Le poids politique des partis d'extrême droite en Allemagne, en Espagne et en Grèce
Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui, la place des partis d'extrême droite dans la vie politique en Allemagne, en Espagne et en Grèce.
Emmanuel Macron et Marine Le Pen vont donc s'affronter dimanche 24 avril. Comme en 2017, la candidate du Rassemblement national a réussi son pari de se qualifier pour le second tour de la présidentielle. En France, le parti d'extrême droite semble s'ancrer un peu à chaque scrutin plus dans le paysage politique. Une situation qui n'est pas unique en Europe. Tour d'horizon.
En Allemagne, le parti d'extrême droite AfD présent dans tous les parlements régionaux
L'extrême droite avait connu, en Allemagne, une forte progression après 2015 et l'arrivée de près d'un million de réfugiés dans le pays. Le parti d'extrême droite AfD est aujourd'hui représenté dans tous les parlements régionaux et au niveau communal. Mais le parti n'a pas su consolider sa présence aux dernières législatives de 2021, avec un résultat très décevant pour l'AfD aux élections. Le parti qui avait fait une entrée fracassante au Bundestag avec 12,6% des voix en 2017, les premières élections après ce qu'on a parfois appelé la "crise des migrants", a reculé en septembre dernier avec 10,3% des voix. Les sondages lui avaient un temps laissé espérer passer la barre des 15%. Plusieurs facteurs expliquent ce recul. Le principal reste la crise sanitaire. L'AfD a tenté de surfer sur l'opposition aux mesures sanitaires, mais cela n'a pas suffi à lui donner une assise nationale. Globalement, on peut dire que l'électorat ne l'a crédité d'aucune compétence sur ce dossier. Et puis l'AfD est traversé de courants violemment opposés, entre l'est et l'ouest du pays, entre les tenants d'une ligne proche des néo-nazis et ceux qui défendent une ligne plus centriste, pour ne pas effrayer les classes moyennes.
Avoir en allemagne un chancelier AfD est très clairement un scénario inenvisageable. Le mode de scrutin, à la proportionnelle, permet quasiment d'écarter ce scénario au niveau national. Mais la proportionnelle permet à l'AfD de siéger dans de nombreuses communes. Dans certains cas aucune décision locale n'est possible sans son aval, qu'il s'agisse de la construction d'un gymnase ou de l'ouverture d'une école. Et l'AfD exerce un véritable pouvoir par le biais des associations, dans les régions excentrées désertées par l'État. Il n'est pas rare que ce soient des militants qui tiennent les bibliothèques communales ou les garderies. De quoi alerter les services de renseignements.
En Espagne, Vox fait son entrée dans le gouvernement régional de Castille-et-Léon
Le président de droite (Parti populaire) de la région Castille-et-Léon, investi lundi 11 avril, va former un gouvernement de coalition avec l’extrême droite, avec Vox, un parti droite. Dans cette communauté autonome au nord de Madrid, le président régional sortant, le conservateur Alfonso Fernández Mañueco, a négocié la répartition des fauteuils avec Vox. Ces derniers reçoivent la vice-présidence, et trois ministères régionaux. Et en prime ils obtiennent l’application de leur programme sur des pans très emblématiques. Deux exemples. À la loi sur les violences de genre s’ajoutera une autre loi sur les violences intrafamiliales, une manière pour Vox de nier le caractère spécifique des violences faites aux femmes. À la loi sur la mémoire historique, qui concerne le franquisme, s’ajoutera une loi dite de concorde, une manière de ne surtout pas faire de distinction entre ceux qui défendaient la République et ceux qui ont soutenu la dictature.
La gauche critique avec force cet accord, elle cite notamment le cordon sanitaire en France. "Un jour seulement après que la droite française a dit non à l’extrême droite, vous, le Parti populaire, vous avez ouvert les portes à l’extrême droite, affirme le dirigeant socialiste régional, Luis Tudanca. Vous avez ouvert les portes de la Castille-et-Léon et de son gouvernement à ceux qui veulent remettre en question les droits des femmes ! La gauche est indignée, mais c’est à peu près tout. Les électeurs de droite ne tiennent pas rigueur au Parti populaire de passer ces accords, ils font en général le parallèle avec les accords entre socialistes et Podemos, ou entre socialistes et indépendantistes basques ou catalans.
En grèce, la présence de trois ministres d'extrême droite au gouvernement
La Grèce et l'extrême droite c'est une vielle histoire. Il y a eu dans le passé la dictature des colonels en 67 puis le parti néo-nazi grec qui a siégé au parlement de 2012 à 2019. L'extrême droite en Grèce est une constante qui au fil des élections prend un aspect des plus respectables. Trois ministres dans le gouvernement libéral actuel en sont issus. le ministre des Investissements Adonis Georgiadis vient d'un parti xénophobe et antisémite, le Laos tout comme Thanos Plevris ministre de la Santé violemment anti-migrant, et Makis Voridis, ministre de l'Intérieur. Ce dernier est par ailleurs ami personnel de Jean-Marie Le Pen. Lorsqu'ils ont été nommés la communauté juive du pays, s'en est inquiétée. Ils ont du faire amende honorable. Adonis Georgiadis s'est même fendu d'un voyage très médiatisé au camp d'Auschwitz.
Ces ministres expriment l'extrême droite la plus radicale qui a toujours été présente dans le parti de la Nouvelle Démocratie actuellement au pouvoir. Automatiquement et cela se traduit par une politique de plus en plus restrictive envers les réfugiés, exception faite des ukrainiens. Mais aussi par une police de plus en plus débridée et des droits syndicaux de plus en plus restreints. Il y a d'autres partis d'extrême droite dans le pays. Le parti de la solution grecque siège au parlement alors que le parti néo-nazi Aube Dorée existe toujours et, de prison, ses anciens députés ont formé deux autres partis. Pas de doute l'extrême droite a bien le vent ne poupe en Grèce.
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