Le débrief politique. Code du travail : la mère de toutes les batailles ?
Des militants d'En Marche pas (encore) briefés sur la réforme du Code du travail, des consultations à tout-va au sommet de l'État et Marine Le Pen siffle la fin de la récréation... Tout ce qu'il ne fallait pas rater dans l'actualité politique de lundi 22 mai avec Louise Bodet.
Code du travail : une réforme à haut risque
Le Premier ministre a annoncé, lundi, que la nouvelle réforme du Code du travail serait lancée cette semaine. L’Élysée ne prend-il pas le risque d’une nouvelle crise sociale nationale ? Cette réforme peut-elle s'imposer dans la campagne des législatives ?
Réforme du code du travail : Macron prend-il le risque d'une nouvelle fronde sociale ?
— franceinfo (@franceinfo) 22 mai 2017
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C'était une promesse d'Emmanuel Macron pendant sa campagne : recevoir les syndicats en préambule de son agenda social, quitte à mettre les mains dans le cambouis du quotidien. Le président jupitérien ouvre donc les portes du palais pour préparer ce qui s'annonce comme la mère des batailles : la réforme du Code du travail.
Sur ce sujet, le président a promis d'aller vite et il entend légiférer par ordonnances. Les syndicats dénoncent déjà un coup de force et l'été social s'annonce chaud. Quant à la gauche, elle espère sauver ce qui peut l'être aux prochaines législatives en surfant sur ce thème. "Ça ne peut pas être les élections législatives seulement un référendum sur les ordonnances Macron parce que l'enjeu est bien plus large, estime Pierre Laurent, le patron du PCF. Mais, ce qui est certain, c'est que c'est une étape essentielle dans la bataille contre le recours aux ordonnances Macron puisque, je le rappelle, ni le président de la République ni le Premier ministre n'ont la possibilité d'utiliser les ordonnances sans un vote du parlement. Donc, plus il y aura de députés qui s'engagent à refuser le recours aux ordonnances et plus nous serons en capacité de bloquer ce coup de force estival du gouvernement."
Les militants d'En marche à l'épreuve de la campagne
Les candidats d'En Marche connaissent le programme d'Emmanuel Macron et donc les intentions du président de la République. Ils ont aussi été choisis pour leur capacité à le restituer. Mais, autant le mouvement accompagne intensément ses investis pour tout ce qui concerne les démarches administratives et la logistique, autant, sur le fond, pour l'instant et sur ce front précis, on ne semble pas avoir eu le temps de les armer pour mener la bataille rue de l'Abbé Groult, dans le 15e arrondissement de la capitale (le QG de campagne d'Emmanuel Macron). "Sur le terrain, les mélenchonnistes nous attaquent déjà", confie une candidate dans le sud de la France. "Chacun prend le relais comme il peut, en s'appuyant sur son expérience personnelle", reconnaît un candidat parisien qui veut y voir une richesse et qui se rassure en se disant que, in fine, ses électeurs récompenseront une démarche qui consiste à faire ce que l'on a dit.
Du côté des opposants déclarés, on est pourtant prêt à s'engouffrer dans la brèche, à mettre la pression sur des candidats souvent novices et à faire déjà des législatives un vote couperet destiné à priver La République en marche de majorité. "Stratégie à double tranchant", estime l'entourage du président qui souligne que, si le débat se cristallise sur ce dossier, et que cela passe, la réforme en sera d'autant moins difficile à mener.
Consultations à tout-va au gouvernement
Ça consulte à tout-va au sommet de l'État. Opération portes ouvertes place Vendôme, à Paris, ce lundi avec François Bayrou. Pas pour la presse, bien sûr, mais pour les associations qui luttent pour plus de transparence dans la vie publique comme Anticor et Transparency International mais aussi le député apparenté PS et spécialiste de ces questions, René Dosière (qui a remis ses propositions vendredi dernier). L'enjeu de ces discussions à huis clos, c'est la nouvelle loi sur la moralisation de la vie publique, un engagement phare d'Emmanuel Macron.
Moralisation de la vie publique : les 12 propositions chocs de René Dosière https://t.co/eLGkiubueh pic.twitter.com/pfiHEAkAO2
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Pas de précisions, pour l'instant, sur le contenu de cette loi mais cela ne saurait tarder promet François Bayrou. "Notre agenda est très rapide puisque l'engagement est que nous déposerions un texte sur la table du conseil des ministres avant les élections législatives, a indiqué le nouveau ministre de la Justice. Notre volonté est que ce texte traite toutes les questions, pas résolues, mal résolues. Alors cela veut dire qu'on va peut-être bousculer un certain nombre d'habitudes mais en tout cas on va faire le travail sans habilité de langage, sans ruse juridique -ça arrive quelque fois- pour que les choses soient carrées et transparentes."
