Dépenses publiques : les réduire, mais pour quoi faire ?
Gauche et droite sont à nouveau à fronts renversés, sur cette question si sensible, si passionnelle de la dépense publique. D’abord, on le sait, les résultats de la France en matière de déficit public sont un peu meilleurs que prévus, c’est une bonne surprise, 3,5% au lieu de 3,8, ce qui permet de penser que François Hollande respectera l’objectif 3% en 2017 ou peut-être même dès 2016. Ce résultat s’explique à la fois par une gestion assez solide et par des taux d’intérêt si bas qu’ils soulagent le poids du remboursement de notre dette colossale. Il n’en fallait pas plus que certains députés PS réclament à l’approche d’une année électorale des gestes supplémentaires, et brandissent l’idée pourtant totalement illusoire de cagnotte. Les autres rappelant quand même que ces dernières semaines, le gouvernement a déjà bien chargé la barque, entre l’augmentation des fonctionnaires, la garantie jeune, les aides aux agriculteurs ou la formation des chômeurs sans dire précisément comment ces nouvelles charges seraient financées.
A droite tous les candidats promettent de couper sévèrement dans la dépense…
C’est d’ailleurs sans doute pour éviter une forme de surenchère un peu démagogique que Nicolas Sarkozy a décidé d’organiser un séminaire aujourd’hui où tous les prétendants devront en dire un peu plus sur leurs intentions. Mais il y a d’abord un constat, partagé d’ailleurs, par une grande partie des économistes. En France, il n’y a pas eu à proprement parler d’austérité, c’est à dire de politique brutale, violente de diminutions des dépenses publiques : celles-ci ont continué à augmenter, c’est le rythme de progression qui a été fortement réduit. En revanche, la rigueur, on le sait s’est manifestés par un double coup de matraque fiscale, 30 milliards sous Sarkozy, et 30 milliards sous Hollande. Si l’on veut aujourd’hui vraiment débloquer l’économie française, relancer la demande et le système productif, il faudra diminuer les impôts, et pour diminuer les impôts, il faudra diminuer les dépenses, on y revient. Une coupe d’au moins 100 milliards, les prétendants à droite se sont accordés sur ce chiffre, sauf François Fillon qui irait bien jusqu’à 110 milliards. En gros l’objectif, c’est de revenir dans la moyenne européenne, où se trouvent des pays qui ont eux aussi à la fois de des bons services publics et un vaste Etat providence. La France est aujourd’hui, presque dix points au dessus de cette moyenne.
Mais comment ferait la droite ?
Là, il faut bien dire, Fabienne, que c’est encore très flou. D’abord sur la méthode : ordonnances, référendum, débat normal au parlement, tout tout-de-suite ou étalé dans le temps, chacun fera valoir sa différence, mais tous s’accordent pour dire textes et projets de lois devront être préparés à l’avance, rédigés à l’avance, pour éviter tout cafouillage. Sur le fond, il y a deux domaines ciblés : d’un côté, l’âge et les modalités de la retraite, de l’autre le poids, les statuts et le temps de travail de la fonction publique. Mais il faudra surtout donner un peu de sens à ces réformes : la seule approche comptable ne dit rien de ce qu’est vraiment aujourd’hui un Etat moderne, agile, efficace et adapté aux mutations d’un monde changeant. Ce sera le plus difficile pour la gauche, comme pour la droite.
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