélique ? Peut-être. En tous cas, il est aujourd'hui bien seul.
François ne cesse d'appeler à faire taire les armes. Cette semaine encore il a estimé scandaleux les dépenses des États en armement : "Combien de pourcentage de PIB ?", s'est-il interrogé affirmant que "ce choix n'était pas neutre puisque ces dépenses ne sont pas faites pour ceux qui manquent du nécessaire". Mais le Saint-Siège n'est pas opposé à l'armement de l'Ukraine. Du moins, la notion de légitime défense existe-t-elle bel et bien.
Mardi 22 mars, le président ukrainien a affirmé que le pape lui avait dit comprendre que l'Ukraine se défende. Le cardinal Parolin, le n°2 du Vatican, rappelle que "l'utilisation des armes n'est jamais souhaitable... Cependant, le droit de défendre sa propre vie, son propre peuple et son propre pays implique parfois l'utilisation malheureuse des armes."
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