Le Débrief politique. Faux-plat ou risque de chute libre pour François Fillon ?
Le silence de François Fillon n'empêche pas le désordre dans son camp. L'armée réclame une augmentation de budget, et ça fait réagir. Manuel Valls entretient des relations difficiles avec certains des amis de François Hollande. Tout ce qu'il ne fallait pas rater est dans le Débrief politique de Yaël Goosz.
1Attention à la chute pour François Fillon !
François Fillon a pris ses quartiers d'hiver - et de Noël - à Val d'Isère, dans les Alpes, il est évidemment prêt à laisser au casier chaussures et bâtons en cas d'actualité brûlante.
Mais attention à la chute, en ski certes, mais aussi dans les sondages ! Sa parole est rare, mais celle de ses adversaires commence à créer un climat négatif, que ce soit sur la Syrie, la Sécurité sociale ou les fonctionnaires. Cela finit par devenir très dissonant, y compris chez Les Républicains où les langues se délient : il y a des sarkozystes de plus en plus mécontents de leur sort.
S'agit-il d'un faux-plat dans la campagne ? C'est en fait juste une pause, rectifie le député et trésorier du parti Daniel Fasquelle : "On ne peut pas être en permanence sur le devant de la scène, avec le risque de saturer l'espace médiatique, mais également de lasser. Il reviendra très fort au début de l'année prochaine."
En attendant le mois de janvier, un déplacement surprise est prévu pour la Saint-Sylvestre, mais le mystère plane sur la destination : l'hypothèse d'un voyage pour soutenir les Chrétiens d'Orient serait abandonnée, alors que l'agenda du candidat se remplit déjà pour janvier, avec un tête-à-tête prévu, à Berlin, avec la chancelière allemande Angela Merkel.
D'ici là, le candidat du parti Les Républicains aura certainement fini son déménagement : il a opté pour un nouveau siège de campagne beaucoup plus grand, 2 500 m² en open-space sur 3 étages. Il se situe près de la porte de Versailles, à Paris. Les nouveaux locaux ont une surface dix fois supérieure à celle du QG de la primaire. L'objectif du camp Fillon est de souhaiter les voeux rue Firmin Gillot - la nouvelle adresse - le 10 janvier prochain.
2Quand la "Grande Muette" sort de son silence, ça fait parler
Le général Pierre de Villiers, chef d'État-major des armées, a dit publiquement qu'il fallait plus de moyens pour faire face aux nouvelles menaces, il souhaite que le budget de la défense augmente pour arriver d'ici cinq ans à 2% du PIB.
Le nouveau patron des députés socialistes, Olivier Faure, a eu une réaction un peu embarrassée : "Je crois qu'il a gardé une expression mesurée, je ne pense pas qu'il affiche des choix, ou qu'il est dans une injonction. Il est dans la suggestion, et de ce point de vue personne ne peut le lui reprocher."
Face à la déclaration du général de Villiers, il y a ceux qui gouvernent - François Hollande a immédiatement répliqué, en rappelant l'effort budgétaire déjà consenti - et ceux qui font campagne : l'ancien premier ministre Manuel Valls, désormais candidat, surfe sur la tribune du haut gradé, il se dit d'accord pour les 2%. Entre son revirement sur le 49.3, sur les heures supplémentaires défiscalisées, et maintenant sur le budget de l'armée, on a vraiment le sentiment que la primaire vous change un homme. Après tout, il faut juste trouver 7 milliards d'euros...
Mais à ce petit concours du plus gros chèque, Manuel Valls a trouvé plus fort que lui : Marine Le Pen promet de commander un deuxième porte-avions si elle est élue.
3Relations tendues entre Manuel Valls et les amis de François Hollande
Ça se tend avec certains d'entre eux, notamment avec le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll, qui déclare dans une interview au journal Les Échos : "L'enjeu ce n'est pas l'avenir du 49.3."
Celui qui est également porte-parole du gouvernement fait une allusion explicite à la proposition faite par Manuel Valls de supprimer cet article de la constitution : "J'ai joué au football. Un tacle, c'est quand un défenseur chope le ballon à un attaquant. Le ballon que j'ai chopé, c'est celui du projet : celui de François Fillon, on le connaît ; celui de Marine Le Pen, on le connaît ; celui que nous devons porter, on ne le connaît pas encore."
Stéphane Le Foll met par ailleurs des idées sur la table, il défend le principe d'un patrimoine universel. À la question "qui soutiendra-t-il ?", il renvoie à début janvier pour la réponse.
4La note du Débrief
Zéro pointé pour François Hollande, qui recase à la Cour des Comptes son conseiller politique à l'Elysée Vincent Feltesse. Le roi récompense son fidèle serviteur : faut-il s'en offusquer, tellement ça devient banal en fin de quinquennat ?
Forcément, Vincent Feltesse n'était plus très utile à un Président qui ne sera pas candidat. Et comme ses petits camarades du PS bordelais n'ont pas voulu l'investir pour les législatives, il fallait lui trouver un autre parachute. Les mauvaises habitudes de la Ve République ont décidément la vie dure.
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