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Le congé menstruel en Indonésie et au Japon

Tous les jours, le club des correspondants décrit comment un même fait d'actualité s'illustre dans deux pays.
Article rédigé par franceinfo - Juliette Pietraszewski et Karyn Nishimura
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Une femme souffrant de douleurs abdominales. (LAURENCE MOUTON
 / MAXPPP)

Alors qu’une loi visant à instaurer un congé menstruel est en ce moment étudiée par le parlement espagnol, d’autres pays ont déjà mis en place ce droit depuis un certain temps.

Par exemple, en Indonésie, un tel congé d’un à deux jours de congés par mois a été accordé aux travailleuses par une loi de 2003, qui était en réalité la mise à jour d’une législation de 1948, c’est-à-dire trois ans après la déclaration d’indépendance de l’Indonésie. A l’origine, la loi mentionnait la chose suivante pour les travailleuses : "Toute femme peut bénéficier de deux jours de congés payés par mois (…) si elle ne peut pas effectuer son travail."

Une loi voulue par le peuple indonésien et qui est apparue dans le but de protéger les travailleurs, aussi bien les hommes que les femmes. Cette loi a été modifiée sous le mandat de Megawati Sukarnoputri, première femme présidente à la tête du pays, dans le cadre de négociations entre les employeurs et les mouvements ouvriers et syndicats. Désormais, l’application du congé menstruel repose sur un accord entre d’un côté la salariée si elle ressent de la douleur et de l’autre les conventions collectives de l’entreprise. Certaines ONG de défense des droits des femmes considèrent cette politique comme une protection de la santé menstruelle et reproductive des femmes. Dans la pratique, d’autres dénoncent le fait que certaines entreprises n’autorisent parfois qu'un seul jour de congé menstruel, quand d’autres ignorent carrément la loi.

Au Japon, un droit consacré il y a longtemps mais peu utilisé

Au Japon, un pays souvent perçu comme peu enclin à donner des droits particuliers aux femmes, le congé menstruel a lui aussi été instauré il y a longtemps : on le retrouve dans l’article 68 du code du travail, dont la première version remonte à 1947. Dans sa rédaction actuelle, il précise que les employeurs doivent accepter les demandes de congés pour cause de règles extrêmement douloureuses rendant le travail difficile. Donc s’absenter plusieurs heures ou plusieurs jours par mois pour cause de menstruations difficilement supportables est un droit depuis 75 ans au Japon, et à vrai dire c’était aussi possible avant-guerre. A cette époque, l’environnement de travail pour les femmes était terriblement mauvais, les toilettes sales et on ne vendait pas des protections hygiéniques comme aujourd’hui. Travailler en ayant ses règles pouvait donc être très compliqué, voire dangereux. Ce droit de congé menstruel est resté et vaut pour tous les types d’emploi, en contrat fixe à temps plein, en CDD, à temps partiel ou en intérim. Donc l’employeur est obligé d’accepter et ne doit pas exiger de preuve comme un certificat médical. Il ne peut pas non plus limiter l’exercice de ce droit.

Voilà pour l’idéal. En réalité, dans les faits, personne ou presque n’utilise plus ce droit. Selon les statistiques du ministère du Travail et de la Santé, en 2020, seulement 0,9% des travailleuses ont utilisé ce congé menstruel. Or c’était bien plus avant. Au moment du pic, en 1965, environ 26% des travailleuses utilisaient ce droit. Paradoxalement, l’amélioration du confort de vie et la loi sur l’égalité hommes-femmes au travail de 1986 ont joué en défaveur de ce droit qui n’est accordé qu’aux femmes et qu’elles ont plus de mal à revendiquer. Ensuite, la loi ne précise pas s’il s’agit d’un congé payé ou non, donc c’est à l’appréciation des employeurs. La plupart des femmes prennent un médicament anti-douleur ou endurent, ou bien taisent le fait qu’elles ont leurs règles et prennent à la place une journée de congé payé. A noter que ce droit de congé menstruel est accordé aux femmes actives, mais pas aux collégiennes, lycéennes ni étudiantes qui aimeraient pourtant pouvoir en profiter.

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