Régulation des Gafam, réforme de l'espace Schengen... Ce qu'il faut retenir de la conférence de presse d'Emmanuel Macron sur la présidence française de l'UE
Le chef de l'Etat a présenté, jeudi, ses priorités pour la présidence française du Conseil de l'Union européenne qui démarre le 1er janvier 2022 pour une durée de six mois.
"Relance, puissance et appartenance". Emmanuel Macron a dévoilé, jeudi 9 décembre, les priorités de la présidence française du Conseil de l'Union européenne (PFUE), qui débutera le 1er janvier 2022 pour une période de six mois. Durant ce semestre, Paris aura la responsabilité de faire converger les Vingt-Sept sur plusieurs dossiers-clés : la relance économique, le "Pacte vert" ou encore la régulation des Gafam (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft).
Treize ans après la dernière présidence française, cette nouvelle gouvernance interviendra en même temps que l'élection présidentielle en avril et les élections législatives en juin en France. Voici ce qu'il faut retenir du programme.
Une nouvelle pièce de deux euros
Une nouvelle pièce de deux euros va être mise en circulation à partir du 1er janvier 2022, avec un chêne et un olivier gravés, a précisé le secrétaire d'Etat chargé des Affaires européennes, Clément Beaune. Le symbole du chêne et de l'olivier, représentant "la force et la sagesse", a été dessiné par le graveur général de la Monnaie de Paris, dans une "continuité avec les pièces que nous avons, mais aussi une modernisation écologique", selon Clément Beaune.
La réforme de l'espace Schengen
"L'Europe souveraine c'est une Europe capable de maîtriser ses frontières", a déclaré Emmanuel Macron, en rappelant notamment la crise à la frontière entre la Biélorussie et la Pologne. "Pour éviter que le droit d'asile, inventé sur le continent européen, ne puisse être dévoyé, nous devons retrouver une organisation politique capable de défendre ses valeurs."
Cette réforme passera selon Emmanuel Macron par deux axes : "Une organisation et un pilotage politique à travers des réunions régulières des ministres en charge de ces questions" et un "mécanisme d'urgence aux frontières en cas de crise".
"Quand un Etat membre doit soudainement faire face à une crise qui exige de renforcer le contrôle aux frontières extérieures de notre union, il doit pouvoir compter sur l'appui de Frontex."
Emmanuel Macronen conférence de presse, le 9 décembre 2021
Cette aide entre les Etats membres passera notamment par un renfort des effectifs des policiers, gendarmes, et du matériel. Le président entend travailler avec "les pays d'origine [des migrants] et les pays de transit" pour "lutter contre les trafics, harmoniser les règles en matière d'asile et accompagner les réfugiés ou migrants".
Le renforcement de la défense européenne
"Cette présidence sera un moment de définition de ce que nous avons appelé la boussole stratégique", a déclaré Emmanuel Macron. Ce Livre blanc sur la défense et la sécurité européenne doit fixer l'état des menaces en Europe et "les orientations et ambitions" pour y répondre.
"Cette boussole stratégique a été lancée sous présidence allemande et elle aboutira lors de la présidence française lors du Conseil européen du mois de mars", a précisé Emmanuel Macron. Elle se traduira par l'élaboration d'une nouvelle souveraineté stratégique européenne, qui permettra de définir des partenariats et exercices conjoints et une organisation commune "sur les nouveaux espaces de conflictualité que sont l'espace maritime, le spatial et le cyber."
Un sommet entre l'Union européenne et l'Afrique
"Depuis mon mandat, j'ai fait de la relation avec l'Afrique une priorité", a rappelé le président. Un sommet entre l'Union africaine et l'Union européenne sera organisé au mois de février à Bruxelles. Il réunira les dirigeants des pays et des institutions de ces deux entités.
"L'objectif de ce sommet est de refonder en profondeur la relation [entre les deux continents] Elle doit s'appuyer sur plusieurs axes que nous avons préparés ces derniers mois. Refonder un New Deal économique et financier avec l'Afrique", a notamment précisé le président.
