Héritage : le rapport Tirole-Blanchard propose de taxer l’héritier et non pas le donateur
Il y a un an, Emmanuel Macron commandait un rapport à 26 économistes dont Jean Tirole, prix Nobel d’économie, et Olivier Blanchard, ancien chef économiste du FMI, pour qu’ils lui fassent des propositions de réforme. Le rapport a été rendu mercredi 23 juin. L'une des propositions est de revoir le système des successions.
Jean Tirole, prix Nobel d’économie, et Olivier Blanchard, ancien chef économiste du FMI proposent de taxer l’héritier et non pas le donateur. Soit un vrai changement de logiciel. Car même s’il existe des dons défiscalisés, aujourd’hui, vous payez quand vous transmettez un patrimoine à vos enfants ou petits-enfants. Les économistes préconisent une taxation tout au long de la vie de celui qui hérite : par exemple, si à 25 ans, vos parents vous donnent de l’argent, vous payez un impôt. Quelques années plus tard, si vous héritez d’un appartement d’une grand-mère, vous payez, etc.
Cet impôt serait calculé sur l’ensemble des biens hérités au cours de votre vie et surtout, il ne s’enclencherait qu’à partir d’un certain niveau, c’est-à-dire pour des sommes importantes. Les économistes ne précisent pas le seuil mais avec leur système, ils espèrent favoriser les transmissions, la circulation des richesses entre les générations et réduire les inégalités.
Les auteurs du rapport ciblent aussi l’assurance-vie
En matière de succession, l'assurance-vie bénéficie d’importantes exonérations fiscales. Aujourd’hui, si vous transmettez de l'assurance-vie à vos descendants vous paierez beaucoup moins de droits de succession que si vous leur donnez un patrimoine immobilier, par exemple. Une particularité qu’il faut stopper selon les économistes, car elle profite aux plus riches et aux mieux informés. Politiquement, ce n’est pas simple : l’assurance-vie reste un des placements préférés des Français.
Toucher aux droits de succession est de toutes façons impopulaire. Jean Tirole et Olivier Blanchard en ont conscience : c’est pourquoi ils insistent sur la redistribution. L’argent recueilli irait à l’éducation des enfants et pourrait permettre de distribuer par exemple un capital de départ aux jeunes les plus défavorisés sous forme de bons pour se former ou de chèques formation. Pour ces économistes, même si c’est impopulaire, il y a urgence à revoir les successions pour limiter les inégalités de destin et éviter une société d’héritiers.
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