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Seconde main : attention aux fausses bonnes affaires

Le marché de la seconde main a le vent en poupe. De nombreux sites sur Internet permettent de palier la hausse des prix et les aléas de l'inflation. Mais attention à ne pas acheter certains objets. L'enquête de Philippe Fontaine et Sylvie Metzelard pour "60 Millions de consommateurs", permet d'y voir plus clair.
Article rédigé par Maureen Suignard, Ersin Leibowitch
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Le marché de la seconde main explosent, en période d'inflation. Les consommateurs sont toujours à la recherche de bonnes affaires. Mais tout n'est pas bon à acheter dans cette économie circulaire. Attention notamment avec les vélos, les ustensiles de cuisine et bien sûr tous les objets pour enfants. (Illustration) (THIBAULT SAVARY / LE PICTORIUM / MAXPPP)

Le marché de la seconde main, c’est économique, écolo et avec la baisse du pouvoir d’achat, les vide-greniers et les sites internet comme Leboncoin permettent souvent de faire de bonnes affaires. Attention toutefois avant d’acheter, car tout n’est pas bon dans l’occasion !

franceinfo : Sylvie Metzelard, vous êtes rédactrice en chef au magazine 60 Millions de consommateurs et ce mois-ci, vous consacrez une grande enquête sur les produits qu’il ne faut surtout pas acheter d’occasion ! Quels sont les produits à fuir en priorité et pourquoi ? 

Sylvie Metzelard : Déjà, tous les ustensiles de cuisine en plastique, car on ne sait pas ce qui a été stocké dedans, et quel usage on en a fait.  S’ils ont été chauffés au micro-ondes, par exemple alors que ce n’est pas prévu pour, cela modifie leurs propriétés et, du coup, des substances indésirables peuvent migrer dans les aliments.

Prudence aussi avec les biberons, même s’ils semblent n’avoir jamais servi. S’ils remontent à avant 2015, ils peuvent contenir du bisphénol A, une substance dangereuse, qui est interdite désormais. À fuir aussi, les matelas, même impeccables en apparence, ils peuvent contenir des puces de lit, et une fois que vous l’aurez rapporté chez vous, vous serez infesté. 

Ce qu’il faut bien voir aussi, c’est qu’on ne sait pas toujours à quoi ont servi les objets qu’on achète, donc il faut être prudent !

Oui, vous ne savez pas ce qui a été mis dedans, s'il a été déjà réparé, s’il est tombé ou a subi un choc... 
 
Il faut faire attention aux poêles antiadhésives notamment, si elles sont abîmées ça peut être dangereux pour la santé ! 

Oui, déjà, si elles ont été vendues avant 2020, elles peuvent contenir du PFOA, un composé chimique susceptible de provoquer différentes pathologies. Si la poêle est abîmée, si elle a subi une abrasion, ce composé peut aller dans les aliments. C’est l’occasion de rappeler qu’une poêle rayée, d’occasion ou non, ne doit plus être utilisée. 

Quid des produits high-tech ? Est-ce que ça vaut le coup ? 

Alors pour tous les produits dotés de batteries non amovibles (enceintes, casques sans fils, montres…), mieux vaut oublier, car il y aura forcément une obsolescence, et on ne pourra pas réparer. C’est difficile de savoir quand la batterie sera morte, car ce n’est pas une question de temps, mais du nombre de charges qui aura été opéré, quand vous récupérerez l’objet. Du coup, pour l’appareil que vous aurez acheté, c’est parfaitement aléatoire. Cela pourra être bien, comme nul. 

Et les fameux téléphones portables recyclés, c’est intéressant ou pas ? 

Au problème de l’obsolescence va s’ajouter celui des mises à jour du système d’exploitation et des correctifs de sécurité. Un téléphone de plus de cinq ans sera plus vulnérable au piratage, et certaines applis ne fonctionneront pas. On voit le problème avec la double authentification, mise en place par les banques pour sécuriser les achats en ligne, on ne peut pas le faire avec de vieux téléphones.
 

Dans votre enquête, on voit aussi que certains objets peuvent s’avérer dangereux, les casques de moto par exemple ?  

Oui, ils ont pu subir un choc, et que l’impact ne se voit pas. Donc, ils se retrouvent fragilisés. Par ailleurs, le polystyrène expansé, qui absorbe l’essentiel du choc, se comprimerait avec le temps et pourrait perdre de son efficacité. Ce qui est sûr, en revanche, c’est que le rembourrage qui touche le crâne et assure le confort se comprime, donc mieux vaut le changer quand c’est possible. 
 
Du coup, qu’est-ce qu’il faut regarder avec attention avant d’acheter un casque ou un siège auto ? 

L’absence d’impact ou de rayure, et c’est la même chose pour un casque de vélo, où il faut aussi vérifier que la mousse de la protection interne de la jugulaire soit impeccable. Et il doit avoir l’étiquette homologation CE. 

Quant au siège auto, nous déconseillons l’achat d’occasion, car même en cas de choc léger, les fixations qui se connectent à la boucle de sécurité, les sangles et les dispositifs d’absorption d’énergie peuvent être fragilisés, voire rendus inefficaces. Or, c’est quasi indétectable. 
 
Alors, il y a aussi les vélos et les trottinettes électriques, c’est la pleine saison, là aussi il faut être vigilant ? 

Oui ! Les batteries des vélos électriques les plus anciens ne dépassent guère 1000 cycles de charge contre 2000 avec les vélos d’aujourd’hui. Vu le prix d’une batterie, il faut bien réfléchir. Pour les trottinettes, il faut impérativement voir et essayer le modèle choisi ; il faut demander au vendeur de charger la batterie à fond, s'il arrive avec moins de 80% affiché, cela peut vous alerter.   

Méfiez-vous aussi, si le véhicule semble un peu abîmé, et présente très peu de km au compteur. Il a pu être réinitialisé. Vérifiez qu’il n’y a pas de trace de choc ou d’oxydation au niveau des connecteurs, vous risquez un court-circuit. Et bien sûr, on n’achète pas un vélo ou une trottinette sans son chargeur de batterie, c’est signe que l’engin a sans doute été volé ! 

De manière générale, les Français sont séduits par ce concept de seconde main et d’économie circulaire ?   

Oui, globalement, si tout le monde ne voit pas encore ce qu’est précisément l’économie circulaire, la seconde main parle à tous, mais ce qui intéresse le plus, aujourd’hui, c’est la réparabilité des objets. Mais encore faut-il que nos objets soient réparables !

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