Relancer la croissance après la pandémie de Covid-19
"Il nous faut définir ensemble ce que sera 2030", a déclaré Emmanuel Macron. Deux ans après le début de la pandémie de Covid-19, "nous organiserons le 11 mars en France un sommet exceptionnel des 27 chefs de gouvernement autour de ce sujet majeur qui est, au fond, de définir le nouveau modèle de croissance européen", a précisé le président.
Cette croissance passera par plusieurs piliers : la création d'emplois afin d'éviter le chômage de masse, la construction de filières industrielles fortes (l'hydrogène, les batteries, l'espace, les semi-conducteurs...), la défense, la santé, la culture et les industries culturelles et créatives.
D'ici le mois de mars, une série de plans d'investissement européens et d'alliances industrielles nouvelles seront présentés pour répondre à ces objectifs.
Un mécanisme d'ajustement carbone aux frontières
Deuxième pilier de ce nouveau modèle de croissance : "Concilier développement économique et ambition climatique", a annoncé Emmanuel Macron. Le président a notamment rappelé le projet de "Green deal" présenté par la Commission européenne en juillet 2021, qui vise à atteindre la neutralité climatique d'ici à 2050 et à réduire les émissions de gaz à effet de serre de l'UE de 55% d'ici à 2030.
Pour atteindre ces objectifs, l'exécutif européen souhaite mettre en place un mécanisme d'ajustement carbone aux frontières. Cet outil doit permettre à l'Union européenne de définir un seuil d'émission de gaz à effet de serre à partir duquel une activité économique est considérée comme trop polluante. Si un bien importé dans l'UE dépasse ce seuil, il sera alors soumis à un surcoût.
Un instrument de lutte contre la déforestation
Emmanuel Macron a déclaré vouloir faire "avancer les négociations sur la mise en place d'un instrument européen de lutte contre la déforestation importée" durant la présidence française de l'Union européenne.
Cet instrument "visera à interdire l'importation dans l'Union européenne de soja, bœuf, huile de palme, bois, cacao, café, quand ils contribuent à la déforestation" dans leurs pays de production, a-t-il martelé.
La régulation des géants du numérique
Concernant le volet numérique, "il y a deux textes pionniers qui seront discutés avec le Parlement et sur lequel nous concentrerons la présidence française", a annoncé Emmanuel Macron. Le premier est le "Digital Markets Act" (DMA). Il porte sur les marchés et vise à réprimer les pratiques anticoncurrentielles des grands groupes de la Silicon Valley, notamment Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft (les Gafam).
Le "Digital Services Act" (DSA) entend lui lutter contre la fraude et les contenus illégaux en ligne. Il imposera aux plateformes de mettre en œuvre des moyens pour modérer les contenus préjudiciables qu'elles hébergent.
"Qu'il s'agisse d'antisémitisme, de racisme, de discours, de haine, de harcèlement en ligne, il n'y a pas aujourd'hui de régulation internationale sur ces sujets. Ce texte sera fondateur", a annoncé Emmanuel Macron.
Une harmonisation des salaires minimums
Le président français entend également mettre en place la directive sur les salaires minimums qui définit non pas un smic européen commun, mais un salaire minimum décent dans tous les Etats membres.
Dans l'Union européenne, les salaires minimaux mensuels varient de 332 euros brut en Bulgarie à 2 202 euros brut au Luxembourg, selon les données d'Eurostat. Bruxelles voudrait inciter à une augmentation des plus bas salaires minimums pour harmoniser les niveaux de vie dans l'UE.
Un "service civique européen" de six mois pour les moins de 25 ans
"Allons plus loin et réfléchissons à un service civique européen de six mois ouvert à tous les jeunes de moins de 25 ans pour un échange universitaire ou d'apprentissage, un stage ou une action associative", a souhaité le chef de l'Etat.
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