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Présidence française de l’Union européenne : quelles sont les attentes en Italie et en Hongrie ?

Depuis le 1er janvier, la France assure la présidence tournante de l’Union européenne. Emmanuel Macron doit prononcer mercredi un discours devant le parlement européen de Strasbourg. Direction l’Italie et la Hongrie où les attentes de cette présidence sont différentes.

Article rédigé par franceinfo - Bruce de Galzain et Florence La Bruyère
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6 min
Emmanuel Macron au parlement européen, le 17 avril 2018. Photo d'illustration. (FREDERICK FLORIN / AFP)

Emmanuel Macron présentera, mercredi 19 janvier, les objectifs de la présidence française de l'Union européenne devant le Parlement européen à Strasbourg. Le président de la République française aura vingt minutes pour exposer sa vision de l’Europe, avant de se plier à deux heures trente de questions-réponses avec les députés européens.

>> L'article à lire pour tout savoir sur la présidence française de l'Union européenne, qui a débuté le 1er janvier

Emmanuel Macron avait déjà dévoilé début décembre sa vision d’une Europe souveraine et progressiste, avec ce slogan “Relance, puissance, appartenance". Comment sont perçues les positions françaises dans d’autres pays européens notamment en Italie et en Hongrie.

L’Italie et la France alliées contre les pays frugaux

Rome semble totalement partager la vision française notamment sur le pacte de stabilité. Il s’agit d’une bataille de Mario Draghi qui a déjà dirigé la Banque centrale européenne. C'est pour l'Italie une priorité et le président du Conseil est en première ligne avec Emmanuel Macron sur la relance de l'économie également et la lutte contre la pandémie de Covid-19. La France et l'Italie sont donc sur la même longueur d'onde : Emmanuel Macron et Mario Draghi veulent des règles souples pour favoriser le financement des projets de transition écologique et numérique. Pour cela, "il est inévitable que le pacte de stabilité soit changé", disait déjà Mario Draghi début décembre au moment où il signait avec la France le traité du Quirinal, le premier traité bilatéral entre les deux pays alors que jusque-là il n'y avait qu'un traité, le franco-allemand. Puis fin décembre, les deux hommes Mario Draghi et Emmanuel Macron ont également lancé une tribune dans le Financial Times pour réformer les règles budgétaires.

Mais la France et Italie ne sont-elles pas un peu seules, malgré la présidence française pendant six mois. Il est sûr que les frugaux reviennent dans le jeu. On voit bien que l'Autriche et les Pays-Bas tentent de convaincre les plus petits pays du nord de l’Europe et l’Allemagne. Pour l’instant, cette dernière semble incertaine même si le ministre des Finances allemand sera difficile à convaincre par les Français et les Italiens. Bruno Lemaire pourtant met la pression, dans La Repubblica et d'autres grands journaux européens en début de semaine il a estimé "obsolète" la règle de la dette publique. Il a aussi vanté les mérites de Mario Draghi qui a joué un rôle décisif dans la relance de l'économie italienne. C’est vrai que Mario Draghi est particulièrement respecté en Europe.    

Ce qui lie aussi les deux pays pendant ce semestre européen, ce sont des échéances électorales présidentielles. Là encore, il y a une analogie entre la France et l’Italie. Les italiens d'ailleurs estiment qu'Emmanuel Macron va se servir de la présidence de l’UE comme tremplin pour sa candidature à la présidentielle. Le semestre européen sera donc court mais en Italie aussi il y a une élection présidentielle en 2022, et même dès la semaine prochaine. L’élection est différente dans la péninsule italienne, il y a 1 000 grands électeurs et le président italien ne gouverne pas mais il est le recours, le sage, en cas de crise politique et en Italie c'est souvent le cas. Mario Draghi est dans la course mais certains homologues européens préféreraient le voir rester à son poste quitte à viser la Commission européenne dans deux ans.

En Hongrie, une présidence vue d’un mauvais œil

Le premier ministre hongrois est un souverainiste et un eurosceptique. Pour Viktor Orban, cette présidence française n’est pas vraiment une bonne nouvelle alors qu’il est le principal opposant de Macron sur la scène européenne. D’un côté, on a un président français, qui se pose en champion d’une Europe progressiste, qui évoluerait vers une Europe fédérale. De l’autre, l’homme fort de Budapest, qui veut moins de pouvoirs pour l’Europe et plus pour les parlements nationaux. Selon Istvan Hegedüs, président de la Société hongroise pour l’Europe, Viktor Orban ne voit pas d’un bon œil les réformes prônées par le locataire de l’Elysée : "Si Emmanuel Macron lance des réformes dans les mois qui viennent, cela peut être un problème pour Orban qui s’oppose à des changements. Il ne veut pas que les États membres puissent décider à la majorité qualifiée."

"Viktor Orban veut que la Hongrie garde un droit de veto. Il déteste l’idée d’une Europe souveraine ! Lui, il se bat pour une Hongrie souveraine.”

Istvan Hegedüs, président de la Société hongroise pour l’Europe

à franceinfo

Ce droit de veto, Viktor Orban ne s’en prive pas. Il a mis son veto à plusieurs initiatives de l’Europe, notamment les déclarations qui condamnaient la politique de la Chine à Hong Kong. Sur beaucoup de questions la prise de décisions se fait à l’unanimité des États membres. Mais pour passer au vote à la majorité qualifiée, il faudrait un nouveau traité qui devrait être signé à l’unanimité.

Cette réforme prendrait donc beaucoup de temps. Six mois ne suffiront pas mais la présidence française pourrait l’enclencher. Les Hongrois pro-européens sont plutôt confiants. Ils pensent que le climat est favorable pour ça, Non seulement parce que que la France préside l’Union européenne, mais aussi car l’Allemagne a un nouveau gouvernement progressiste. “J’espère que la présidence française, le nouveau gouvernement allemand, et les autres gouvernements, auront le courage de faire avancer l’Europe, avance Istvan Hegedüs. Orban et son homologue sont en minorité ! Les autres devraient assumer le fait qu’ils ont la majorité. Ils ne devraient pas avoir peur d’Orban." Il faut noter qu’il y aura des élections législatives en Hongrie le 3 avril. L’opposition pourrait se saisir de ce thème face à Viktor Orban qui brigue un quatrième mandat.

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