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Le décryptage éco. Attentat : la résilience des pays frappés

La liste d’actes terroristes s’allonge au Royaume-Uni, avec l'attentat de Manchester lundi. Les répercussions économiques sont à craindre.

Article rédigé par franceinfo, Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Attentat terroriste à la Manchester Arena (Grande-Bretagne), le 22 mai 2017. (MAXPPP)

L’attentat de Manchester peut-il avoir un impact sur l’économie britannique ? Bien sûr, on pense d'abord aux victimes et à leurs familles. Mais le dramatique épisode,  lundi 22 mai, s’ajoute à une liste d’actes terroristes qui s’allonge au Royaume-Uni, dans l’ambiance déjà très tendue des perspectives du Brexit.

Les négociations s'ouvriront probablement dans les deux mois entre Londres et ses partenaires européens. Lundi 22 mai, justement, l’équipe du négociateur de l’Europe, Michel Barnier, a été officiellement investie et Londres souhaite commencer à négocier un accord de libre-échange le plus rapidement possible. Vu l’actualité, on peut imaginer une certaine mansuétude de la part de grandes capitales européennes à l’égard des britanniques, mais guère plus. La pression des négociations réapparaîtra très vite.

Situation de l’économie britannique

Malgré les craintes qu'exprimaient certains observateurs dès l’annonce du référendum favorable au Brexit, l’économie du Royaume-Uni montre des indicateurs solides, au point de déjouer tous les pronostics. Elle devrait connaître cette année une croissance de 2%, de quoi rendre jaloux des pays comme la France et d’autres en Europe. Pas de récession, même si la première ministre Theresa May n’exclue pas d’ici à 2018 une baisse des investissements et de la consommation intérieure.

Autre indicateur positif, le taux de chômage est à ses plus bas historiques (4,8 % de la population active), bien loin de la moyenne de 10 % qui sévit ailleurs en Europe. Son déficit public est limité à 2,6 % du PIB, nettement en dessous des 3 % requis. La France en rêve.

Mais deux points noirs subsistent et pas des moindres. La baisse persistante de la livre sterling. Si elle facilite les exportations du Royaume-Uni, elle renchérit les importations de biens consommés dans le pays. Effet collatéral : l’inflation. Londres doit faire face aujourd’hui à une hausse des prix de 2,7 %, ce qui est relativement élevé en Europe et la tendance à la hausse est durable.

Peut-on réellement mesurer les conséquences du terrorisme sur l'économie des Etats qui en sont victimes ?

Si impact il y a, il est généralement plus politique qu’économique. N'en déplaise aux terroristes qui cherchent à déstabiliser les Nations occidentales par ce biais. Différentes recherches menées depuis les années 70 et portant sur quelque 200 pays montrent que les pays développées, qui ont des économies plus diversifiées, résistent mieux, sont moins sensibles. Leur PIB (la richesse qu’ils produisent) ne bouge pratiquement pas, voire pas du tout. Quelques relevés se limitaient à un impact de 0,05 %, autant parler d’épiphénomène. Ce qui est loin d’être le cas sur les pays en développement qui ont des économies beaucoup plus fragiles.

Généralement, une fois passés la sidération de la population et un moment de repli (moindre fréquentation des grands magasins, par exemple), ces périodes difficiles entraînent un mouvement de réaction positive et renforcent la capacité de résilience des pays touchés. Après deux ou trois mois d’atonie, la consommation repart de plus belle, un peu comme un contre choc positif. Le vrai impact économique des attentats – encore une fois, outre les vies humaines qui n'ont pas de prix – c’est, à long terme, l’envolée du tarif des assurances. Nous sommes entrés dans un monde de plus en plus complexe dans lequel la gestion de l'insécurité est devenue malheureusement un des facteurs clef.

 

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