L'inflation, une bonne nouvelle pour l'État ?
On parle beaucoup de l’inflation qui réduit le pouvoir d’achat des Français. Mais rarement de ce que ça rapporte à l’État. Or, c’est plutôt une bonne affaire. Le décryptage de Fanny Guinochet.
Cette semaine, le gouvernement s'est félicité d’avoir un déficit meilleur que prévu, 4,9% plutôt que 5% estimé. Ce qui représente 4,5 milliards d'euros de plus dans les caisses de l’État. Il peut dire merci à la reprise, mais aussi à l’inflation qui fait rentrer de l’argent dans les caisses.
C’est mécanique : quand les salaires augmentent, le montant des cotisations prélevées par l’État augmente aussi. Pareil pour la TVA : sur des prix qui sont plus élevés, les recettes de TVA sont plus importantes. Ça fait aussi gonfler l’impôt sur les sociétés, celui sur le revenu et c’est ainsi que l’État encaisse plus d’argent que prévu.
60 milliards d’euros de plus
Avec une inflation qui n’a pas arrêté de progresser toute l’année – on est à plus de 6% en octobre – ce sont au moins 60 milliards d’euros de plus qu’estimés qui sont déjà entrés dans les caisses cette année. Une sorte de super cagnotte surprise et encore 2022 n’est pas terminée. L’État est donc un heureux gagnant à première vue, au moins dans un premier temps. Car il ne faut pas oublier que l’inflation augmente aussi mécaniquement une partie de ses dépenses. Certaines prestations fiscales sont indexées sur la hausse des prix : retraite, allocations familiales, allocations logement, etc. De fait chaque point d'inflation augmente automatiquement les dépenses sociales qu’il verse.
L'inflation risque de continuer l'an prochain
L'État redistribue cet argent sous forme d’aides pour soutenir les ménages à faire face à cette inflation, justement. Chèques, remises à la pompe, bouclier tarifaires sur l’energie, au total, Bercy a déboursé plus d’une centaine de milliards d’euros ces dernières années. Sans compter le soutien aux entreprises, lui aussi très coûteux. Prenez, l’aide annoncée la semaine dernière, le gouvernement va débourser 12 milliards d’euros pour aider les entreprises à payer une partie de la facture d’énergie des sociétés.
La situation promet de se compliquer l’an prochain car l’inflation devrait se poursuivre, la consommation des ménages risque, elle, de baisser, l’emploi de ralentir, l’activité de freiner. Les recettes fiscales vont donc diminuer. Quand les dépenses liées à l’inflation, en revanche, vont se maintenir. À plus long terme, l’État risque donc d’être largement perdant.
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