La Chine a-t-elle perdu le contrôle de son économie ?
C’est la question qui inquiète tant les milieux d’affaires internationaux en cette rentrée 2016. Les dirigeants chinois s’étaient distingués depuis bientôt près de 40 ans par une habileté fascinante, conduisant à chaud une expérimentation inédite, inventant un régime baroque, communiste au sens strict au plan politique, et libéral, ou plutôt hyper libéral au plan économique. Depuis l’accession au pouvoir de Deng Xiaoping en 1978, ce dirigeant éclairé avait mis en œuvre un gigantesque programme de modernisation du pays et de son économie en recourant aux recettes d’un capitalisme débridé, qui a propulsé cet immense pays dans un cycle de développement spectaculaire. Une croissance au delà de 10%, pendant plusieurs décennies, a sorti de la pauvreté extrême plusieurs centaines de millions de chinois, a fait émergé une gigantesque classe moyenne ainsi qu’une élite économique sans complexe vis à vis de ses rivales occidentales.
C’est cette histoire là qui est en train de s’achever ?
C’est tout à fait possible, Fabienne. Le premier événement économique de l’année 2016, vient confirmer une tendance née l’an passé, la croissance chinoise ralentie dangereusement, elle n’est plus à 11% comme pendant tant d’années, ni même juste en deça de 7% comme en 2015, mais sans doute est-elle tombée autour de 2%, selon des économistes tout à fait sérieux. C’est d’ailleurs un mauvais indice, celui de la production manufacturière, en déclin depuis 7 mois consécutifs, qui a semé la panique des investisseurs hier. Ces mêmes économistes nous disent que la consommation d’électricité et de pétrole sont en croissance zéro, que le fret ferroviaire est en chute de 15% en un an, et tandis que les ventes de voitures reculent de 10%. Autant de signes que les autorités ont perdu la main et que l’économie chinoise est en phase d’atterrissage plutôt chaotique, bref qu’un cycle se ferme. Quand on se souvient qu’il n’y a pas si longtemps, des responsables chinois affirmaient qu’il leur fallait une croissance à deux chiffres, c’est à dire au dessus de 10% pour éviter des troubles sociaux majeurs, on se dit que la Chine entre dans l’inconnu.
Mais de quoi souffre l’économie chinoise ?
Et bien d’un problème d’offre, disent désormais officiellement les économistes chinois, et c’est toujours aussi étonnant d’entendre de la voix d’officiels communistes, des raisonnements tirés tout droit de la théorie capitaliste la plus libérale, celle qui s’intéresse à l’offre et selon laquelle il faut réduire les impôts, et libérer le potentiel des entreprises en supprimant les normes et les règlements qui l’entravent. Voilà les sujets dont on discute à Pékin. La Chine est en train de changer de modèle économique : elle ne veut plus être simplement l’atelier du monde, mais une économie davantage tirée par la consommation intérieure, grâce à la montée en gamme des produits chinois. Seulement ce grand basculement, ne peut se faire en jour, ni sans soubresauts, c’est tout le dilemme auquel sont confrontés les dirigeants communistes chinois.
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