La consommation de vin est-elle en hausse en Australie, au Royaume-Uni et au Canada ?
Dans le Club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se fait ou se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui direction l'Australie, Le Royaume-Uni et le Canada pour faire le point sur la consommation de vin dans cette période de confinement.
En France le Beaujolais nouveau arrive jeudi 19 novembre dans un contexte particulier en raison du confinement. Les producteurs craignent que les ventes soient en baisse durant cette période particulière. Qu’en est-il de la consommation de vin à l’étranger ? Direction l’Australie, le Royaume-Uni et le Canada.
Hausse des ventes en Australie
Parallèlement à la razzia sur le papier toilette et les pâtes, les Australiens ont aussi stocké en mars et en avril de très grandes quantités de vins, par crainte que les autorités décident de fermer les "bottle shops". En Australie, on ne peut pas acheter d’alcool au supermarché, il faut aller dans des magasins spécialisés. Cette pandémie a eu aussi des conséquences lourdes sur l’économie et mis beaucoup de monde au chômage. Les ventes de grands crus et de vins qui coutent plus de 30 euros la bouteille ont plutôt diminué. En revanche, les vins bon marché eux, ont été pris d’assaut. Pour certaines catégories, les ventes ont même augmenté de plus de 30% par rapport à la même période l’an dernier.
Le "goon" la version Australienne du vin en cubi a particulièrement la cote malgré une mauvaise réputation. Ce "goon" inventé par un viticulteur dans les années 60, les Australiens l’appellent parfois Château Carton. Pendant le confinement, le château carton… a fait un carton ! Les ventes ont augmenté de plus de 20%. La raison de ce succès, elle n’est pas seulement due au fait, que c’est du vin qui n’est vraiment pas cher. C’est aussi parce qu’en cubi, le vin se conserve bien plus longtemps qu’en bouteille, jusqu’à 4 semaines après ouverture si on le garde au frigo. C’est bien pratique quand on est seul chez soi et qu’on a envie de boire un verre ou deux en mangeant mais pas de vider toute une bouteille.
Moins d’alcool consommé mais plus de vin acheté au Royaume-Uni
Il semblerait bien que privés de bière au pub, les britanniques se soient rabattus sur le vin à la maison. Pendant chaque confinement, les ventes de bouteilles ont augmenté d'environ 25% par rapport à l'année précédente. Jusqu'à +39% pour le rosé au printemps dernier. Il faut toutefois relativiser, ce n'est pas parce qu'ils ont acheté plus de vin au supermarché que les britanniques ont bu plus d'alcool. Fermeture des bars oblige, leur consommation totale a diminué de moitié et les ventes de bières et de cocktails sans alcool ont d'ailleurs augmenté de 30% sur la même période. Le vin consommé en Grande-Bretagne provient principalement de France. Le pays est le deuxième plus gros importateur de vin français après les États-Unis. Néanmoins le confinement a entraîné un véritable regain d'intérêt pour la production locale : les supermarchés Waitrose ont vu leurs ventes de vin anglais grimper de 40%.
Avec le réchauffement climatique, le sud-est de l'Angleterre ressemble à la région Champagne-Ardenne d' il y a une trentaine d'années. Le nombre de vignobles a quadruplé depuis l'an 2000 et ils ont produit plus de 10 millions de bouteilles en 2019. Ça reste bien loin des 4 milliards de litres produits en France. Certains espèrent que le Brexit va booster la production nationale d’autant que la qualité de celle dernière s’améliore. Dans le top 50 du prestigieux prix Decanter on retrouve cette année un Chardonnay du Kent et un mousseux du Sussex. La reine Elizabeth elle-même a fait planter son propre vignoble à deux pas du château de Windsor.
Les Québécois se tournent vers les vignobles locaux
Au Québec, la consommation d’alcool est en hausse. C’était le cas pendant le premier confinement, et la même tendance semble se dessiner depuis début octobre. La majeure partie de la population doit en effet éviter les contacts et rester à la maison depuis maintenant six semaines. À défaut de pouvoir fréquenter les bars, désormais fermés, les Québécois se tournent vers les vignobles locaux. Jamais les producteurs de vin made in Québec n’ont vendu autant de bouteilles aux clients d’ici. Au point que certains se sont fait littéralement vider leurs caves. En plus, l’automne a été très beau, rendant la visite au vignoble très bucolique au temps des vendanges. La cuvée 2020 s’annonce d’ailleurs excellente après un été où le soleil a dominé. L’enthousiasme des Québécois pour le produit de la vigne locale s’inscrit dans une véritable vague d’amour pour les produits locaux, un phénomène important depuis le début de la pandémie. Ceci dit les Québécois ne se montrent pas chauvins en matière d’alcool.
Globalement, leur consommation a même pas mal augmenté depuis le début de la pandémie. Une étude effectuée à Montréal montre qu’une personne sur trois consomme davantage d’alcool qu’avant le mois de mars. Et que 27% des habitants de cette métropole lèveraient le coude chaque jour, contre 11% en période hors COVID. L’association qui regroupe les médecins québécois s’inquiète pour ses membres. Sur son site, les praticiens disposent d’informations pratiques très claires montrant le nombre de verres de vin et de bières à ne pas dépasser pour rester dans une consommation modérée. La fiche, très pédagogique, incite les médecins à s’interroger sur les raisons qui les motivent à boire. Est-ce pour diminuer les tensions à la fin de leur journée de travail? Une manière de trouver le sommeil? Cette approche amicale vise à recommander aux médecins de prendre soin d’eux en ces temps difficiles. Après tout, comme professionnels de la santé, ils sont aux premières loges pour affronter le stress.
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