Après François Bayrou, c'est Gérald Darmanin, le ministre de l'Action et des Comptes publics, qui consulte. Il reçoit ces prochains jours les neuf syndicats de la fonction publique en commençant, mardi, par la CGT, la CFDT, FO et la FSU. Les échanges s'annoncent moins cordiaux que du côté de la place Vendôme car, pour les représentants des fonctionnaires, les clignotants sont au rouge : 120 000 postes en moins, des dotations aux collectivités locales amputées de 10 milliards d'euros et plus vraiment d'interlocuteur puisqu'il n'y a ni ministre ni secrétaire d'État à la Fonction publique à part entière. Gérald Darmanin va d'ailleurs recevoir les syndicats dans un ministère vide -l'hôtel de Cassini, dans le 7e arrondissement de Paris- sachant que, lui, s'est installé à Bercy.
Législatives, Le Pen a tranché
La campagne officielle des législatives a débuté ce lundi matin, dans un contexte de grande incertitude alors tout le monde fourbit ses armes. Le Front national ajuste son discours. Plus question de parler de l'euro. C'est le sujet qui fâche et qui divise le parti. Marine Le Pen a tranché. Invitée ce matin sur franceinfo, la présidente du parti affirme que la question sera réglée lors du congrès prévu l'an prochain et pas avant. Elle ne renie rien sur le fond et reste persuadé que l'avenir lui donnera raison et que l'euro va s'effondrer. Selon elle, les Français ont été apeurés à cause des médias qui ont hystérisé le débat. "C'est un chantier que nous ouvrirons après les législatives et pour une raison très simple : ce n'est pas un sujet de législatives, c'est un sujet présidentiel."
Sortie ou non de l'euro ? "Ce n'est pas un sujet de #législatives", répond Marine Le Pen #8h30aphatie pic.twitter.com/XTa23quaoz
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Le sujet divise le FN : il a remis au jour des tensions et des divisions internes. C'est secondaire pour plusieurs cadres du parti mais Florian Philippot, lui, en fait un casus belli. "Il exprime une conviction qui est une conviction forte, a assuré Marine Le Pen sur franceinfo. Après tout, il ira au bout de ses convictions. Si demain, les adhérents du Front national décidaient qu'on doit abandonner cette partie-là, il ne se sentirait plus en accord avec ses convictions. Je trouve que c'est tout à son honneur. Nous sommes des gens de convictions, nous défendons nos convictions. Mais, encore une fois, le sujet n'est pas là." Une façon de siffler la fin de la récréation au sein du front pour Marine Le Pen qui ne veut pas voir la campagne de ces candidats polluer par cette question, à commencer la sienne.
Le temps de la clarification viendra lors du congrès en début d'année prochaine. Il s'annonce turbulent. En attendant Marien Le Pen a rendossé ses habits de chef de parti pour demander le "silence dans les rangs".
Législatives, cacophonie à droite comme à gauche
"Silence dans les rangs" au Front national et ... cacophonie au sein des "vieux" partis. Côté Les Républicains, la nomination d'un Premier ministre de droite et de deux ministres de droite à Bercy complique grandement le jeu. Nombre d'électeurs risquent d'en perdre leur latin électoral. C'est encore pire au Parti socialiste qui craint une débâche comparable à celle de 1993 avec moins de 60 députés socialistes sur les bancs de l'Assemblée. Au PS, chacun fait campagne de son côté et à sa manière.
La position du Parti socialiste : "ne pas être dans la majorité présidentielle", affirme Jean-Christophe Cambadélis https://t.co/6X5H8izDlg
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Un signe ne trompe pas : le code couleur des affiches de campagne. Prenez trois anciens ministres jugés macron-compatibles, Stéphane Le Foll, Marisol Touraine et Myriam El Khomri : tous investis par le PS mais sans adversaire La République en marche, signe de bonne volonté à leur égard du parti du président. Slogan "fidèle à la Sarthe" et couleurs classiques pour Stéphane le Foll : pas mal de rouge et un petit logo du PS en bas à droite. Tonalité bleu clair, le "bleu Macron", pour Marisol Touraine et Myriam El Khomri, et un slogan qui ne trompe pas : "Avec Emmanuel Macron pour une majorité présidentielle". Pas de logo du PS pour Marisol Touraine.
Le carton rouge des militants PS pour l'affiche de la discorde de Touraine
Un carton rouge à Marisol Touraine, décerné par les militants locaux de la troisième circonscription d'Indre-et-Loire : militants socialistes et militants de La République en marche. Les socialistes sont furieux que l'ex-ministre de la Santé ait escamoté le logo du PS à sa permanence et sur ses affiches, une fois passée la date limite d'inscription en préfecture. Les militants LERM, eux, sont très mécontents de se voir privés de candidat face à Marisol Touraine. Le secrétaire d'une des principales sections PS de la circonscription appelle carrément les électeurs à voter pour la candidate Europe Écologie-Les Verts. Ou comment faire l'unanimité contre soi avec une simple affiche...
Oula! @MarisolTouraine s'est vite convertie au macronisme. Investie par le PS, il n'y a plus trace ni couleurs de son parti... pic.twitter.com/l5PEyuoy1v
— Lilian Alemagna (@lilianalemagna) 21 mai 2017
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