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Les bonnes relations qu'entretient Emmanuel Macron avec l'Allemagne, l'Italie et les Pays-Bas

Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui direction l'Allemagne, l'Italie et les Pays-Bas pour comprendre quelles relations entretiennent les dirigeants de ces pays avec Emmanuel Macron. 

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Le président de la République Emmanuel Macron au conseil européen à Bruxelles (Belgique), le 20 février 2020. (ARIS OIKONOMOU / AFP)

Pour garantir la réussite de la présidence française de l'Union européenne du 1er janvier au 30 juin 2022, Emmanuel Macron peut s'appuyer sur des partenaires européens : l'Allemagne en premier lieu, mais aussi l'Italie et les Pays-Bas. 

Bientôt la fin d'une belle histoire entre Emmanuel Macron et Angela Merkel

Ils se tutoient, elle lui donne du "cher Emmanuel" et lui du "chère Angela". Emmanuel Macron reçoit Angela Merkel jeudi 16 septembre à l'Élysée. Un dîner d'adieu en quelque sorte puisque la chancelière allemande s'apprête à quitter le pouvoir. Lors de sa dernière visite à Berlin au début de l'été, le chef de l'État français définissait ainsi la relation bilatérale : "Le couple franco-allemand agit avec d'une part le respect de tous les partenaires européens, mais aussi avec la volonté d'améliorer de manière très concrète la vie de nos concitoyens. Ensemble nous avons continué de bâtir des résultats". 

Pour la première fois depuis bien longtemps la France et l'Allemagne peuvent s'enorgueillir de ne pas avoir été simplement un couple, le traité de l'Élysée signant la réconciliation date de 1963, mais un moteur avec cette proposition commune en pleine pandémie au printemps 2020 pour mutualiser la dette en Europe. "Nos deux pays ont joué un rôle décisif pour surmonter la crise et dessiner les contours d'une nouvelle Europe. Nous avons décidé ensemble de faire une relance et nous avons ensuite mis deux mois pour convaincre nos partenaires européens. On a souvent mis des années à faire beaucoup moins", souligne Emmanuel Macron. 

L'impatience du président français au début de son mandat et son discours de la Sorbonne, resté longtemps sans réponse de Berlin, s'est donc d'abord heurtée à la prudence de la chancelière et au calendrier électoral. L'Allemagne ne s'est dotée d'un nouveau gouvernement qu'au printemps 2018. Puis tout s'est accéléré. "On peut dire que depuis l'adoption du traité d'Aix-la-Chapelle, le 22 janvier 2019, notre coopération est désormais encore plus étroite et elle s'approfondira davantage à l'avenir", a déclaré Angela Merkel.

Des seize années de mandat d'Angela Merkel, l'histoire, au sens de la relation franco-allemande, retiendra surtout ces deux dernières années comme un véritable tournant. La grande inconnue désormais est de savoir qui dans quelques mois, s'assiéra sur les deux sièges du tandem, tant du côté allemand que du côté français ? Les Allemands votent dans dix jours. Le résultat est si incertain que cela risque de déboucher sur de longs mois de négociations pour la formation d'un gouvernement de coalition. En France, l'élection présidentielle sera organisée les dimanches 10 et 24 avril prochains. 

La "French connection" du président du Conseil italien

Le président de la République est également assez proche du chef du gouvernement italien. La presse italienne ne cesse de mettre en exergue la bonne entente entre Mario Draghi et Emmanuel Macron. Elle n'est pas la seule puisque l'hebdomadaire allemand Der Spiegel avait affublé leur tandem d'un surnom "Dracon", fusion alambiquée de leurs deux noms. Les journaux italiens insistent sur la convergence des points de vue entre les deux anciens banquiers, devenus leaders de leur pays respectifs. Ils n'ont pas hésité à parler de la "French connection" de Mario Draghi à Paris, où l'ancien patron de la Banque centrale européenne disposerait d'une véritable galaxie de soutiens. Lors des premiers Conseils européens, suite à l'arrivée au pouvoir de Mario Draghi, la France et l'Italie ont en effet fait front commun sur différents thèmes, allant du protectionnisme sur les vaccins au renforcement de la défense et de la sécurité.

Cette bonne entente s'est renforcée avec le temps. Elle s'est exprimée encore au début du mois de septembre avec le dîner entre Emmanuel Macron et Mario Draghi à Marseille. Les deux dirigeants ont évoqué la situation en Afghanistan, mais aussi les dossiers bilatéraux en vue de la préparation de la prochaine présidence française de l'Union européenne : avec le départ d'Angela Merkel de la scène européenne et alors que le président français joue sa réélection dans quelques mois, le président du Conseil italien fait figure de pôle de stabilité en Europe.

Sur la réforme des règles européennes en matière budgétaire, sur la crise migratoire ou encore sur le renforcement de l'autonomie européenne en matière de défense, l'Italie veut croire que le couple franco-italien prendra le relais du couple franco-allemand comme moteur de l'Union européenne. En tout cas, en attendant de connaître le nom du futur chancelier allemand. 

Le Premier ministre néerlandais, un allié au sein du Conseil européen ?

Quand Emmanuel macron a accueilli Mark Rutte le 31 août à l'Élysée, il a décrit leur relation comme extrêmement forte et harmonieuse, depuis le début. Les deux hommes ont multiplié les rencontres en France et aux Pays-Bas, avec en particulier des dîners en tête à tête. Emmanuel Macron et Mark Rutte se parlent sans le truchement d'un interprète et on affirme qu'ils ont une vraie relation personnelle.

La France a un réel intérêt à s'entendre avec les Pays-Bas, un poids lourd qui joue au-dessus de sa catégorie au sein du Conseil européen. Mais les deux pays ont des désaccords. Par exemple le Premier ministre néerlandais a refusé cette année, l'idée d'Emmanuel Macron d'organiser un sommet européen avec Vladimir Poutine. Il y a eu surtout la difficile négociation du budget européen. Un compromis a cependant réussi été trouvé, entre les ambitions françaises pour la relance et le club des "frugaux", emmenés par les Pays-Bas.

Aujourd'hui, Emmanuel Macron et Marc Rutte affichent une forme de complicité. Dans la déclaration de l'Elysée du 31 août, ils ont lancé un mécanisme de consultation franco-batave régulière, au même niveau que ce qui se fait avec l'Allemagne. Le chef du gouvernement néerlandais a expressément promis le soutien des Pays-Bas pour la présidence française de l'Union européenne en 2022. Mais Mark Rutte n'est pas tout à fait certain de pouvoir la tenir sa promesse car pour le moment il est aux affaires courantes mais son gouvernement est démissionnaire depuis janvier. Son parti semble tenir la corde pour être présent dans plusieurs scénarios de coalitions gouvernementales possibles. Mark Rutte, Premier ministre depuis dix ans, pourrait très bien rester à son poste. Mais les négociations traînent depuis les législatives de mars et pour l'instant, rien de concret ne se dessine.

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