En marge de la réforme des retraites, les entreprises craignent le retour de bâton sur le "partage de la valeur"
Patronat et syndicats se retrouvent pour une dernière séance de négociations sur le partage de la valeur et le patronat devrait faire des propositions. Le décryptage de Fanny Guinochet.
Le patronat aimerait bien "toper", comme on dit : conclure un accord avec les syndicats sur le partage de la valeur. Avec ce geste d'ouverture, il veut convaincre les syndicats de mettre en place des dispositifs pour inciter les entreprises bénéficiaires à mieux redistribuer les résultats de la croissance en plus des systèmes de participation et d’intéressement déjà existants, notamment, pour les sociétés de moins de 50 salariés.
Si le patronat est prêt à lâcher un peu de lest, c'est parce qu'il veut éviter à tout prix un système obligatoire, et éviter, aussi, que le gouvernement ne lui impose un dividende salarié, promesse encore floue d’Emmanuel Macron. Mais une chose est sûre : le patronat, mais aussi certains syndicats, aimeraient bien montrer au gouvernement et à l’opinion qu’ils sont capables de trouver un compromis entre eux sans que le politique ne vienne s’en mêler.
Le pouvoir d’achat
En tout cas, le patronat est plutôt discret, dans un contexte social tendu. Il reste en retrait, de peur que le gouvernement ne le mette trop à contribution, comme par exemple, en instaurant des sanctions en matière d’emploi des seniors, pour accompagner l’index qu’il veut mettre en place dans la réforme des retraites. Si le débat se durcit à l’Assemblée, il redoute aussi que la question d’une participation des entreprises, sous une forme ou une autre – telle une légère hausse de cotisation, comme le suggère le MoDem, ou une taxe exceptionnelle sur les profits – ne revienne sur le tapis.
Il faut dire qu’en ce moment, les entreprises du CAC 40 dévoilent leurs résultats de 2022 et ce sont souvent des profits record qui se comptent en milliards d’euros. De quoi alimenter les demandes d’augmentation. D’ailleurs, les patrons le disent eux-mêmes : certes, les Français sont intéressés par la réforme des retraites, mais c’est bien le pouvoir d’achat qui les préoccupe le plus, d'où des tensions et des conflits dans les entreprises.
D’ailleurs, selon les derniers chiffres publiés jeudi 9 février, de la Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), qui dépend du ministère du Travail, le salaire de base a augmenté l’an dernier de 3,8% en moyenne dans le privé pour une inflation à plus de 6%, soit un écart du simple au double.
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