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Tourisme : après la pandémie de Covid-19, des mesures prises en Italie, en Espagne et en Thaïlande

Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui, direction l'Italie, l'Espagne et la Thaïlande où le secteur du tourisme a décidé de réguler le tourisme de masse.

Article rédigé par Bruce de Galzain - Henry de Laguerie, Carol Isoux
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
Des bateaux naviguent sur la lagune vénitienne pendant la 46e édition de la régate d'aviron Vogalonga, à Venise, en Italie, le 5 juin 2022. (ANDREA MEROLA / MAXPPP)

En ce 1er juillet, c'est le début des grandes vacances pour certains, dans un contexte de reprise post pandémie de Covid-19. Après deux ans de crise, le secteur du tourisme a opéré certains changements. Exemple en Thaïlande, en Espagne et en Italie.

 À Venise, une taxe pour visiter la ville

En Italie, le tourisme est reparti de plus belle et notamment dans les villes d'art comme Venise, la sérénissime qui a décidé de réguler le tourisme de masse. Cela fait des années que l'on en parle mais en 2019, la commune de Venise a bel et bien signé un arrêt qui rend payant l'accès à la cité. Trois ans plus tard, ce n'est pas encore le cas mais l'expérimentation débute en ce moment et à partir de janvier prochain, en 2023, il faudra donc réserver avant d'entrer dans la ville et payer une taxe. L'idée est d'inciter les touristes à visiter Venise lorsqu'il y a moins de monde. La taxe sera plus chère pendant les périodes de grande affluence, jusqu'à 10 euros, et seulement trois euros lorsqu'il n'y aura personne. La municipalité a présenté, vendredi 1er juillet, la plateforme sur laquelle les visiteurs devront s'enregistrer avec l'espoir de voir disparaître les files d'attente interminables pour rentrer dans les musées, le Vaporetto, ou même sur les petits ponts qui enjambent les canaux.

Seuls les touristes qui viennent à Venise pour la journée devront s'acquitter de cette taxe. Si vous êtes à l'hôtel, dans un appartement ou chez quelqu'un, la taxe de séjour suffira. C'est donc le touriste qui dépense peu qui est visé, celui qui ne dort pas sur place et qui au mieux déjeune. Ce voyageur sera obligé de payer pour entrer dans la ville et ainsi garantir cette forme de tourisme. Le tourisme de masse pourrait donc être réduit. Venise a aussi interdit pour trois ans l'installation de magasin à bas coût dans la cité lagunaire.

En Espagne, des mesures contre le bruit

À Barcelone, en Espagne, les autorités cherchent aussi  la formule pour réduire l'impact du tourisme. Ce n'est pas nouveau, les premières manifestations contre les touristes remontent à 2014. Depuis, la ville catalane a suspendu la construction de nouveaux hôtels et interdit les locations airbnb pour ceux qui n'ont pas de licences touristiques. L'accès au Parc Guell est devenu payant, les trottinettes électriques en libre-service sont interdites, Uber n'a pas le droit de cité...La liste est encore longue et pourtant, le tourisme reste la principale source de nuisance pour nombre d'habitants comme Carmen. Elle habite derrière le marché de la Boqueria : "C'est horrible parce que dans le centre, c'est surtout un tourisme de 'cuite' qui vient. Ils urinent, ils vomissent… ils ne respectent absolument rien !"

Face à ces nuisances, la mairie de Barcelone a donc mis en place de nouvelles règles cet été. Cela concerne les touristes qui se promènent avec des guides. Les groupes sont désormais limités à 15 personnes. Ils devront respecter un sens de circulation dans 24 rues du centre-ville et ne sont plus les bienvenus dans les marchés le week-end. Le mégaphone est également interdit.

D'autres mesures sont prises contre le bruit. Pour le maire adjoint Jordi Rabassa, en charge du centre-ville, il est urgent d'agir : "Ce décret cherche à réguler, à mettre de l'ordre. Il faut qu'il y ait moins de touristes dans la vieille ville. C'est indispensable si on veut réellement vivre en harmonie. Ça ne veut pas dire qu'on rejette les touristes, mais en effet, je pense qu'il en faut moins."

Enfin cet été, les vélos taxis, ces pousse-pousses très prisés des touristes sont interdits en bord de mer.

La Thaïlande protège ses trésors écologiques

En Thaïlande – pays qui recevait jusqu'à 40 millions de touristes par an avant la pandémie de Covid-19 – la crise sanitaire a été l'occasion pour les Thaïlandais de redécouvrir leur pays. Aujourd'hui beaucoup souhaitent trouver un moyen pour concilier le retour des touristes et la protection de l'environnement.

Il y a des changements d'attitudes radicaux, comme par exemple à Maya Bay, cette plage mythique du sud du pays qui a été fermée au tourisme pendant plusieurs années et a rouvert il y a quelques mois avec des restrictions drastiques. Pas plus de quelques centaines de personnes sur la plage, chaque touriste n'est autorisé à rester qu'une heure et surtout, la baignade est désormais interdite, seules les photos au bord de l'eau sont autorisées. C'est la rançon de la protection de la vie sauvage, car depuis sa réhabilitation, la baie a vu revenir plusieurs espèces de requins qui rendent désormais la nage dangereuse.

Ce modèle serait difficile à établir partout dans le pays. C'est une réflexion en tous cas qui fait son chemin. Et ce n'est pas qu'une question de protection de l'environnement, car beaucoup de Thaïlandais ont redécouvert les beautés naturelles de leur pays pendant la pandémie. Ils se sont aussi réappropriés certains endroits confisqués par le tourisme de masse. Des lieux qui étaient auparavant fréquentés par une forte majorité de touristes, comme la rue Kao San à Bangkok, sont devenus des rendez-vous de la jeunesse locale. Et on sent qu'il y a une volonté de réinvestir certains endroits pour éviter les situations d'enclaves touristiques du passé.

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