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Les économies mondiales face à l'inflation : la Russie souffre, la Chine maîtrise

Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qu'il se passe ailleurs dans le monde. Mercredi 16 février, direction Moscou, où l'inflation bat des records ; et Pékin, où le phénomène est maîtrisé.

Article rédigé par franceinfo - Sylvain Tronchet, Sébastien Berriot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Une femme achète des fruits sur un marché de Moscou (Russie) le 15 décembre 2021  (KIRILL KUDRYAVTSEV / AFP)

L'Europe est depuis quelques mois confrontée à un retour de l'inflation. Les prévisions pour 2022 font état d'une hausse des prix de 3,5% en moyenne dans la zone euro, notamment en raison de la flambée des cours de l'énergie. En France, après avoir déjà atteint 2,9% sur un an en janvier, l'inflation devrait atteindre "entre 3% et 3,5%" au premier semestre 2022, a estimé l'Insee mardi 8 février. 

Mondialisation oblige, d'autres pays sont également confrontées à cette poussée inflationniste. Mais certains s'en tirent mieux que d'autres.

En Russie, record battu

De janvier 2021 à janvier 2022, l'inflation a atteint 8,7%. Cela n'était pas arrivé depuis 2016, et c'est plus du double de l'objectif affiché par la banque centrale. À ce moment-là, la Russie payait le prix des sanctions imposées par l'Occident, consécutivement à l'annexion de la Crimée. Les prix s'étaient ensuite stabilisés mais la pandémie les a fait repartir à la hausse, et tout particulièrement le prix des produits alimentaires. Le prix des pâtes et devenu un enjeu politique en Russie, parce qu'il augmente encore plus vite que l'inflation. L'an dernier, l'huile de tournesol a pris 70%, les pommes de terre 40%... La hausse des prix est un sujet majeur dans la Russie d'aujourd'hui.

Face à cette situation, le gouvernement a introduit des quotas d'exportation des produits agricoles pour tenter de favoriser le marché russe, ainsi qu'un contrôle du prix de certaines denrées alimentaires. Mais cela ne fonctionne pas très bien, et c'est en outre très contesté par les milieux économiques. La directrice de la banque centrale de Russie, Elvira Nabiullina, a ouvertement critiqué cette politique, ce qui n'est pas si courant ici, venant d'une très haute responsable d'institution. 

Un risque politique pour le pouvoir russe

La situation présente même probablement plus de danger pour le Kremlin que les problèmes de libertés individuelles par exemple. L'inflation, c'est un sujet douloureux pour beaucoup de Russes, qui se souviennent des années 1990-2000, les années terribles de la Russie, où la hausse des prix a pu atteindre 10 000% par an ! La hausse des prix, la paupérisation étaient au centre des dernières grandes manifestations en Russie à l'été 2020, au moment de l'empoisonnement d'Alexei Navalny...

Interrogé sur le sujet, en décembre lors de sa conférence de presse annuelle, Vladimir Poutine s'en était sorti par une pirouette en affirmant que l'inflation en Russie n'était pas si importante que cela, qu'il y avait pire ailleurs. Il n'est pas évident que ce genre d'arguments puisse fonctionner indéfiniment.

En Chine, inflation maîtrisée

Contrairement aux autres grandes économies de la planète, les derniers chiffres publiés par le Bureau national des statistiques sont plutôt bons. Rien à voir avec la situation dans la zone euro, ou aux Etats-Unis. En janvier, les prix à la consommation, principal indicateur de l’inflation, ont augmenté de seulement 0,9%.  Évolution identique à celle constatée sur l’ensemble de l’année 2021.

Et pourtant le spectre de l’inflation était bel et bien présent en Chine, il y a de cela encore moins d’un an et demi. Suite à l’arrêt du pays à cause de la pandémie de Covid-19, les prix avaient grimpé de 2,4% en 2020. Mais grâce à des mesures destinées à contenir la flambée des prix des matières premières, le gouvernement chinois est parvenu à inverser la tendance, pour aboutir à une inflation aujourd’hui extrêmement limitée, qui fait envie au reste de la planète.

Les prix des produits alimentaires en baisse

Si l’inflation est jugulée, c’est avant tout parce que les prix des produits alimentaires dans les magasins sont nettement à la baisse en Chine : -3,8% au mois en janvier. Et cette diminution semble inscrite dans la durée. Si on prend par exemple la viande de porc, de loin la plus consommée dans le pays, on voit que la baisse des prix  est continue. Sur un an, elle atteint presque 37%.

Cela change vraiment la vie des Chinois quand  ils vont faire leurs courses. Ces dernières années, le prix du porc avait doublé à cause d’une épidémie de peste porcine qui a décimé les élevages.  Aujourd’hui on est revenu à des prix tout à fait raisonnables, et l’alimentation semble avoir entraîné les autres secteurs. 

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