Votre banque est-elle un modèle de vertu ?
Le magazine 60 Millions de consommateurs met à la une de son numéro d'octobre une enquête sur nos banques. Un dossier qui met sur la sellette huit établissements financiers, afin de comparer leurs comportements éthiques. Les précisions de Lionel Maugain, chef de rubrique argent, commerce et logement pour la revue mensuelle de l'INC.
franceinfo : Qu'est-ce que vous avez regardé exactement et comment vous avez opéré ?
Lionel Maugain : On a fait appel aux associations, aux organisations non gouvernementales qui travaillent sur tous ces sujets, et notamment sur le financement des actions climaticides. Ce qui nous permet de mettre en comparaison tous les établissements sur ces critères-là. Est-ce que ma banque finance l'extraction de charbon, le nouveau projet pétrolier et gazier ? Est-ce que ma banque contribue par ses prêts à la déforestation ? Et il se trouve que les ONG, ont ces informations, et nous avons pu ainsi comparer chaque banque sur ces critères.
Et avec les banques, vous avez eu du mal à obtenir des réponses ?
Les banques, elles, ne répondent pas. Ce qui existe aujourd'hui, c'est un gros travail des ONG qui cherchent à savoir qui loge le plus ses profits dans les paradis fiscaux, parce que les consommateurs sont de plus en plus demandeurs de ce type d'informations.
On s’interroge souvent sur les secteurs d’investissements de notre banque et notamment sur ce qui peut être préjudiciable pour la planète, il y a des choix éthiques dans les secteurs qui sont privilégiés ?
Il y a une liste noire de 263 sociétés à travers le monde qui, par leur activité, contribuent à la déforestation non durable. Donc, on a simplement récupéré les montants investis par les groupes bancaires français. On a aussi les montants investis dans les nouveaux projets climaticides, liés aux énergies fossiles. Donc là encore, on a pour chaque banque cette information, et ce qui permet de choisir une banque ou une autre.
Donc les bons et les mauvais élèves, c'est un peu compliqué à résumer peut-être ?
Non, c'est assez simple à résumer, mais effectivement, il y a des bons et des mauvais élèves. Les grands groupes français, malheureusement sont des mauvais élèves sur tous ces critères : sociaux, environnementaux, fiscaux ; Crédit Agricole, Société générale, à un degré moindre Banque populaire, Caisse d'épargne. Pour la Société générale, tout est rouge dans nos tableaux.
En revanche, les banques qui ont une allégation de valeur, comme le Crédit coopératif ou Crédit mutuel Arkéa, ou encore La Banque postale s'en sortent beaucoup mieux. Donc il y a de vraies différences.
Dans le domaine fiscal, on a beaucoup entendu parler de différents scandales les Panama Papers, les Paradise Papers. Là aussi, il y a des différences d'une banque à l'autre ?
Beaucoup de différences d'une banque à l'autre, même si maintenant il semble que les banques en aient assez, qu'on leur rappelle qu'elles défiscalisent dans des paradis fiscaux, en tout cas, pas en France leurs profits. Il reste quand même des banques qui font leurs profits dans des paradis fiscaux, et d'autres qui ne le font plus du tout, comme la Banque Postale ou le Crédit Coopératif.
On a aussi beaucoup parlé du blanchiment d’argent ou du financement d’activités terroriste, c’est toujours d’actualité ou c’est une époque révolue ?
Dans le financement du terrorisme, c'est la Banque postale qui a été le plus lourdement sanctionnée financièrement pour ces faits. Et force est de constater que ça leur a servi de leçon. La Banque postale a revu tous ses processus, et effectivement, quand on fait état médiatiquement de toutes ces condamnations, ça permet que ces pratiques reculent. C'est pareil pour la défiscalisation des profits dans les paradis fiscaux. Donc plus on en parle, plus les valeurs progressent.
Et les banques en ligne, peut-on leur faire confiance sur ce plan-là ?
Les banques en ligne sont toutes des filiales des grands groupes français, donc elles ont à peu près les mêmes notes sur les critères éthiques. En revanche, les frais et les niveaux de tarification, y compris pour les personnes en difficulté, n'ont aucune commune mesure avec ce qu'on trouve dans les banques en dur. Et surtout, à l'égard des plus fragiles, il y a tout un tas de tarifications qui n'existent pas dans les banques en ligne, et qui malheureusement perdurent, et voire se développent dans les banques en dur.
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