Limaces, pucerons, chenilles : comment protéger son jardin, sans utiliser de produits trop toxiques

Que valent les produits anti-insectes que l'on trouve en grande surface et en magasins spécialisés, pour lutter contre les insectes et les "mangeurs" de laitues. Principal constat, selon le magazine de l'INC : leur spectre d’action est parfois trop large.
Article rédigé par Catherine Pottier, Ersin Leibowitch
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Pour lutter contre les limaces et autres pucerons, les jardiniers amateurs ne peuvent utiliser que des produits portant la mention EAJ (Emploi Autorisé dans les Jardins). (KONRAD WOTHE / IMAGEBROKER RF / GETTY IMAGES)

Le printemps est bel et bien là (même si les températures nous en font douter), et avec le printemps et l'arrivée des beaux jours, la floraison dans les jardins, mais aussi l'arrivée des p'tites bêtes, des pucerons et autres limaces, qui s'attaquent aux plantes et font disparaître les premières laitues. Le magazine 60 Millions de consommateurs en ce mois de mai, compare 40 produits, mais pas n'importe lesquels, seulement ceux que les jardiniers amateurs peuvent utiliser.

franceinfo : La réglementation est stricte sur ce point ?  

Sylvie Metzelard, rédactrice en chef à 60 Millions : Oui, les jardiniers amateurs ne peuvent utiliser que des produits portant la mention EAJ (pour Emploi Autorisé dans les Jardins). Cela correspond à des produits qui ne sont pas des produits phytopharmaceutiques de synthèse.

Cela regroupe des produits dits "à faible risque", comme le phosphate ferrique par exemple, pour lutter contre les escargots et les limaces ; ce sont aussi les produits inscrits sur une liste dite de "biocontrôle", qui inclut notamment des phéromones, des micro-organismes (des bactéries, des champignons…) et diverses substances naturelles, dont les huiles essentielles ou l’huile de colza, ou des insecticides chimiques d’origine naturelle.  

Et puis, il y a des règles à respecter aussi en utilisant ces produits... 

Oui, même s’ils sont d’origine naturelle. Par exemple, il est interdit de les utiliser à moins de 5 mètres d’un point d’accès aux eaux souterraines, et ils ne doivent pas être versés dans des bouches d’égout, des caniveaux, des canaux, des fossés, des mares ou des bassins de rétention d’eau pluviale. 

Bon le premier enseignement de votre enquête c'est que les principes actifs sont souvent les mêmes ?

Oui, et ce n’est pas très étonnant car développer de nouvelles substances actives innovantes, c’est extrêmement coûteux, sans parler des procédures d’homologation, avant l’autorisation à la vente qui peuvent être longues. 

Ça veut dire que ce n'est pas la peine d'acheter différents produits, même si les emballages indiquent des spécificités différentes ? 

C’est tout à fait cela. Un produit insectes polyvalents de notre test, par exemple, a exactement la même composition qu’un produit anti-pucerons et un autre anti-cochenilles de la même marque.  

Mais est-ce que les produits que vous avez testés fonctionnent tous de la même manière ?  

Non, certains produits agissent en tuant les petites bêtes, en bloquant leur système nerveux ou en les engluant, par exemple. D’autres les éloignent. Il y a aussi des petites bêtes qui se délectent d’autres, comme les coccinelles – et surtout, les larves de coccinelles – que vous pouvez acheter pour lutter contre les pucerons ou les cochenilles. Ou les petits vers nématodes contre les chenilles du verger. 

Bon mais le problème c'est que l'on peut vouloir se débarrasser de certains insectes mais en protéger d'autres, est-ce que ces produits représentent un danger pour les abeilles par exemple ? 

De nombreux produits ne sont pas sélectifs pour un agresseur donné. Vous pouvez éliminer des limaces avec des produits à base de phosphate de fer, par exemple, mais aussi, dans une moindre mesure, tuer des vers de terre, qui sont importants pour l’équilibre de la terre de vos plantations.

Les huiles qui engluent et tuent les cochenilles et les pucerons, ou les pyréthrines qui perturbent le système nerveux des insectes, peuvent aussi être fatales à tous les insectes pollinisateurs, dont nos abeilles bien-aimées.   

Et pour l'homme, est-ce qu'il faut les manipuler avec précaution ?

Oui, les pyréthrines ne sont pas complètement sans risques pour les humains, mais c’est plutôt léger car pour les jardiniers amateurs, les pyréthrines de synthèse ne sont pas autorisées. 

La question qu'on se pose évidemment, c'est l'efficacité de tous ces produits, votre essai est concluant ou pas ?  

La plupart du temps, les produits ont de bonnes chances d’être efficaces, si on les utilise de la manière préconisée par les fabricants. À condition donc, de mettre la bonne dose, au bon endroit, et au bon moment. 

Avant d'acheter un produit que faut-il regarder en priorité sur l'étiquette, est-ce que les informations sont toujours bien inscrites ? 

Il faut regarder les composants. Si les substances actives sont identiques dans deux produits, naturellement cela ne sert à rien d’aller vers le plus cher.  Si l’on est sensible à la biodiversité, mieux vaut ne pas utiliser de produits avec des pyréthrines ou de l’abamectine, et utiliser ceux à base d’huile, au cas par cas. Pas la peine non plus d’acheter plusieurs produits pour éloigner différents insectes alors qu’ils auront la même composition. 

Et au niveau des prix, un produit cher est-ce forcément synonyme de meilleure efficacité ? 

Non, non. Les prix se tiennent à peu près par ailleurs. Il faut juste savoir que les produits dits de biocontrôle comme les nématodes ou les coccinelles sont plus onéreux mais cela peut valoir le coût de tenter ! 

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