Le décryptage éco. Appel turc au boycott de produits français : quelles conséquences pour nos entreprises ?
Le président turc Erdogan appelle au boycott des produits français. Quelles conséquences pour nos entreprises ? Le décryptage de Fanny Guinochet.
Pour l’instant, difficile de chiffrer précisément l'impact de ces appels au boycott. Rappelons que la Turquie est le 15e client de la France. En 2019, selon les chiffres des douanes, les exportations françaises vers la Turquie ont représenté près de six milliards d'euros alors que l’on importe plus de 8,5 milliards d'euros de produits turcs. On exporte moins que l'on importe.
La France vend surtout de l'aéronautique, des avions, des pièces pour l'aérien à la Turquie, et ces ventes devaient baisser cette année à cause des difficultés du secteur. On exporte aussi des produits sidérurgiques, chimiques, des accessoires pour véhicules automobiles, des machines-outils, soit beaucoup de produits non finis qui ne sont pas les plus faciles à boycotter pour les consommateurs turcs.
Reste les produits alimentaires estampillés "français", dans les supermarchés : les yaourts Danone, les fromages de La vache qui rit, les shampoings l’Oréal. Ce sont ces marques qui ont le plus à perdre mais à condition que le boycott perdure.
De nombreuses entreprises françaises implantées en Turquie
Saint-Gobain y a une dizaine d’usines, Air liquide plusieurs sites, de même que Sanofi, Danone, Valéo ou encore Renault. Au total, il y a près de 500 entreprises françaises en Turquie, souvent associées à un partenaire turc.
Elles emploient au total près de 150 000 personnes, et c’est là tout l’enjeu : car si demain la France réduit sa présence, ce sont les salariés turcs qui perdraient leurs emplois à un moment où la situation économique est loin d’être florissante.
Un boycott qui aura aussi des conséquences sur l’Europe
C’est le plus grand risque pour la Turquie : 75 % des investissements étrangers sur son territoire sont européens, l’Union est son premier partenaire commercial. La France est soutenue par l’Italie, l’Allemagne et c’est ce marché de 500 millions de consommateurs que la Turquie risque de voir se refermer. Et ce, alors même que depuis la pandémie, les milieux économiques turcs vantent les atouts de leur pays. La Turquie doit être la nouvelle Chine, elle peut produire aussi bien que l’Asie, et même mieux, en étant plus près de nous. Ce boycott ruinerait ces arguments : la Turquie apparaîtrait comme un partenaire ni fiable, ni stable.
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